dimanche 17 janvier 2016

Le hasard est étrange, il provoque les choses… Même chez les libraires !

Mario Uzielli en 1917
Le hasard est étrange, il provoque les choses… Les libraires d’ouvrages anciens pourraient vous raconter mille anecdotes où c’est le hasard qui leur a permis de présenter, sur catalogue ou sur rayonnage, leurs plus beaux exemplaires.

Autrefois, le réseau des clients de la librairie et les bouquinistes du quartier suffisaient  à trouver la marchandise de qualité, les perles rares, qui allaient attirer les acheteurs exigeants. Ainsi se faisait la réputation du professionnel dont on disait alors qu’il avait pignon sur rue…

Aujourd’hui, le réseau internet tisse sa toile bien plus loin que le bout de cette rue, de ce quartier et des frontières même de l’hexagone. Un libraire d’ouvrage ancien se doit donc de suivre les principales ventes proposées par les commissaires-priseurs, en France et à l’étranger, s’il veut acquérir des ouvrages un tant soit peu remarquables et susceptibles, à la vente, de faire vivre sa boutique.

Demain, l’acheteur se fournira directement auprès des salles de vente, éliminant par là même un intermédiaire (le libraire d’ouvrages anciens) à l’utilité contestée… Nous verrons bien ! Et je ne le verrai peut-être pas… Soit dit en passant, la marge prise par le libraire en aval de son achat sera alors vraisemblablement prise par quelqu’un d’autre, la nature ayant horreur du vide !

Hier, pourtant, une dame est entrée dans ma boutique par hasard… Elle allait acheter un livre chez mon confrère d’ouvrages modernes et a découvert la boutique en passant devant ma vitrine. Comme c’était éclairé, elle est entrée !  Il me semble que j’étais à mon clavier, absorbé par l’article quotidien à présenter sur le blogue :

- Silence poli pendant que ma visiteuse regarde mes rayonnages. Je résume car, étant de nature bavarde, les causeries avec mes clients sont parfois lénifiantes !
- Lui : Je vous laisse flâner. Si vous avez besoin d’un renseignement, n’hésitez pas à me le demander 
- Elle : Bien volontiers ! J’ai hérité de mon grand-père bibliophile…
- Lui (pensant très fort) : Bibliophile ? Vous avez dit bibliophile ?
- Elle : … une partie des livres de sa bibliothèque que ma mère vient de nous laisser après son décès. Il était antiquaire et libraire d’ouvrages anciens à Francfort avant la guerre et s’est réfugié en Suisse dès 1936 en raison de ses origines.
- Lui (envisageant sans amertume la modestie de ses liquidités) : Avez-vous contacté une salle de ventes ? Si ce sont des ouvrages remarquables, le commissaire-priseur sera surement intéressé.
- Elle : Je les verrais bien ici, ces livres… C’est accueillant, bien présenté et je ne suis pas pressée. Mon grand-père aurait été content qu’ils soient là !

Le hasard est étrange, il provoque les choses… Dans les jours qui viennent, je vous présenterai cet homme au destin peu commun, ami des plus grands artistes et peintres de l’époque, et vous parlerai de ce grand-père bibliophile qui s’appelait Mario Uzielli. Pierre

2 commentaires:

gerard campagna a dit…

Une bien belle histoire

Pierre a dit…

...qui vous fera découvrir l'histoire à la fois belle et tragique de ce bibliophile ! Pierre