lundi 30 novembre 2015

Faire un catalogue papier : Est-ce bien raisonnable ?


Une question m'a taraudé cette semaine : Faire un catalogue papier : Est-ce bien raisonnable ? Mes petits catalogues virtuels sont faciles à réaliser, ne demandent qu'un investissement en temps et je peux compter sur la fréquentation physique de ma boutique et sur celle, virtuelle, de mon blogue pour vivre. Alors ? Et bien, quand vous recevez un recueil particulièrement bien présenté imprimé pour un confrère – il s'agissait, cette fois-ci, de celui de la librairie des Carrés – une légitime envie de faire aussi bien vous traverse l'esprit : pour ma clientèle, bien évidemment mais, peut-être aussi, pour me flatter moi-même ! Cogito, ego sum


J'ai cherché à acquérir un logiciel de publication assistée par ordinateur (P.A.O) : les plus performants sont onéreux et nécessitent une prise en main par un professionnel : les logiciels gratuits qui n'obligent pas à les rentabiliser sont-ils fiables ? : les modèles Word sont-ils suffisants pour envisager une impression papier ?  Voici cependant la démarche à suivre, quelle que soit l'application choisie, selon wiki...


Recueillez les informations concernant le contenu de votre catalogue. Avant de commencer, ayez en main tous les éléments dont vous aurez besoin : des photos, la liste des ouvrages que vous aurez choisis, leurs notices ainsi que des informations sur votre librairie - toutes informations qui pourraient convaincre vos clients d'acheter vos livres. !


Peaufinez vos clichés : ces images seront la première chose que verront vos clients dans votre catalogue. Elles représentent donc un des éléments les plus importants du catalogue. Une photo attrayante donnera envie au client de lire la description du produit et espérons-le, de l'acheter : photographiez chaque produit individuellement (pas en groupe) sur un fond clair et ajoutez une ombre pour que les produits semblent sortir de la page .


Vérifiez vos notices : avant de rédiger les fiches de vos livres, vous devez choisir un panel de livres suffisamment rares et luxueux pour intéresser le lecteur. Vous devez aussi leur attribuer des numéros d'article et des prix. Ne noyez pas votre lecteur dans une liste exhaustive. Classez vous ouvrages par thème ou dans un ordre qui soit logique. Ne présentez que les informations nécessaires pour vendre. Vous pouvez toujours attirer l'attention de vos clients sur votre blogue internet s'ils désirent en savoir plus.


Choisissez une taille adaptée. Une fois fermé, votre catalogue devrait avoir une taille pratique : le format 23,5/16cm a, pour, l'instant ma préférence. Votre catalogue devra être assez grand pour que vos clients âgés puissent facilement lire les notices sans qu'il se révèle encombrant.


Choisissez le bon nombre de pages. Votre catalogue doit être suffisamment long pour donner à vos clients toutes les informations dont ils ont besoin et suffisamment court pour entretenir leur intérêt… Ne les noyez pas dans des détails superflus. N'oubliez pas la table des matières, les produits phares qui apparaîtront sur une page entière et d'autres pages d'informations secondaires comme la présentation d votre boutique. Le nombre de pages doit être un multiple de 4 car il semblerait que les imprimeurs impriment 4 pages sur une seule feuille de papier (2 à l'avant et 2 à l'arrière).


Utilisez la même typographie et les mêmes symboles dans tout le catalogue pour ne pas distraire le client. Par contre, chaque thème peut être facilement repérable grâce à un code de couleurs placé en haut, en bas ou bien sur le côté des pages.


Créez une couverture impressionnante. La couverture sera la première chose que verront vos clients potentiels et elle est donc un élément clé du succès de votre catalogue. Si celle-ci n'attire pas le regard, le catalogue pourrait très bien terminer dans la poubelle avant même d'avoir été ouvert.


Réalisez un bon de commande. Bien que cette étape puisse sembler fastidieuse, souvenez-vous qu'un client pourrait renoncer à acheter un de vos ouvrages parce qu'il ne comprend pas le bon de commande ! Facilitez la tâche à vos clients en leur fournissant un bon de commande pré-imprimé avec votre adresse postale. Mentionnez également si les commandes peuvent être passées par virement ou internet.


Voilà, je crois avoir listé ce qu'il convenait de faire… Et puis, je réalise que le plus important, dans un catalogue, est avant tout de proposer des ouvrages de qualité ! Damned ! cherchons dans mes tiroirs... J'ai donc, à cet effet, intercalé, dans ce billet, quelques ouvrages remarquables qui pourraient plaire à mes clients  bibliophiles. What else ? Pierre

samedi 28 novembre 2015

Déco de Noël 2015. Plutôt rouge cerise...


Il n'est pas besoin de connaître personnellement Dieu pour savoir qu'il ne voit pas d'un bon œil ces soi-disant Pères-Noël "Coca-Cola" qui ont supplanté le Petit-Jésus ! Il les trouve ridicules et très païens. Mais comme ils roulent quand même pour la même entreprise, beaucoup de sympathisants les athées ont la chance de ne pas s'enquiquiner pas avec ce genre de scrupule - décorent leurs boutiques sur le thème du Père-Noël.


Cette année, j'ai décidé de mettre le paquet sur la couleur rouge ! Cela tombe bien, les premiers Pères-Noël tiraient sur le vert... Pierre

 


La grande et belle Bible des Noëls anciens…


De toutes les solennités de l'année, de toutes les fêtes de famille, La Noël fait partie, depuis 1500 ans, des fêtes les plus observées et aux rites qui ont le moins changé. En Provence, c'était autour du cachafioc  - tronc d'arbre fruitier - que l'on se réunissait dans une maison transformée et animée de mille feux à l'approche de la naissance du petit Jésus. Le tronc d'arbre gisant devant l'âtre, dépourvu de ses rameaux, on y accrochait déjà de modestes joujoux qu'on cachait également parfois dans les souliers. Plus au nord, c'était un tronc d'arbre de résineux - la fameuse « bûche de Noël » - qu'on baptisait avant de le mettre au feu… Vers minuit, toute la famille réunie partait en cortège vers l'église qui résonnait, sous ses voûtes, de chants sacrés et on allait se prosterner devant la crèche où figuraient les personnages traditionnels.


A quelques variantes près liées aux contraintes de la vie moderne et à la défiance envers la religion catholique, toutes les familles célèbrent, encore aujourd'hui, de la même façon cette joyeuse fête. Pour combien de temps encore ? Je ne sais. On peut simplement remarquer qu'un amalgame est entrain de se faire avec la fin de l'année grégorienne. On envoie maintenant ses meilleurs vœux de Noël !


Les fêtes de Noël commencent cette année à Tarascon avec la très renommée fête des santons qui se déroule ce week-end au centre de la cité. Je tiens donc boutique pour les flâneurs et les curieux… Dans beaucoup de familles provençales, on achète chaque année un nouveau personnage chez l'artisan que l'on a choisi au démarrage de sa propre crèche ou de celle d'un de ses enfants - ou petits enfants.  Cette tradition est très ancrée en Italie, vous le savez, où les "santons napolitains " – Leurs aspects un peu maniérés les classent plutôt dans les sculptures  -  sont très renommés. Les crèches mexicaines ne le sont pas moins : c'est pourquoi j'ai ramené deux "nativités" de Metepec, cité connue pour son artisanat.


Charité bien ordonnée commençant par soi-même, je pense cependant que le meilleur cadeau au pied du sapin, c'est encore un livre, ami fidèle et complaisant, qui sait se plier à toutes les nécessités de l'âge. Les livres sourient avec l'enfance et lui donnent, dans son naïf langage, d'aimables et morales leçons. A une intelligence plus avancée, ils offrent à l'aide de l'illustration ou de la photographie, les merveilles de la science, les vastes tableaux de l'histoire, les œuvres sérieuses ou gaies de l'imagination… Pour illustrer le propos et pour vous permettre de bien préparer ces fêtes de Noël, voici une Bible des Noël anciens fort utile pour chanter au pied du sapin ! Pierre 




POULAILLE (Henry). La grande et belle Bible des Noëls anciens XVIIeme et XVIIIeme siècle. Paris, Albin Michel, sd (1949). Un fort volume petit in 4. Broché à couverture cartonnée illustrée. 628 pages. 40 € + port

vendredi 27 novembre 2015

Relation des voyages de Byron, Wallis, Carteret et Cook. Première traduction française de 1774.


Les premières entreprises maritimes européennes vers le nouveau monde étaient essentiellement commerciales.  Le voyage de Anson que j'ai présenté sur le blogue il y a quelques temps était, avouons-le,  plus une expédition de flibustiers qu'une étude géographique proprement dite. Un laps de temps de plus de quarante années s'écoulera avant que le goût des découvertes maritimes se ranime en Europe. L'objet en devient alors plus précis : Les connaissances nautiques seront perfectionnées et la configuration astronomique du globe sera mieux étudiée – c'est du moins l'alibi qui sera donné par chaque pays.


Quatre navigateurs anglais ouvriront cette nouvelle carrière de gloire scientifique, à savoir Byron Wallis, Carteret, et Cook dont je propose aujourd'hui les relations de voyages traduites en français dans leur version originale. Suivons les donc dans leurs explorations !



Le commodore Byron tracera le premier la configuration exacte du détroit de Magellan et en dressera une carte détaillée. Il découvre ensuite, dans la mer du Sud, plusieurs îles qu'il nomme iles du Désappointement parce qu'il ne peut y aborder. Continuant à voguer à l'ouest-nord-ouest, il trouve deux petites qu'il nomme Duc d'York et  Byron…   


De retour en Angleterre, ce seront  les capitaines Wallis et Carteret qui partiront vers les mêmes horizons. Dans leur navigation séparée, le premier de ces marins aperçoit et nomme successivement, l'île de la Reine Charlotte et l'île de la Pentecôte. Enfin, le 19 juin 1767, il découvre la fameuse île de Tahiti à laquelle il impose le nom de Georges III. Pendant ce temps, son compagnon Carteret découvre, de son côté, une île qu'il appelle Pitcairn, les îles de Gloucester et reconnaît les îles de la Reine Charlotte qui ne sont autres que l'archipel de Santa Cruz. Il fait une reconnaissance exacte du détroit qui sépare la Nouvelle Irlande de la Nouvelle Bretagne et le nomme canal Saint Georges. En revenant en Europe, il découvrira l'île de Sainte Hélène – C'était bien la peine dira Napoléon !


Encouragées par le roi d'Angleterre George III, avec des objectifs à la fois géographiques et commerciaux, ces expéditions furent accompagnées de savants et d'artistes chargés de la description des lieux et d'observations anthropologiques et naturalistes. D'innombrables découvertes en résultèrent : exploration du détroit de Magellan, première traversée du cercle antarctique, reconnaissance de la côte australienne et de la Nouvelle Zélande, de l'archipel de Tahiti, découverte de l'Ile de Pâques, des Marquises, des Nouvelles Hébrides et de la Nouvelle Calédonie… Lors de son troisième voyage, Le Capitaine James Cook (et non Jacques !) découvrira les îles Sandwich, explorera la côte occidentale de l'Amérique du Nord et pénétrera par le détroit de Behring dans l'Océan Glacial… Il fut malheureusement tué par des indigènes au village de Korowa, aux îles Hawaii en février 1779.


Avec l'exemplaire présenté aujourd'hui, vous découvrirez ainsi les récits des fameux voyages de Cook, rédigés d’après les journaux tenus par les différents commandeurs et les papiers de Joseph Banks par John Hawkesworth et traduite de l'anglais sous la direction de Jean-Baptiste-Antoine Suard - Dans l'empressement à contenter les lecteurs, plusieurs traducteurs furent requis. Sur un plan bibliographique, l’édition originale française est parue en format in-4 chez Saillant/Nyon et chez Panckoucke en 1774. Cette édition fut doublée à la même date, chez les mêmes imprimeurs, d’une édition in-8 (8 tomes, généralement proposés en 4 volumes) à laquelle s’ajoute un Atlas in-4. C'est cette dernière édition que je propose à la vente, sans l'Atlas... Pierre


Le tome I relate le voyage du Commodore Byron.
Le tome II relate le voyage du Capitaine Philippe Carteret.
Le tome III relate le voyage du Commandant Samuel Wallis.
Le tome IV le voyage du Cdt Jacques (sic) Cook années 1768 à 1771.
Le tome V le voyage du Cdt Jacques (sic) Cook de1769 à 1771.
Le tome VI le voyage du Cdt Jacques (sic) Cook de 1769 à 1771.
Le tome VII le voyage du Cdt Jacques (sic) Cook de 1769 à 1771.
Le tome VIII le voyage du Cdt Jacques (sic) Cook de1769 à 1771.


BANKS. BYRON. CARTERET. COOK. Relation des voyages entrepris par ordre de sa majesté britannique, et successivement exécutés par le commodore Byron, le capitaine Carteret, le capitaine Wallis et le capitaine Cook, dans les vaisseaux le Dauphin, le Swallow et l'Endeavour. Traduite de l'anglois. AParis chez Saillant et Nyon, Panckoucke, 1774. 8 tomes en 4 forts volumes in-8 (20/13,5cm). Reliure plein veau marbré, dos à nerfs, caissons fleuronnés, filet sur les coupes, pièces de titre et de tomaison en maroquin, gardes colorées, tranches rouges. Paginations séparées. 327pp. 347pp. 447pp. 462pp. 374pp. 312pp. 336pp. 336pp. Usures aux coiffes. Grande fraicheur intérieure et extérieure. Bel ensemble. 680 € + port

jeudi 26 novembre 2015

Rosalinde sur l'eau. Seules les personnes de haute vertu aiment les œuvres de Suares…


André Suares, celui qu'on surnommait "le condottière des lettres", est aujourd'hui oublié des lecteurs - la faute aux critiques qui ont souvent persisté à ignorer son œuvre. Il ne s'agit pas aujourd'hui de la venger : il l'eût dédaigné ; pas d'avantage de la défendre : il n'en a pas besoin ! Je l'ai déjà présenté sur ce blogue (on peut cliquer) en raison de son exceptionnelle coopération avec l'Artisan du livre qu'était Louis Jou.


Né à Marseille en 1868, homme de lettres avant tout, il publia sous le nom d'André Suares, une centaine de volumes qui relèvent de genres divers, notamment l'essai et la poésie. Il utilisa volontiers, dans ses collaborations aux revues, les pseudonymes de Caërdal, qui signifie en celtique  "amoureux de soi", et de Scantrel, qui était le nom d'un de ses ancêtres de Bretagne. Dédaigneux de la popularité et des honneurs, il vécut dans une solitude noble et hautaine. Mort en 1948, il laissa de nombreux inédits qui méritent la bienveillante attention des bibliophiles.


Voici ce qu'il écrivait en préface d'un de ses ouvrages : " On n'a presque jamais le courage d'être vrai avec soi même. L'esprit qu'on veut avoir dupe l'esprit qu'on a. Pour plaire on se range à l'avis de tout le monde ; et pour être original, on étouffe l'atome d'originalité qu'on aurait eu peut-être si on avait laissé parler le libre sentiment. On pense enfin comme si l'on avait à répondre de ses pensées à la barre d'un tribunal où ne siègent que des ennemis, les uns moqueurs, les autres injurieux, tous injustes. La plupart des hommes n'ont jamais la moindre idée qui leur soit propre. L'empire de la mode s'exerce avec plus de rigueur et plus de tyrannie jalouse sur l'intelligence que sur les oripeaux…".


Cette source de mépris était une force parce qu'elle était indépendance d'esprit ! Cependant, ceux qui se sont refusés à une si brutale liberté de jugement ont réduit la pensée de Suares à ce grossier schéma : " Lyrique et orgueilleux, il s'enfermait de plus en plus dans son moi intime et tentait de se libérer de ces complexes raciaux qui sont "habituels aux israélites" (dixit Arsène Chassang) et qui étaient aggravés chez lui par un naturel ombrageux ".


Cette conquête du monde par le verbe est par excellence une attitude de poète. Je vous propose, pour illustrer ce propos du jour, une œuvre poétique de l'auteur : Rosalinde sur l'eau. Cet hymne à l'amour - et particulièrement à l'amour de la nature – est une ode enfantée dans la douleur comme beaucoup de textes de Suares. Vous serez peut-être emportés par la ravissante mélodie de ses anges tristes ? Normal ! Seules les personnes de haute vertu aiment les œuvres de Suares… Pierre


SUARES André. BELTRAND Jacques. Rosalinde sur l'eau. Illustrations de Jacques Beltrand. Paris. Beaux Livres-Grands Amis. 1960. Un volume in folio(278 x 341mm) en feuilles, couverture, chemise et emboîtage, contient les allocutions prononcées à l'Assemblée Générale des Beaux Livres-Grands Amis le 13 novembre 1960 à Paris. Texte inédit. Tirage à 230 exemplaires, impression par l'Imprimerie Nationale, les belles compositions de Jacques Beltrand ont été imprimées sur ses presses à bras par Henri Jacob. Exemplaire N°15, nominatif pour M. Robert Beltz. Le menu du diner de l'assemblée générale du jour. Très bel état. 280 € + port

mercredi 25 novembre 2015

Le monde de l'art n'est pas le monde du pardon... par René Char.


Il fut un grand résistant, il fut aussi un grand poète. Comme on le croyait un grand communiste, sa disparition fut l'occasion pour ces derniers de lui rendre hommage. René Char disparaissait en 1988. C'est la réaction de Georges Marchais (ceux de ma génération se souviennent encore de cet aimable secrétaire du PCF) que je présente ici :


" Avec René Char disparait un des plus grands poètes de notre temps. A l'époque du surréalisme, il fut le compagnon de révolte et d'espoir d'André Breton, de Paul Eluard et d'Aragon. Pendant l'occupation, capitaine de maquis, il fut un combattant de la résistance sans que jamais ce combat n'éclipse le poète qui avait affirmé : A chaque effondrement des preuves, le poète répond par une salve d'avenir.


Cet avenir étincelait dans la forte parole de René Char, dans son intransigeante condamnation de l'inhumanité et de l'horreur du nazisme. Sa poésie n'a, depuis, cessé de cristalliser l'espoir en un monde nouveau, sans guerre nucléaire, un monde de paix, de respect de la vie, un monde qui serait illuminé par la beauté qu'il a su si bien célébrer…". Juste ce qu'il y avait à dire ! Étonnant, non ?


En 1971, la Fondation Maeght organisait une exposition autour des Alliés substantiels de René Char, ces artistes contemporains avec lesquels il avait travaillé à l'enluminure de ses recueils, mais aussi des artistes plus anciens comme Georges de La Tour, Gustave Courbet, Jean-Baptiste Camille Corot, qui étaient autant de jalons dans son histoire. Le monde de l'art n'est pas le monde du pardon est le livre souvenir de cette exposition. On y trouve des poèmes de René Char extraits de différents recueils publiés jusqu'alors, illustrés par les artistes qui ont œuvré avec lui : Nicolas de Staël, Georges Braque,… ainsi qu'un tableau de Georges de la Tour, le prisonnier en vis à vie d'un texte du peintre, Justesse.


Pour moi, René Char, c'est aussi ce chemin de la vie qu'il m'avait indiqué : " Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront !  ". Pierre


CHAR René. Le monde de l'art n'est pas le monde du pardon. Paris, Maeght, 1974. 1 volume in-folio en feuilles dans son boîtier d'éditeur. 68 reproductions d'œuvres de Braque, Kandisky, Max Ernst, Matisse, Picasso, N. de Staël, Brauner, Fernandez, Miro, Giacometti… en noir et en couleur. Édition originale. Une brunissure sur la chemise extérieure. Parfait état. 340 € + port


Et aussi :

1) - CHAR René. Recueil de photographies et d'articles nécrologiques sur René Char. Un bulletin de souscription pour l'Eloge de l'insoupçonnée. Sous chemise transparente. 200 € + port
2) - CHAR Marie-Claude. René Char : Faire du chemin avec…  Grande chapelle, Palais des papes 1990. Vendu
3) - CHAR René. Drouot Richelieu, 20 juin 1990. 15 € + port
4) - FOURCADE, Dominique (direction). L'Herne. Textes de Georges Bataille, Maurice Blanchard, Maurice Blanchot, Albert Camus, Paul Eluard, Heidegger, Octavio Paz, Gaëtan Picon, Saint-John Perse, etc. L'HERNE. Cahier René Char. Editions l'Herne, Paris 1971. 35 € + port
5) - CHAR René. Lettera amorosa - Retour amont (version pré-originale. E. Engelberts, Genève, sd (1982). Broché, couverture imprimée bicolore, dos muet, étui-boîte pleine toile sable 14 x 10, titre au premier plat. Exemplaire n° 195. Sous ravissant coffret concocté par l'éditeur-galériste. Y figure le fac-similé (réduit) de la seconde version cette déclaration d'amour avec les images de Georges Braque (en noir), suive de Claudio Monteverdi : Lettera amorosa et de Vingt-quatre poèmes de Retour amont (version pré-originale) avec les illustrations de Giacometti. Une cassette de poèmes dits par l'auteur et enregistrée par Engelberts en 1965 à L'Isle-sur-Sorgue, logée en fond de coffret. Cet ensemble fut réalisé pour l'inauguration de la Bibliothèque René Char. 320 € + port
6) - CHAR René. Poèmes dits par l'auteur. 35 € + port

mardi 24 novembre 2015

L'Année Terrible : Paris, chez Michel Lévy frères, première édition illustrée de 1873 peu référencée.


On nous annonce la guerre,  le chaos, et moi, je pense ce matin à une autre époque aussi troublée. C'était il y a un siècle et demi et c'était déjà une guerre qui n'avait pas de nom… On l'appelait "La commune" : L'homme, quand il est plein de haine, n'a jamais raison - L'homme quand il est endoctriné n'a plus sa raison - L'homme, quand il s''attaque à la culture d'un pays, à sa culture en général, n'a jamais raison - Hier, le but était de faire bruler une bibliothèque ; aujourd'hui, on prend pour cible le sport ou le spectacle !


Tu viens d'incendier la bibliothèque ?
Oui. J'ai mis le feu, là.

Mais c'est un crime inouï !
Crime commis par toi contre toi-même, infâme !
Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme !
C'est ton propre flambeau que tu viens de souffler !
Ce que ta rage impie et folle ose brûler,
C'est ton bien, ton trésor, ta dot, ton héritage
Le livre, hostile au maître, est à ton avantage.
Le livre a toujours pris fait et cause pour toi.
Une bibliothèque est un acte de foi […]
Tu jettes, misérable, une torche enflammée !
De tout l'esprit humain tu fais de la fumée !
As-tu donc oublié que ton libérateur,
C'est le livre ? Le livre est là sur la hauteur ;
Il luit ; parce qu'il brille et qu'il les illumine,
Il détruit l'échafaud, la guerre, la famine […]
Il est ton médecin, ton guide, ton gardien.
Ta haine, il la guérit ; ta démence, il te l'ôte.
Voilà ce que tu perds, hélas, et par ta faute !
Le livre est ta richesse à toi ! C'est le savoir,
Le droit, la vérité, la vertu, le devoir,
Le progrès, la raison dissipant tout délire.
Et tu détruis cela, toi !

Je ne sais pas lire !


Lorsqu’il écrit son poème, L’Année terrible (août 1870 à juillet 1871) en 1871, Victor Hugo n’est plus exactement l’écrivain romantique qu’il fut par le passé. Certes, il revendique toujours le droit à l’expression libre de ses sentiments mais ces derniers semblent cernés par la raison. En effet, l’incendie de la bibliothèque de l’Arsenal par un jeune analphabète lors de la Commune de Paris montre que le poète est dépassé par le déferlement d’une violence anarchique. La diatribe qui s’ensuit contre les brûleurs de livres semble révéler, de toute évidence, à la fois un combat perdu d’avance mais aussi et surtout une passion intacte de la part de l’auteur. Voici un hommage vibrant au livre malgré l’incompréhension finale !


Je vous propose de découvrir aujourd'hui un exemplaire peu fréquent à la vente – et dans tous les cas, absent des rayonnages de mes confrères : une édition de 1873 illustrée par Léopold Flameng avec un frontispice original de Victor Hugo. On connait bien les éditions de 1874 ; on sait que l'édition originale de L'Année Terrible est de 1872, mais cette publication datée de 1873 m'était inconnue. L'exemplaire est frais bien que marqué de rousseurs, les marges sont grandes mais celles du libraire restent raisonnables… Pierre


HUGO (Victor). L'Année Terrible. Paris, chez Michel Lévy frères, 1873. Un volume grand in-8 (16cm/24cm). Reliure demi-chagrin cerise, dos à nerfs, caissons fleuronnés, titre en lettres dorées, papier de garde coloré, tranches mouchetées. 1 portrait frontispice, illustrations hors textes de Léopold Flameng. La dernière gravure signée VH (Victor Hugo ?). [1f bl], [5ff titre, frontispice, avis], 427 pages, [1f bl]. Rousseurs. Bel état d'ensemble. 90 € + port