samedi 16 mai 2015

Ce à quoi s'attachent les libraires...


Que penseriez-vous, chers lecteurs, d'un capitaine de navire qui entreprendrait un long voyage sans boussole, sans instruments de bord, sans gouvernail ou sans ancre ? Ce serait impensable… Que penseriez-vous d'un homme à qui l'on présenterait toutes les richesses de la terre, assemblées, en ne lui demandant que l'effort de les prendre et qui s'y refuserait obstinément ? Ce serait encore plus impensable… Que penseriez-vous d'une personne qui a les yeux pour voir, les oreilles pour entendre, une bouche pour parler, un cerveau pour penser, des mains pour agir et qui se rendrait volontairement aveugle, sourd-muet, paralytique et imbécile ? Inimaginable !


Il y a cependant, de par le monde, une grande quantité de gens comme cela.  Le plus grand bien de la terre leur a été conféré : l'existence…  Et l'outil le mieux adapté pour en profiter : l'intelligence. Leur existence, ils la dilapident ; leur intelligence, ils la laissent s'atrophier !


Le génie humain nous a pourtant comblés de dons inestimables comme le progrès de notre civilisation nous a comblés de trésors insoupçonnés. Parmi eux, il en est un qui les réunit tous : le livre ! Voulez-vous que Philippe Gandillet s'explique ?


Le livre concrétise entièrement la pensée du monde. Il offre au cerveau de chacun le produit substantiel du cerveau de tous. Malheureusement un grand nombre de gens ne lisent pas ou ne lisent plus, beaucoup lisent mal ou encore s'adonnent à des lectures qui les frustrent plus qu'ils ne les comblent… Au seuil d'une existence lucrative, ils s'installent le plus commodément possible dans leur profession et à l'aide du seul bagage qu'ils possèdent en entrant dans la vie active, ils se mettent en marche sur le long chemin feutré de l'insuffisance…  Ils restent "eux", toute leur vie durant, dans la position intellectuelle où ils se sont posés en débutant. Il n'est pourtant pas de période de la vie où la lecture ne soit pas fructueuse…


C'est à quoi s'attachent les libraires : permettre à chaque personne de s'approprier le profit moral, intellectuel, et par conséquence matériel, de la lecture.  Il est cependant une catégorie de libraires qui méritent, plus que les autres, votre reconnaissance : ceux qui conservent, entretiennent et proposent des textes anciens qui sont le fondement de notre pensée moderne ; la pensée étant, alors, un peu comme une mine d'or où les pépites seraient cachées au plus profond du temps…


Ces richesses, il n'appartient qu'à vous de vous en rendre maître en choisissant, parmi les livres proposés dans ces boutiques ou sur des salons, ceux qui auront retenu votre attention.  N'ouvrez pas ces ouvrages si vous voulez vous maintenir dans l'état d'esprit d'un déshérité qui se confinerait dans l'ignorance ! Mais si vous voulez prendre à l'existence les meilleures ressources qu'elle peut vous fournir, si vous désirez sortir du rang ; vous élevez même ; alors feuilletez cet ouvrage et laissez-vous tenter par l'arbre de la connaissance…". Votre dévoué. Philippe Gandillet

8 commentaires:

Jean-Paul Fontaine, dit Le Bibliophile Rhemus a dit…

Billet du samedi, après celui du lundi ?
Démonstration courte, claire et intelligible ....mais nous sommes cernés, très cher libraire...

calamar a dit…

je suis d'accord ! mais revenons à l'essentiel : les livres illustrant ce billet sont tous très intéressants, sauf le premier, qui détonne dans cet ensemble alléchant. Comme je suis bon prince, j'accepte de me charger de ce fardeau qui vous encombre inutilement, pour un prix dérisoire bien sûr.

Pierre a dit…

Cher calamar,

J'ai pris pour illustrer ce petit billet de Philippe Gandillet, des clichés de quelques ouvrages qui dormaient dans mes tiroirs... Ce premier ouvrage qui semble chatouiller votre curiosité n'est malheureusement pas adossé à un texte - que des images ! Et comme les bibliophiles lisent leurs livres, il ne vous intéressera surement pas ;-))

J'avais choisi, à dessein, des ouvrages curieux : une lectrice a déjà remarqué une édition de la première femme imprimeur / imprimeuse / imprimatrice française : Charlotte Guillard...

Le voyage dans les Alpes devrait plaire également à un lecteur du blogue.

J'ai demandé à Philippe Gandillet ce petit coup de main (de plume), ce matin, car j'étais, cet après-midi, à un petit marché de livres régionalistes en extérieur pour la nuit des musées. Maintenant, je sais une chose : ne pas exposer de livres un jour de mistral si vous êtes sur un promontoire recouvert de sable fin, fut-il à l'ombre de la forteresse d'un château ! Pierre



Pierre a dit…

Jean-Paul,

Je ne crois pas que nous soyons plus cernés qu'avant par les cons, si c'est ce qualificatif auquel vous pensiez. Simplement, comme vous devenez myope avec l'âge, vous les voyez mieux de près que de loin !

Philippe Gandillet à l'avantage d'être si en retard sur son temps qu'il fait déjà partie des cons d'avant ;-)) Pierre

Textor a dit…

Oui, oui, le voyage dans les Alpes plait audit lecteur :) Mais l'impression de Charlotte Guillard aussi, bien qu'il semble lui manquer quelqyes pages. Ces ouvrages sont-il à vendre je ne vois pas le descriptif habituel ?
Textor

Pierre a dit…

Textor,

Ces ouvrages, mis à part le "Freïda" [car il s'agit bien d'un recueil personnel de dessins de ce remarquable illustrateur] seront présentés dans un avenir proche.

Il me faudra les étudier un peu : les feuilleter, pester contre une coiffe à restaurer, compter les gravures ; les admirer aussi, établir une notice exacte ; copier/coller parfois, vérifier la collation et déterminer une estimation juste, évaluer mon bénéfice avec une légitime satisfaction, tracer quelques plans sur la comète pour le dépenser intelligemment et enfin pondre un petit billet plus ou moins superficiel qui sera comme un écrin pour ces bijoux éditoriaux... Les libraires se reconnaitront sans peine dans cette plaisante démarche. ;-))

Pierre

Textor a dit…

Passionnant travail en perpective. Quel beau métier vous faites ! La restauration de la coiffe est un euphémisme de libraire, je pense, car il s'agit plutot du plat qu'il faudrait restaurer ! :)
Textor

Pierre a dit…

Je parlais du voyage dans les Alpes ;-))

Je ne sais encore s'il faudrait envisager de refaire un plat à l'identique pour le "Charlotte Guillard" ou laisser l’acquéreur faire à sa guise...

Une simple photocopie du deuxième plat fera t-il illusion auprès d'un bibliophile exigeant ? Oui mais à la seule condition qu'il soit aveugle et manchot, ce type de client ne courant pas les rues... Pierre