mardi 31 mars 2015

Traité de l'Hérédité des Fiefs de Provence par Jacques Peissonel. Coutume fait loi…


Au Moyen Âge, le fief était la récompense que le suzerain  accordait à son vassal, c'est-à-dire la personne qui acceptait de se mettre à son service. Un fief était le plus souvent un domaine terrien avec les droits seigneuriaux y étaient adossés.  L’acte de soumission, au sens littéral, était un Bienfait : Le Bénéficum, le Bénéfice, dont une part du sens est encore saisissable aujourd’hui. Dès le 11eme siècle, le terme de Beneficum est remplacé par celui de Feodum , qui désignait un bien en nature.


À l'origine le fief était accordé à titre viager (c'est-à-dire pendant la vie du bénéficiaire). Comme à chaque changement de suzerain ou de vassal il fallait refaire la cérémonie de l'hommage vassalique, le fief était remis en jeu. Pour garantir la transmission du fief à leurs descendants les vassaux ont obtenu l'hérédité de la possession, moyennant taxe…. L’héritier qui prenait la "relève" du fief s’acquittait alors d'un droit de relief, sujet de convoitises et de rivalités.


Cependant, le fief pouvait être retiré au vassal si celui-ci par ses actions rompait le lien de fidélité qui le liait à son suzerain ; c'est ce que l'on appelait la félonie. Dans ce cas, le suzerain pouvait reprendre son fief ; mais le plus souvent par la force…


Voici un traité fort rare de droit féodal en Provence. Nous savons de l'auteur, avocat en parlement, fut l'un des quatre arbitres à l'origine de la sentence qui mit fin au différend qui opposait la ville de Lorgues à l'Abbaye du Thoronet, en 1628. C’est à la lumière de cette bataille juridique qui fit trembler la noblesse provençale qu’il faut apprécier le Traité de Jacques Peissonel,  publié bien plus tard. Son objet est de couper la coutume féodale provençale de toute référence aux Libri Feudorum, établies par les Lombards… A une époque où le droit français prend corps l’argumentation de Peissonel vise juste. Elle rejette une législation étrangère dont, en outre, la qualité est jugée mauvaise.


Ce traité de l'hérédité des fiefs de Provence nous montre combien le problème de la "coutume" est important. Peut-elle être particulière au point de déroger ? On a vu comment ce processus s’est développé en Provence justement parce que le roi de France, Louis XIV pourtant, ne disposait pas de moyens juridiques adaptés face au droit romain encore en place.


On doit reconnaitre au bénéfice de la Révolution d'avoir fait par la force, avec les décrets d’abolition et de rachat des droits seigneuriaux et féodaux du mois d’août 1789, ce qu’en d’autres lieux on n'a pas pu faire par la réforme en Provence. Pierre


PEISSONEL Jacques. Traité de l'Hérédité des Fiefs de Provence. Aix. Estienne Roize, 1687. Un volume In-12 (11 x 16cm). Reliure demi-chagrin noir 19eme siècle, dos à 4 nerfs, tranches mouchetées, gardes colorées. 542, [3ff table]. Des soulignages ponctuels au marqueur coloré ont été estompés de façon très discrète sur une dizaine de page. Grand fraicheur intérieure et extérieure. Extrêmement rare. Vendu

lundi 30 mars 2015

Histoire des démêlez du pape Boniface VIII avec Philippe le Bel par Adrien Baillet.


Philippe le Bel devient roi de France en 1285. Pendant son règne, six Papes se succèdent : Honorius IV, Nicolas IV, Célestin V, Boniface VIII, Benoît XI et Clément V. Les relations entre Rome et Paris n’appellent aucune remarque particulière pendant le pontificat des trois premiers. Par contre, ses relations avec Boniface VIII furent si difficiles qu'elles aboutirent à l'ancrage des Papes à Avignon pendant près d'un siècle…


Il est bien difficile, aujourd’hui, de juger de la sincérité du roi quand il traite Boniface VIII en usurpateur. Ce qui est certain, c’est qu’il avait tort : Boniface VIII était bien pape et aucun de ses successeurs ne verra en lui un anti-pape ! [on en verra plus tard]. Et les méthodes royales ne furent peut-être pas toujours dignes d’un prince chrétien ! Le fait que Philippe le Bel ait été absous par son successeur n'en fait pas un enfant de cœur, en fait… Le besoin d'argent, qui augmentait à mesure que grandissait l'action du pouvoir royal et que s'étendait sa dispendieuse administration, fut, sinon l'unique, du moins le principal mobile de la politique de Philippe le Bel. Cette nécessité pressante, qui devait décider l'abolition de l'ordre des Templiers, qui cherchait des ressources dans les impôts nouveaux, dans l'altération des monnaies, dans l'expulsion des juifs et la confiscation de leurs biens, amena la lutte la plus importante de la fin du treizième siècle, celle dans laquelle la papauté, jusqu'alors supérieure à toutes les puissances, reçut une violente atteinte.


La querelle de Philippe le Bel contre Boniface VIII, à laquelle s'intéressent non seulement la France et l'Italie, mais l'Europe entière commença par une question d'argent, comme d'hab ! Philippe le Bel pour continuer la guerre contre l'Angleterre, voulut soumettre le clergé de France aux redevances générales ;  il lui demanda de payer l'impôt. Le pape, qui prétendait que le clergé relevait de sa seule autorité, ordonna de résister aux ordres du roi de France ; et par une première bulle, il excommunia tout clerc qui consentirait à payer un impôt sans l'ordre du saint-siège, et tous ceux qui établiraient un pareil impôt, quels qu'ils fussent… Ce fut l'origine de ce débat, dont les proportions s'agrandirent bientôt et qu'envenima rapidement le caractère des deux adversaires.


A la bulle pontificale qui défendait au clergé de consentir à aucune dîme sans l'autorisation du pape, Philippe répondit en prohibant la sortie hors de son royaume de l'or, de l'argent, des vivres et des chevaux. C'était frapper indirectement Rome, qui tirait ses ressources des divers impôts levés sur le clergé européen. Boniface VIII adressa au roi une bulle nouvelle qui se terminait par ces paroles sévères  ; "Nous exhortons donc ta sérénité royale à recevoir avec respect les remèdes que t'offre la main paternelle et à corriger ton erreur, conserve notre bienveillance et celle du saint-siège, et ne nous force pas à recourir à des moyens inusités que nous n'emploierions que malgré nous alors que nous y serions réduit par la justice."  Puis le pape adressa à Philippe le Bel une bulle demeurée célèbre, et qui commence ainsi ; "Écoute, mon fils, les conseils d'un père," et dans laquelle il expose et incrimine sans ménagement, avec amertume, l'administration du prince.


Le roi, transporté de fureur fit répandre une pièce falsifiée d'une insolence brièvement injurieuse et une réponse remplie de grossièreté.  Il convoqua une assemblée, où les trois ordres de l'État étaient réunis ; ce fut la première réunion des États Généraux.  Les trois ordres s'associèrent à la cause royale, la noblesse et les députés des villes avec véhémence, le clergé avec une certaine réserve. Le pape fut publiquement accusé de simonie, d'hérésie et de vices infâmes… Il prépara alors contre Philippe le Bel une bulle de déposition qui transférait la couronne à Albert d'Autriche ! Il fallut donc que Philippe Le Bel - la mort dans l'âme - fasse appel à des hommes des basses œuvres, il fallut qu'il achète des magistrats pour que, la veille du jour où devait être lancée la bulle de déposition, ils pénètrent dans la résidence de Boniface aux cris de "Meure le pape, vive le roi de France" ! Durant trois jours, livré à cette troupe furieuse, le successeur de saint Pierre subit tous les outrages. L'expédition de Nogaret remplit d'horreur le monde chrétien terrorisé ; mais personne ne s'arma pour la défense du saint siège… 


Cet ouvrage est l'un des plus importants de l'historien janséniste Adrien Baillet (1649-1706), qui fut bibliothécaire de Lamoignon et auquel on doit la première biographie de René Descartes. Cette seconde édition parut la même année 1718 que l'originale : l'une et l'autre sont posthumes, mais la différence tient aux ajouts et corrections effectués par J. Le Long dans la seconde. L'ouvrage se veut le complément indispensable du recueil de documents donné par les frères Dupuy sur l'affaire des Templiers, comme il est indiqué dans la préface. Pierre


BAILLET (Adrien). Histoire des démêlez du pape Boniface VIII avec Philippe le Bel, Roi de France. Seconde édition revûe & corrigée. Paris, François Barois, 1718. Un volume in-12 (17 x 10 cm),. Reliure plein veau marbré, dos à nerfs, pièce de titre, caissons fleuronnés dorés, tranches rouges mouchetées, gardes colorées.[1f bl], [4ff titre],366pp,[1f priv], [1f bl]. Bel état, grande fraicheur. 90 € + port

samedi 28 mars 2015

Œuvres complètes de Daudet chez Alexandre Houssiaux en 1899. 18 volumes grand in-8, quand même...


Alphonse Daudet est né le 13 mai 1840 à Nîmes dans le Gard. Il entre au lycée Ampère de Lyon à 16 ans lorsque, son père, commerçant dans les soieries est ruiné. A 18 ans, il publie son premier recueil de poésie « les amoureuses ». Il doit renoncer à passer son baccalauréat et, pendant cinq ans, deviendra secrétaire particulier de M. de Morny. Cette place lui permit d'ailleurs de recueillir beaucoup d'observations dont il fit plus tard profiter le public dans ses livres.


Il publia avec succès dans le Figaro une série d'articles qui furent réunis en 1861 sous le titre de Le Chaperon rouge. Dans le Petit Moniteur, sous la signature de "Jehan de l'Isle", il écrit ensuite des chroniques intitulées Lettres sur Paris. En 1866, parurent dans l'Événement les Lettres de mon moulin, signées "Gaston-Marie" qui furent accueillies par le public avec la plus grande faveur. La même année Le Petit Chose, sorte d'autobiographie fantaisiste, parut chez Hetzel.


En 1872, Daudet donna deux livres : Les Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, où il met en scène la vantardise méridionale, Les Petits Robinsons des caves et deux pièces de théâtre, L'Arlésienne, qui est restée au répertoire bien qu'elle n'ait eu d'abord que peu de succès, ainsi que Lise Tavernier, dont on a perdu l'adresse...


La production continuera encore à être abondante ; les ouvrages suivants sont successivement publiés : en 1873, Contes du lundi et Contes et Récits - en 1874, Robert Helmont, études et paysages, les Femmes d'artistes, puis Fromont jeune et Risler aîné, roman qui eut un grand succès - en 1876, Jack, roman sentimental en deux volumes - en 1877, le Nabab - en 1878, le Char en collaboration avec Paul Arène - en 1879, les Rois en exil et Contes choisis, la Fantaisie et l'Histoire - en 1881, Numa Roumestan - en 1883, les Cigognes, légendes rhénanes, contes pour les petits enfants ; l'Evangéliste, roman parisien - en 1884, Sapho - en 1885 - en 1886, la Belle Nivernaise - en 1887, Trente Ans de Paris, sorte de mémoires littéraires où Daudet raconte ses débuts à Paris et l'histoire de ses livres - en 1888, l'Immortel et en 1890, Port Tarascon.


Le principal talent de Daudet consiste dans le mélange de l'ironie et de la sensibilité. Il veut à la fois émouvoir et faire rire : Fromont jeune et Risler aîné est extrêmement touchant ; Tartarin de Tarascon est d'une ironie charmante... Il en est deux autres plus caractéristiques encore : Jack, où la sentimentalité est obtenue au prix des plus singulières invraisemblances (c'est, dit-on, l'œuvre que le romancier préférait) et l'Immortel, qui touche à la caricature. Alphonse Daudet meurt à Paris en 1897. Il laisse le souvenir d'un être généreux, plein de sollicitude pour ses camarades malchanceux et attentif à son époque : il sera l'un des premiers à apprécier et à prendre la défense des impressionnistes.


Reconnu tardivement par ses pairs, Alphonse Daudet aura toutefois le soutien de Zola, des frères Goncourt, et de Maupassant. Il sera également l'un des fondateurs de l'Académie Goncourt (sa mort prématurée, en 1897, l'empêchant d'en être membre). Très aimé du grand public qui voit en lui le chantre généreux et tendre d'une Provence idéale en même temps qu'un "Dickens" à la française, Daudet fut à la fois romancier, conteur, dramaturge et poète. Il n'en souffre pas moins d'être prisonnier du succès des Lettres de mon moulin et de Tartarin de Tarascon ! Et puisqu'il est difficile d'échapper à son destin, on peut relire La chèvre de Monsieur Seguin. Une œuvre certes légère mais immortelle […] Et puis le matin, le loup l'a mangée... Pierre


DAUDET (Alphonse). Œuvres complètes. Paris, Alexandre Houssiaux, 1899. 18 volumes grand in-8. Reliure demi percale bleu clair, dos lisse, pièce de titre et de tomaison noires bordées de filets dorés, plats colorés. Edition définitive illustrée de gravures à l'eau-forte d'après les dessins de Emile Adam, A. Dawant, A.-F. Gorguet, P.-A. Laurens et C. Léandre et précédé d'un essai de biographie littéraire par Henry Céard, édition bien complète, en partie originale illustrée de 54 gravures hors texte et d'un portrait. Bel ensemble assez peu courant quand il est en bon état et sans rousseurs. 550 € + port

vendredi 27 mars 2015

La Mort de Pan et autres contes par Paul Arene, illustré par Coussens, édité par Carteret.


Paul Arène est né à Sisteron, le 26 juin 1843 dans une rue passante où son père était horloger et sa mère modiste. Les "Arène" possédaient encore des terres qu'ils faisaient valoir. C'est assez pour recevoir en don la passion du terroir et celle du travail bien fait. Tout Arène est là, il sera un ciseleur du verbe, et le meilleur de son œuvre c'est la terre sisteronaise qui va l'inspirer, avec sa lumière, ses senteurs, le soleil brûlant, et tout ce qui vit, bruisse, chante, dans les lavandes et le thym.


Après de bonnes études au collège des Frères de Sisteron, Arène prépare, à Marseill
e, une licence de philosophie. Nommé en 1863 à Vanves, près de Paris, il ambitionnera une carrière littéraire... et après le succès d'un acte joué à l'Odéon , " Pierrot héritier ", Arène en oubliera Vanves et l'enseignement. Il vivra de sa plume ! Il se lie avec Coppée, Bataille, Mendés, avec Daudet surtout. Mais il a besoin de soleil... et, de Sisteron... il y revient souvent. Il se lie aussi avec Aubanel, le félibrige, Mistral surtout, qui sera toujours plus qu'un ami, un confident. 


Arène passe l'été 1868 à Sisteron. Un bel été, puisqu'à la Cigalière, le dos appuyé au vivier, à l'ombre du laurier, il écrit " Jean des Figues ", en deux mois. C'est un chef-d'œuvre, " son chef-d'œuvre ", dans lequel il s'est raconté. Paris de nouveau… En 1870, il est capitaine dans la France envahie. En 1871, Mistral demande pour lui aux Roumieu de Beaucaire, la main de Naïs, cette Naïs qu'il avait aperçue quelques années plus tôt et n'avait pas oubliée. Naïs lui est refusée. Le cœur d'Arène saigne. Il n'oubliera jamais Naïs Roumieu.


La vie reprend, morose, triste, Arène porte sa blessure. En 1872, il perd sa mère. Il demande au travail, sinon l'oubli, du moins un apaisement. Il écrit de nouveau pour le théâtre " Le Char ", " L'Ilote ", " Les Deux Augures ", mais il vit surtout des contes et nouvelles qu'il donne aux journaux ou réunit parfois en recueils.  Jamais cependant ses contes parisiens : " Friquettes et Friquets ", " Paris Ingénu ", " Les Ogresses " n'ont l'éclat, la beauté, la chaleur de ceux que Sisteron inspire : " Contes et Nouvelles de Provence ", " La Gueuse Parfumée ", " La Veine d'argile ".


Du reste, Arène passe désormais l'été à Sisteron, l'hiver à Paris et lorsque sa santé s'altérera, miné par l'absinthe,  il séjournera à Antibes dès l'automne, Antibes qui lui dicte " La Chèvre d'Or " (1889). En 1894, Arène est souffrant, mais dans " un sursaut de talent ", il écrit " Domnine ". C'est une œuvre forte, concise, et une peinture de Sisteron et de sa société vers 1870. En août 1896, le poète quitte Paris, passe à Sisteron quelques jours, et à l'automne avec sa sœur, gagne Antibes où il s'installe à l'hôtel d'Alsace, sur les remparts. Il travaille, parcourt la ville quand le soleil est là. Mais le soleil se refuse souvent. Bientôt Arène ne quitte plus sa chambre et, au soir du 17 décembre, on l'y trouve mort à sa table de travail, le front écroulé sur un conte inachevé. Le poète repose à Sisteron, en haut du cimetière : " Je m'en vais l'âme ravie, d'avoir rêvé ma vie ". L'ouvrage que je vous propose aujourd'hui à la vente est un des plus beaux hommages que l'édition fit au conteur. Particulièrement bien illustré par Coussens, les bibliophiles apprécieront que ce recueil, à tirage fort limité (200 exemplaires), soit une œuvre d'art dont tous les poètes rêveraient...  Pierre


ARENE (Paul). La Mort de Pan et autres contes. Eaux-fortes originales de A. Coussens. Paris L. Carteret, 1945. Un volume In-4 (34/25cm). Etui, en feuilles, emboitage de l'éditeur. 20 eaux-fortes originales en couleurs par A. Coussens, dont 6 hors-texte et 14 in-texte. Tirage limité 200 exemplaires numérotés. Un des 100 exemplaires sur Arches. Bel état. Vendu

jeudi 26 mars 2015

Les Actes des apôtres de l'an de la liberté 0 au jour de la purification...


Révolution oblige, sous la Constituante, le parti royaliste devint le parti de l'opposition… Et comme pour toute opposition qui se respecte, le but de ses représentants fut de critiquer les idées nouvelles de la majorité. La tâche était facile : les idées nouvelles produisant des mœurs nouvelles et originales, il est certain que ceux qui personnifiaient ces idées ne furent pas difficiles à ridiculiser aux yeux de leurs ennemis et même aux yeux des indifférents qui prennent l'originalité pour de la fantaisie…


Les Actes des Apôtres firent donc rire aux dépens des révolutionnaires mais ils donnèrent une preuve éclatante de la fausseté du proverbe qui veut que le ridicule tue. La vérité est que l'épigramme ne tue que les agonisants. Ce sont les troupes légères qui achèvent une déroute commencée mais c'est en vain qu'elles tenteraient d'arrêter ces irrésistibles masses d hommes marchant résolument à la conquête d'un avenir longtemps rêvé ! Tel est en tout cas l'avis d'Eugene Hatin dans son Histoire du journalisme dont j'ai tiré les informations pour présenter l'ouvrage à la vente, aujourd'hui..  


Les Actes des Apôtres, espèce de satire Ménippée de l'époque, étaient en fait des parodies plus promptes à provoquer la colère des révolutionnaires qu'à les faire rougir de leurs égarements. Ce journal cynique était le support sur lequel quelques jeunes gens spirituels raillaient toutes les incohérences de la Révolution. Il est vrai, qu'à son début, les défenseurs de la monarchie étaient loin de comprendre la gravité du péril qui les menaçait. Ils s imaginaient que l'on aurait raison des "mutins"… c'est ainsi qu'ils nommaient les tenants de la Révolution. Ils eurent le tort d'irriter leurs adversaires par le dédain et d'employer contre eux l'ironie et le persifflage. La moquerie haineuse et méprisante ne fit qu'envenimer les querelles et transformer de simples dissidences en violente et irréconciliable animosité !


Ces Actes des Apôtres (sous-entendu de la liberté royale) fut donc assurément la feuille la plus spirituelle et la plus piquante de l'époque. Ils commencèrent à paraître le jour des morts de l'an de la liberté 0, c est à dire le 2 novembre 1789 et se vendirent au numéro chez Gattey, libraire au Palais Royal. Ce n'est qu'après avoir publié cinquante six numéros que les quarante cinq apôtres résolurent de suivre la loi commune et de recevoir des souscriptions. Ils y furent déterminés par les nombreuses contrefaçons qui furent faites, l'exemplaire que je présente semblant en être une des plus belles et des plus complètes…


Les Actes des Apôtres parurent donc d'une façon irrégulière mais cependant à peu près tous les deux jours puisque dans l'espace d environ deux années qu'ils vécurent, il en fut publié trois cent onze numéros. Les livraisons étaient aussi très inégales entre elles. Elles étaient le plus ordinairement de huit à vingt quatre pages. Gattey est arrêté et interrogé suite à une perquisition dans sa librairie le 13 mars 1794. Il sera condamné à mort par le Tribunal révolutionnaire pour avoir mis en vente et même expédié aux colonies des écrits contre-révolutionnaires tendant au rétablissement de la royauté 


Les Apôtres n'étaient pas évidemment quarante cinq comme ils le disaient par plaisanterie. On en connaît une douzaine parmi lesquels Peltier, le général comte de Langeron, le comte de Lauraguais, le comte de Rivarol, Regnier, de Mesnil-Durand, d'Aubonne, Georges Beville, Langlois, Artaud, Bergasse, l'abbé de La Bintaille, et le chanoine Turménie, etc… En fait, les Actes étaient bientôt devenus le refuge de tous les beaux esprits mécontents, l'asile des faiseurs de vers badins et de chansonniers sans emploi qui s y embusquèrent pour moquer la Révolution. Des Apôtres, le plus spirituel et le plus brillant était sans conteste Rivarol. Mais la cheville ouvrière de l'entreprise, c'était Peltier ! Cet écrivain qui devait faire une si persévérante et si rude guerre aux pouvoirs qui se succédèrent de 1789 à 1814 était fils d un riche négociant de Nantes et il aurait très probablement suivi la carrière paternelle si la Révolution n'était venue l'en détourner. Je vous propose aujourd'hui un excellent exemplaire en bel état de ces Actes des apôtres. De l'esprit, de l'analyse…, mais un vrai manque de discernement chez ces apôtres de la liberté de penser. Ce n'est pas avec l'esprit qu'on terrorise les terroristes… Pierre


COLLECTIF. Les Actes des apôtres, commencés le jour des morts, et finis le jour de la purification... Version première. A Paris, sans nom d'éditeur [F.-C. Gattey], L'an de la liberté 0, [1789-1791]. 18 volumes in-12. Reliure uniforme, demi-basane brune, dos lisse, filets dorés, gardes colorées. Se termine au chapitre CCLIII de l'an des jurés et des jureurs. Très bel état, grande fraicheur. Vendu

mercredi 25 mars 2015

Histoire des guerres du Vivarais par Vincent Andéol, l'un des principaux chefs de l'insurrection…


Livre extrêmement rare qu'un confrère renommé n'a trouvé qu'une fois en 30 années de librairie ancienne… Une réédition contemporaine de 2007 existe cependant. C'est un témoignage évidemment partial mais au combien émouvant ! Une tranche de vie, par un témoin du temps - Andéol Vincent ( Andéol est un prénom que l'on retrouve dans Bourg-Saint-Andéol, par exemple) - à une époque tourmentée. Un livre à ranger soigneusement dans toute bonne bibliothèque régionale !


Table des matières :
Chapitre 1. Réflexions sur une prétendue cause première de notre révolution. Louis XVI vengé de quelques fausses assertions.
Chapitre 2. De l'esprit du Vivarais à l'époque de la révolution, et de leurs premiers chefs.
Chapitre 3. Première insurrection du Vivarais, son but et moyens employés par les chefs pour y parvenir.
Chapitre 4. Second rassemblement connu sous le nom de Confédération de Jalès. Quels en furent les motifs apparens et secrets, et les causes principales de sa dissolution.
Chapitre 5. La saine partie des habitans du Vivarais n'est point découragée. On ourdit de nouvelles trames. Arrivée dans le pays de M. le Comte de Saillans. Espérances qu'il fait concevoir.
Chapitre 6. Dispositions générales de M. le Comte de Saillans. Mérite des chefs d'insurrections qui le secondaient. Ses liaisons avec les autres départemens. Tous les élémens de son plan offensif ou défensif.


Chapitre 7. Première cause de l'attaque du château de Banne par M. le Comte de Saillans qui s'en empare. Les volontaires marchent contre le château. Retraite du Comte, sa prise, sa mort.
Chapitre 8. Résultats malheureux de la mort de M. le Comte de Saillans. Persécution et capture des principaux chefs d'insurrection. Indignation de plusieurs communes. Mort tragique de MM. De Malbosc, de Chabannes, du chevalier d'Antremont et de l'abbé de la Molette de Villefort.
Chapitre 9. Quoique persécutés et toutes parts, les royalistes du Vivarais conservent encore de douces espérances. Motifs qui les leur font concevoir. État de la France à cette époque. Conduite des Cours de Prusse et d'Autriche. Justification des Princes et des émigrés. Mission de M. Mallet-de Pan. Manifeste du duc de Brunswick. Trait de l'amour de Louis XVI pour son peuple.


Chapitre X. Mort du Roi. Consternation qu'elle jette dans le Vivarais. Son testament y fait détester ses bourreaux. Nouveaux projets. Intéressantes victimes conduites à l'échafaud. Apparition de M. de Lamothe et du Marquis de Bezignan dans le département de la Loire. Insurrection de quelques milliers de paysans qu'ils congédient pour se jeter dans le Vivarais.
Chapitre 11. Position critique des royalistes après la mort de M. de Lamothe. Arrivée de M. de Surville. Sa mort. Celle du chevalier de Lamothe et de Dominique Allier. Buonaparte ; les espérances qu'il fait concevoir.
Chapitre 12. Conduite des habitants du Vivarais pendant les trois mois du règne de l'usurpateur et lors des avènements de sa dernière chute.
Déclaration de l'armée chrétienne et royale de l'Orient.


Pour ceux que l'histoire n'intéresse vraiment pas, je leur propose alors d'acquérir ce rare ouvrage pour son élégante reliure. Les réalisations de Victor Champs sont recherchées par les collectionneurs, pour la bonne tenue de leurs corps d’ouvrage et le fini du travail. Avec Carayon, ils furent les relieurs qui, dans les travaux relativement simples, résumèrent le plus haut degré de la perfection d’exécution. Jean Stroobants travailla a ses côtés un moment ou tout au moins pour lui. Il lui succéda au 4 rue Gît-le-Cœur en 1904. Pierre


VINCENT (Andéol). Histoire des guerres du Vivarais et autres contrées voisines par l'un des principaux chefs de l'insurrection, sous-directeur des vivres des Armées Chrétiennes et royales du Midi, breveté le 1er mars 1796 par S.M. Louis XIII, Roi de France et de Navarre. A Privas, De l'imprimerie F Agard, 1817. Remarquable reliure signée Champs Stroobants, Demi maroquin bleu nuit à coins, plats bordés de filets dorés, dos à nerfs, caissons fleuronnés, gardes colorées, tranche supérieure dorée. Un volume in-8. [2ff bl], [1f titre], vj, 179pp, [2ff table], [2ff bl]. Ensemble parfait. Vendu