jeudi 5 février 2015

Arthur, journal d'un inconnu par Eugène Sue. Et, en effet, il le devint !


Pour le grand public, Eugène Sue est aujourd’hui associé au fameux sketch de la télégraphiste d’Yves Montand : ... la statue est toujours à la même place... C'est ça ?
Montand : Oui, c'est ça mademoiselle... Eugène Sue me regarde... Je t'aime
La téléphoniste : Eugène ? Comme le prénom ?
Montand : Oui...
La téléphoniste : Ensuite ?
Montand : Sue... Eugène Sue. Vous savez bien, mademoiselle ! Notre Dame de Paris, les Misérables. Eugène Sue.
La téléphoniste : Épelez...


Son succès fut dû essentiellement à deux livres, Les Mystères de Paris et  Le Juif Errant, encore est-il rare que l’on connaisse l’intrigue qui se cache derrière ces deux titres. Souvent, d’autres images viennent éclairer le personnage : celle du roi du roman-feuilleton, celle de l’écrivain déchu… Toutes ces images sont vraies, mais elles tendent à occulter une œuvre riche et polymorphe : celle des récits maritimes, qui font d’Eugène Sue l’un des plus grands écrivains français de la mer, celle des récits au romantisme noir, celles des romans de mœurs, celle encore des « mystères urbains » et des récits sociaux.


Eugène Sue est né en 1804. Son père est chirurgien, et Sue caresse un temps le désir de reprendre le métier paternel. Il vit en attendant une existence joyeuse, en rébellion constante contre les valeurs étriquées de son père. Ses frasques conduiront ce dernier à le contraindre en 1823 à s’engager dans la marine, comme chirurgien. En 1829, c’est cependant vers le métier de peintre que se tourne le jeune homme, qui devient l’élève du peintre de marines Gudin. Il continue en parallèle son existence dissolue, lui donnant une orientation élégante, celle du dandy légitimiste qu’il est désormais devenu.


C’est en dandy qu’il se met à écrire : d’abord des sketches sur le modèle anglais (petites scènes prises sur le vif), puis des articles polémiques. Il y attaque la canaille républicaine, les goûts bourgeois, les temps modernes, etc… Le roman-feuilleton dont il a été un des plus célèbres pourvoyeurs résulte, à cette époque, du formidable bouleversement  entraîné par le progrès de l’édition et de la diffusion des journaux. Il vaudra à Sue une gloire sans commune avec la célébrité de salon qui était la sienne auparavant.


Désormais, il deviendra une idole du peuple. Cela lui donnera une importance qui se traduira à terme par son élection comme député socialiste. Mais cela lui vaut également la haine des écrivains qui n’avaient  pas son succès – Balzac, Sainte-Beuve (sic) ! Sue devient l’exemple de l’écrivain industriel, qui sacrifie le style et la subtilité du récit aux goûts du peuple. Il est pour beaucoup le signe d’un déclin inéluctable de la littérature, et entre sans le savoir dans un purgatoire littéraire qu’il n’a jamais quitté jusqu'à aujourd'hui. A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, me direz-vous ! C’est pourquoi je vous propose à la vente, ici, un œuvre de cet auteur. Arthur n’est pas son roman le plus connu ; le défi est donc d’autant plus grand !


La majorité des romans d'Eugène Sue furent publiés en feuilleton avant d'être publiés en volume. Pour toute information complémentaire sur ses différentes publications, il faudra se reporter à la thèse de Nora Atkinson ou à l'article de René Guise publié dans la revue Europe, n°643-644. Vous pouvez aussi simplement lire ce livre pour le plaisir de la découverte. Pierre


SUE (Eugène). Arthur,  journal d'un inconnu. Paris Charles Gosselin,  4 volumes in-8, 1838 (T1 & 2), 1839 (T3 & 4). Reliure demi-basane brune, dos lisse, filets dorés, gardes colorées.Décembre 1937 : Le Journal d'un inconnu, paraît en neuf feuilletons dans La Presse. Il s'agit en fait de l'introduction et de la première partie d'Arthur. En mai 1838 paraissent six nouveaux feuilletons dans La Presse. En juillet et en août 1838 paraissent cinq autres feuilletons dans La Presse. En novembre 1838, Arthur, journal d'un inconnu paraît en deux volumes chez Gosselin. En août 1839 : parution des tomes III et IV d'Arthur après la parution de douze feuilletons en juin dans La Presse. Des rousseurs. Bon état général. 60 € + port

3 commentaires:

Pierre a dit…

Le manque de notoriété actuelle d'Eugène Sue le place en bonne position pour battre le record de baisse de fréquentation du blog depuis sa création ;-))

Je propose d'allumer, demain, un cierge en l'honneur de l'auteur inconnu ! Pierre

Daniel a dit…

Heureux l'idole du peuple qui a une gloire sans commune, voila des mots bien mesurés. ;)

Daniel B.

Pierre a dit…

Peut-être faut-il acheter des éditions de romans d'Eugène Sue pendant que la cote est encore basse* ? Pierre

*Nan ! Je blague ;-))