jeudi 27 novembre 2014

Jean-Foi Vaillant : l'édition originale de son histoire des monnaies Ptolémaïques...


Louis XIV, grand amateur d'art, fut un roi numismate. Pour constituer des collections dignes de la France, le Roi Soleil s'est appuyé sur un vaste réseau d'hommes de lettres, d'émissaires et d'ambassadeurs. L'un d'entre eux s'est particulièrement distingué : il s'agit de Jean-Foi Vaillant, numismate Picard né en 1632 dont le site "sacra-moneta" nous retrace le parcours…


Vaillant naît à Beauvais le 24 mai 1632. Très tôt orphelin de père, son éducation est prise en charge par un de ses oncles qui le destine à une carrière dans la magistrature. Cet oncle, outre le soin apporté à l'éducation de son neveu, présente l'avantage de disposer d'une fortune confortable. A sa mort, Jean-Foi Vaillant hérite et peut laisser libre cours à ses goûts ; il abandonne les études de droit pour celles de la médecine. Son doctorat en poche, sa carrière démarre à Beauvais où il installe un cabinet médical. C'est le plus grand des hasards qui le met sur la voie de la numismatique. Alors qu'il était en train de labourer son champ, un paysan des environs de Beauvais découvre un trésor de monnaies romaines. Le laboureur chanceux les remet au docteur Vaillant : celui-ci vient de rencontrer la numismatique, à laquelle il va consacrer le reste de son existence !


Jean-Foi Vaillant commence alors une collection, noue quelques contacts avec des hommes de l'art, tels que son cousin Foy de Saint-Hilaire, chanoine de Beauvais, ou encore Pierre Seguin, doyen de Saint-Germain l'Auxerrois à Paris. Ce dernier perçoit immédiatement l'exceptionnelle érudition de Vaillant et fait jouer ses réseaux. Colbert, en effet, est alors à la recherche d'hommes savants volontaires pour partir à l'étranger à la recherche d'œuvres d'art et de monnaies pour enrichir les collections du roi. Dès lors Vaillant se retrouve chargé de mission à l'étranger pour le compte de Louis XIV, tâche qui lui permet d'approfondir ses connaissances. Il écume la Méditerranée en quête de nouvelles pièces; ses voyages le conduisent en Italie, en Sicile et en Grèce où il collecte un très grand nombre de monnaies rares ; grâce au zèle de Vaillant le cabinet des médailles du roi devient rapidement le premier d'Europe...


C'est lors d'un de ces nombreux déplacements que se produit l'épisode des barbaresques. En 1674, Vaillant s'embarque à Livourne pour se rendre à Rome lorsqu'il est fait prisonnier par des pirates et conduit à Alger où l'industrie des corsaires bat son plein. A cette époque en effet, la Méditerranée occidentale est infestée de pirates qui se sont fait une spécialité de la capture d'otages ; ceux-ci sont libérés après une détention plus ou moins longue, contre une rançon sonnante et trébuchante. Avant Jean-Foi Vaillant, Cervantès en personne a été l'otage des pirates ; il a eu cependant moins de chance que Vaillant, qui, grâce à son riche et puissant protecteur ne passe que quatre mois et demi en détention à Alger. Lorsqu'il est relâché, on lui rend même une vingtaine de monnaies d'or et 200 monnaies d'argent antiques avec lesquelles il était arrivé.


Vaillant reprend la mer sur une barque et se croit tiré d'affaire lorsqu'il aperçoit un corsaire qui s'avance de nouveau à toutes voiles dans sa direction. Pris de panique et redoutant une nouvelle captivité, il s'empresse d'avaler sa précieuse cargaison - tout au moins les monnaies d'or ! Par chance, un coup de vent éloigne le bateau pirate et Vaillant parvient à Marseille sain et presque sauf. Les monnaies d'or l'incommodent sérieusement par leur poids et il craint un instant pour sa santé mais, comme le dit J. Spon dans son récit de voyage, la nature fut plus habile que les hommes de l'art et la moitié du petit trésor revit bientôt la lumière du jour (sic). Le même J. Spon, raconte également que Vaillant, lors de son passage à Lyon, aurait rencontré Sylvestre Dufour, un de ses anciens amis et grand amateur de monnaies antiques. Apprenant que Vaillant avait encore dans ses entrailles un "aureus d'Othon" il aurait témoigné du plus vif désir de l'acquérir, sans même la voir; le marché fut conclu et ce n'est que quelques heures plus tard que Vaillant fut en mesure de tenir sa promesse...


Cet épisode tragi-comique n'a pas dissuadé Jean-Foi Vaillant de poursuivre sa mission ; l'infatigable explorateur numismate repartit vers des destinations encore plus lointaines et dangereuses : l'Egypte et la Perse. Tout en accomplissant sa mission pour le roi, Jean-Foi Vaillant s'est consacré activement à l'écriture de nombreux ouvrages numismatiques qui l'ont placé parmi les hommes les plus érudits de son temps. C'est un de ses ouvrages que je vous propose aujourd'hui à la vente. Édité par un libraire hollandais en 1701, son édition originale de " Historia Ptolemoerum Egypti regum, ad fidem numismatum accommodata" rassemble l'ensemble des monnaies Ptolémaïques (Le Royaume ptolémaïque était un royaume hellénistique en Égypte).


Vaillant meurt en 1706, à l'âge de 75 ans, alors qu'il travaillait à un nouvel ouvrage… Numismate érudit, laborieux et éclectique, il fut – bien avant les chercheurs de métaux d'aujourd'hui qui sillonnent nos campagnes avec leur poêle à frire - un véritable aventurier de la numismatique. Pierre


VAILLANT, J. Historia Ptolemaeorum aegypti Regomme, Ad fidem NUMISMATUM accommodata. Amsterdam, Gallet, Huguetanorum, 1701. Un volume in folio. Plein veau moucheté, dos à 6 nerfs, caissons fleuronnés, titre en lettres dorées, roulette sur les coupes, tranches mouchetées. {1fbl], [10 ff titre], 218pp,[1fbl]. Page de titre imprimé en rouge et noir et avec une grande vignette allégorique gravée. Grande vignette allégorique de dédicace. 102 belles gravures de pièces de monnaie dans le texte. Une mouillure d'angle aux deux premières feuilles et page 163 à 169, une coiffe restaurée, intérieur frais, quelques salissures sur la reliure. Bon état général. 860 € + port

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