jeudi 20 mars 2014

Lettres d'Elvire à Lamartine publiées par René Doumic.


Il n'est pas nécessaire de réussir pour entreprendre : nous sommes bien d'accord !  Voici donc, cette semaine, le troisième poète que j'ai choisi de mettre à l'honneur sur le blog alors que la période est plus propice aux promesses électorales qu'aux envolées lyriques !

Que restera-t-il d'elle? à peine un souvenir :
Le tombeau qui l'attend l'engloutit tout entière,
Un silence éternel succède à ses amours ;
Mais les siècles auront passé sur ta poussière,
Elvire, et tu vivras toujours !


En 1816, alors qu'il était en convalescence à Aix-les-Bains, sur les bords du lac du Bourget, Alphonse de Lamartine rencontra celle qui devint l'Elvire du Lac, Julie Charles, une femme mariée avec qui il vécut une idylle intense mais brève, puisque la jeune femme mourut de phtisie l'année suivante…

Heureuse la beauté que le poète adore !
Heureux le nom qu'il a chanté !
Toi, qu'en secret son culte honore,
Tu peux, tu peux mourir ! dans la postérité
Il lègue à ce qu'il aime une éternelle vie,
Et l'amante et l'amant sur l'aile du génie
Montent, d'un vol égal, à l'immortalité !


Le choc douloureux de la mort d'Elvire a inspiré à Lamartine ses plus beaux vers : on cite toujours “Le lac”, on cite moins souvent “L’isolement”. Pourtant l'inspiration est bien la même : le poète, retiré à Milly, chante la femme aimée et constate que, sans elle, tout est dépeuplé…

Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices,
Suspendez votre cours !
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !


Les poèmes de Lamartine sont les plus beaux reliquaires d'amour qui soient et il n'est pas d'occasion – enterrement, mariage, etc… - où les strophes de l'auteur ne trouvent de place dans notre cœur. J'avais personnellement pensé à agrémenter la cérémonie de mon dernier voyage d'une petite évocation de quelques beaux vers du poète accompagnés de la plainte lugubre de l'andante du trio pour piano, violon et violoncelle de Schubert. Des esprits chagrins me disent que cela risquerait de plomber l'ambiance. Votre avis ?

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit et l'on respire,
 

Tout dise : « Ils ont aimé ! »


DOUMIC René. Lettres d'Elvire à Lamartine. Paris, Hachette & Cie, 1905. Un volume in-12. Reliure demi-maroquin cerise à coins, plats encadrés d'un filet doré, dos à nerfs, motifs de type rocaille entre les nerfs, titre en lettres dorées, gardes colorées, tranches supérieure dorée. Edition originale imprimée sur vergé. Ouvrage illustré de 2 fac-similés. Contient les lettres retrouvées - Julie Charles - première lettre d'Elvire - une crise sentimentale - étude de femme - le lac - le crucifix - une lettre de Bonald - quatre lettres du Docteur Alin etc. Des rousseurs claires. Très belle reliure. 75 € + port

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Loin de plomber une ambiance, ce trio est trop majestueux, trop empreint de passion contenue pour convenir à illustrer Lamartine ou pour sonoriser un ultime adieu. Il n'est pas élégiaque, et ce n'est pas Barry Lyndon qui me contredira.

Jean-Michel

Pierre a dit…

C'est MA cérémonie et je ferai ce que je veux ;-)) Mais je dois reconnaitre que le Concerto de Samuel Barber serait plus approprié. Qu'en pensez-vous ? Si cela vous convient, mon épouse se fera un plaisir de vous envoyer un carton d'invitation.

Je peux compter sur vous ?

Amicalement. Pierre

Anonyme a dit…

J'y serai !
Sauf si le libraire ne nous enterre pas tous, mais il est vrai que dans notre société occidentale le but ultime de la femme mariée semble être de parvenir au statut de veuve joyeuse.
Plus qu'un simple carton, je préférerais un bristol. :-)

Jean-Michel

Pierre a dit…

Merci pour votre présence annoncée. Je ne vous serrerai pas la main mais le cœur y sera ;-)) Pierre

Pierre a dit…

Je réécoutais, ce matin, cet andante. C'est justement parce qu’il n'est pas morbide que ce sera un excellent choix pour la sortie ;-) Pierre

Anonyme a dit…

Pour une sortie qui n'en est pas une alors, mais plutôt une entrée majestueuse vers autre chose.
Sinon on a aussi la "Danse des chevaliers", tirée du Roméo et Juliette de Prokofiev. Dans le genre "Je vous quitte le coeur léger et le pas apaisé" elle n'est pas mal non plus. :-)

Jean-Michel

Pierre a dit…

Pas mal, en effet, mais le côté imposant de l'orchestre cantonne l’œuvre aux enterrements de groupe... Pierre ;-))