mardi 18 février 2014

Dictionnaire du félibrige de Mistral : plus qu’un dictionnaire…


On pourrait aisément associer au Dictionnaire du Félibrige, que je vous présente aujourd'hui, une citation qu'on attribue au Dictionnaire de l'Académie Française : On le fait, on le défait, on le refait, oui mais toujours très bien fait, il sera toujours à faire… La langue provençale n'y échappe pas et il a fallu quelques hommes, au milieu du 19eme siècle, pour donner à cette langue son dictionnaire et sa grammaire. Mistral en est l'auteur le plus connu, Prix Nobel de Littérature oblige… mais il a été accompagné en cela par d'autres pour faire naître ce fameux Trésor !


Le Félibrige (en langue d'oc : Lou Felibrige selon la norme mistralienne ou Lo Felibritge selon la norme classique) est une association littéraire fondée en 1854 par Frédéric Mistral et six autres poètes provençaux pour assurer la défense des cultures régionales traditionnelles et la sauvegarde de la langue d'oc [ Joseph Roumanille, Théodore Aubanel, Jean Brunet, Paul Giéra, Anselme Mathieu et Alphonse Tavan ]. Ensemble, ils entendaient restaurer la langue provençale et en codifier l'orthographe.


Le nom de Félibrige contient le mot libre qui signifie à la fois « livre » et « libre » en provençal, ce que l'on peut interpréter par l'esprit même du Félibrige : Acquérir la liberté au travers du livre... Tout le monde dans le domaine occitan, utilise Lou Tresor dou Felibrige de Mistral, mais ce Tresor est loin de faire l'unanimité. Nul ne met nullement en question l’importance du travail que Mistral a fourni. Il suffit de se rappeler qu’il a travaillé presque seul là où, de nos jours, des équipes nombreuses se réuniraient pour faire un ouvrage comparable. Certes, il a pu utiliser les dictionnaires d’Honorat (Dictionnaire provençal-français ou dictionnaire de la langue d’oc ancienne et moderne. Digne, 1848), mais à son époque, ces encyclopédies de la langue d’oc étaient perfectibles. En fait, Mistral a changé la graphie étymologisante d’Honorat conte celle phonologisante du Félibrige, due essentiellement à la conception qu’avait Roumanille de la langue, et il l'a régularisée.


Le monde occitan a regretté cette révision, car la graphie félibréenne est, on le sait, centrée sur les parlers de la Provence rhodanienne. De là, un siècle de querelles orthographiques qui n’ont guère contribué au succès du mouvement régionaliste. Il convient néanmoins de dire que l’emploi pratique que fait Mistral de son système est incomparablement plus cohérent que celui qu’Honnorat. De plus, Mistral s’est appuyé sur de nombreux correspondants qu’il avait dans tout le pays d’oc. Cela lui a permis d’augmenter considérablement le nombre des entrées et d’enrichir la valeur sémantique de beaucoup d’articles.


L'édition que je vous propose à la vente est la réédition faite par l'Abbé Marcel Petit, décédé en 2008, curé de Raphèle-les-Arles pendant 40 ans, homme de caractère qui avait transformé son église en maison d'édition, la maison C.P.M…"Il fallait filer doux" confiait avant l'office, la sacristine préparant les hosties. Aujourd'hui une association de Graveson, le CREDDO, gère la collection pharaonique et les éditions de ce gourmand de littérature provençale. J’y faisais une petite causerie, hier soir. Ceci explique l’édition tardive de ce billet… Pierre


Mistral (Frédéric). Lou Tresor dóu Felibrige ou Dictionnaire Provençal-Français embrassant les divers dialectes de la langue d'oc moderne et contenant 1° Tous les mots usités dans le midi de la France, avec leur signification française, les acceptions au propre et au figuré, les augmentations et diminutifs, et un grand nombre d'exemples et de citations d'auteurs, etc... Raphèle les Arles, C.P.M, 1979. 2 tomes fort in-4. Reliure cartonnage rouge, dos lisse orné de titre et tomaison en lettres dorées. 1196 et 1179pp. bel état. 120 € + port

Aucun commentaire: