mercredi 2 janvier 2013

Autographe : De la main de Philippe Hériat…


L'autographe est un contact intime et privilégié avec un auteur, à la fois preuve tangible de son existence et à la fois mine de renseignements sur les détails de sa vie. De tout ce qui peut nous rattacher aux personnages que nous aimons, l'autographe est un lien des plus forts. L'ouvrage a été touché et manipulé par son auteur, les pensées qui sont couchées sur le papier sont une émanation directe et émouvante de son activité intellectuelle du moment. C'est pourquoi lorsque nous possédons un autographe, c'est une partie de lui-même que nous possédons...


Je gage que dans sa vie, où il connut très vite la notoriété, Philippe Hériat (1898-1971) a dû être souvent impatienté par les remarques que son imposante stature faisait naître. Son prestige physique, semblable à celui d'un Maréchal d'Empire, n'était pas sans me rappeler celui plus militaire d'un Maurice Druon. Il naît dans une famille appartenant à la magistrature dont la souche était picarde d'un côté, berrichonne de l'autre. D'un milieu bourgeois plein de souvenirs littéraires (son arrière-grand-mère avait été la correspondante privilégiée de Balzac et son père avait tenu un des cordons du poêle  à l'enterrement de Victor Hugo) Philippe Hériat, qui ne s'appelait encore que Raymond Payelle dans sa jeunesse, connaîtra la grande guerre.


Cette expérience que des dizaines de milliers d'autres jeunes hommes faisait – et pour beaucoup, elle resta sans lendemain – développa très tôt chez lui le goût et l'intelligence du prochain qu'il mettra dans ses romans. Lorsqu'il dépeindra un milieu social, ce sera pour ouvrir une brèche et liberer les personnages qu'il aura placé dans l'intrigue. C'est pourquoi on parle souvent de Philippe Hériat comme du dernier écrivain romantique du siècle dernier !


Jeunesse, bourgeoisie ; Philippe Hériat a bâti son premier roman, présenté ici à la vente dans son édition définitive, sur ce double thème, qu'il fera évoluer jusqu'à cette dernière mouture. L'ouvrage qui reçu le prix Renaudot contenait certaines maladresses selon son auteur corrigera. Tel quel, L'innocent représente une assimilation par le roman de deux caractéristiques de l'après "grande-guerre". Le freudismeet le sport !  C'est le roman d'un couple, le plus inattendu et le plus naturel, celui d'un frère et d'une sœur. En face de parents égoïstes, Armelle et Blaise ont fondé, dès leur jeune âge, une alliance : Ils forment une équipe parfaite de tennis et sont des champions enviés. Mais quand Armelle quittera Blaise qui a "l'âme en retard, une petite âme d'enfant qui rêve" pour un autre homme, le destin de ce dernier basculera dans les non-dits d'une intimité inavouée…


L'auteur obtiendra ensuite le prix Goncourt en 1939 pour Les enfants gâtés et écrira la fameuse saga des Boussardel dans la lignée de la Comédie humaine qui recevra le prix de l'Académie Française. Une vie de prix d'excellence de la littérature française, donc. Et vous, les autographes, vous êtes amateur ? Pierre


HERIAT (Philippe). L'innocent. Paris, Gallimard, 1954. Edition définitive. 5eme édition. Un volume in-8 relié demi-basane rouge, à coins, faux nerfs et titre en lettres dorées. Page de garde colorée. Couverture et dos conservé. Très bel état. 38 € + port

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