samedi 8 décembre 2012

Une certaine idée du bonheur par le marquis de Carracioli : La jouissance de soi même…


Le dix-huitième siècle est particulièrement sensible à ce type d'interrogation alors qu’il pose les fondements d'une société recomposée. De grands auteurs comme Rousseau et Diderot, surtout, essaieront de reconsidérer l’ensemble de cette problématique qui rejoint, en fait, celle de la définition de la nature humaine. Pour les adolescents prépubères qui nous lisent, je dois néanmoins leur préciser, tout de suite, que cet ouvrage au titre équivoque n'envisage pas le plaisir des sens, ne traite pas d'onanisme ni ne recense les techniques masturbatoires et les pathologies supposées qui s'y rattachent… La haute tenue morale de ce blog nous l'interdit !


La jouissance de soi-même ne doit présenter à l'esprit que le bonheur de posséder notre âme et d'en profiter avec patience conformément aux paroles de l'évangile. C’est pourtant une littérature souriante que Louis-Antoine Caraccioli (1719-1803) nous propose ici, lui qui a sillonné une partie des routes du continent pour nous ramener le fruit de son expérience.


Après une formation oratorienne, très poussée puisqu’il devint enseignant dans les meilleurs collèges de l’ordre, il se mit à voyager, d’abord en Italie, pays d’origine de sa famille paternelle puis en Europe Centrale, en Pologne et même en Hollande. Il exerça la tâche de précepteur auprès d’un fils de famille polonais, Seweryn Rzewuski qu’il accompagna dans son " Grand Tour ", passage obligé de la noblesse érudite de l'époque.


Ses voyages les plus importants cessèrent vers 1763, où il revint en France et s’installa comme littérateur. Ses premières oeuvres traitaient essentiellement de théologie mais très vite, il diversifia sa production et s’ouvrit aux analyses politiques ou historiques rédigées à partir de ses voyages ainsi qu'à des réflexions qui rendaient compte avec impertinence des préoccupations de son temps. C'est une étude de ce type que je propose aujourd'hui à la vente : La jouissance de soi-même ! Vaste programme...


Habile biographe, il produisit également des monographies et s’attacha enfin à rédiger des textes épistolaires qui se voulaient un semblant de conversation écrite fondée sur le coq-à-l’âne et la digression. L’ensemble de son oeuvre fut marqué par une nette évolution vers une idéologie reprenant de plus en plus les options modérées des Lumières. C’est dans ce cadre favorable aux idées nouvelles que s’inscrit, semble-t-il, son enthousiasme pour la diffusion de la culture française.


Les réflexions qu'il nous soumet prouvent la cohérence de ses jugements. On constate cependant un fort légitimisme religieux dans sa pensée. La jouissance de soi même est pour lui indissociable de la foi chrétienne. On imagine bien que ce philosophe des lumières, en raison de ses opinions religieuses sera méprisé par les tenants des idées révolutionnaires. Il perdra ses revenus et vivra dans la misère. La Convention nationale lui attribuera néanmoins, en 1793, un secours annuel de 2 000 livres et à sa mort, dix ans plus tard, dans un état proche de l’indigence, il ne laissa à son fidèle domestique que 24 francs pour tout héritage et la recommandation de ses amis...


Faire connaître Louis-Antoine Caraccioli, aujourd'hui, tient donc un peu de la réhabilitation… Vous pourrez  juger des chapitres envisagés dans cet ouvrage en  cliquant sur les clichés si dessous. Pierre


CARACCIOLI [Louis]. La jouissance de soi-même. A Amsterdam chez E.Van Harrevelt, 1760. Un volume In-12. Reliure pleine basane marbrée, dos à nerfs, caissons ornés de motifs floraux dorés encadrés par filets et roulette, pièce de titre en maroquin cerise, roulette sur les coupes, toutes tranches jaspées, gardes colorées jaspées. [1f], xvj, 440 pp, [1f]. Menus défauts de reliure, intérieur parfait. 75 € + port

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