mercredi 22 juin 2011

Les confessions de J.J Rousseau dans une édition de grand luxe illustrée par Maurice Leloir..


Est-ce que l'on "offre" encore des livres ? Je ne dis pas "Est-ce que l'on achète encore des livres ? ". Que l'on soit bien d'accord ! Il suffit de voir le nombre de personnes qui lisent dans les transports en commun pour se rendre compte que le commerce du livre n'est pas mort. Je me suis posé cette question car j'ai comparé mon chiffre d'affaire à l'occasion de la fête de pères, que l'on peut considérer comme un événement propice aux cadeaux, à celui de mes deux garçons [l'un travaille à Décathlon et l'autre chez Jules]. Et bien je vais vous dire : C'est vraiment pas brillant de mon côté ;-)). Les papas auraient plus besoin de chemises et d'appareils de musculation que de livres, si vous voulez connaître le résultat de ma pertinente enquête…

C'est pourquoi je vous propose de vous offrir vous-même le magnifique ouvrage en deux volumes in-quarto que je vous présente aujourd'hui ! Il s'agit des Confessions de Jean-Jacques Rousseau dans une édition de luxe. Plutôt que de m'étendre (encore une fois) sur l'auteur, voyons donc si ce n'est pas l'illustrateur, Maurice Leloir, qui est ici à l'origine de la renommée de cette belle édition.


Maurice Leloir (1853 –1940) est issu d’une famille de peintres et d’illustrateurs. Élève de sa mère Héloïse née Colin (1820-1873), dessinatrice pour gravures de mode, puis de son frère Louis (1843-1884) qui fut deuxième prix de Rome en 1861, Maurice eut une carrière calquée sur celle de son frère aîné. La guerre de 1870 l’ayant empêché de poursuivre ses études aux Beaux-Arts, il se tourna vers l’illustration d’ouvrages classiques, ce qui accrut son goût pour le costume ancien et particulièrement celui du XVIIIe siècle. Cet intérêt particulier le poussa à devenir érudit en ce domaine peu étudié pour lui-même à cette époque, sauf par les costumiers de théâtre ou les peintres de genre historique.


C’est justement dans ce milieu artistique qu’évoluaient les Leloir. Ils se lièrent avec des peintres tels qu’Édouard Detaille, Gustave Jacquet, François Flameng, Robert de Cuvillon, Jules Worms, portraitistes et spécialistes du genre historique, et qui avaient rassemblé des costumes anciens dans leur atelier. La carrière de Maurice Leloir se confond avec celle de son frère jusqu’à la mort de ce dernier, que ce soit pour des travaux d’illustrations ou les activités de la Société des aquarellistes français fondée en 1878 dont ils furent membres tous deux, ainsi que leur cousin germain le peintre officiel Édouard Toudouze, auteur des tapisseries du parlement de Bretagne à Rennes.


À cette époque, Leloir est considéré comme le spécialiste infaillible des scènes historiques, et à ce titre il est sollicité par les imprimeurs de travaux publicitaires pour les maisons de nouveautés, épiceries fines et hôtelleries. Jusque dans les années 1920, on trouve sa signature sur les images du Bon Marché, les étiquettes et éventails de La Bénédictine, du vin Calvet, du champagne Clicquot ou du chocolat du Planteur. Par ailleurs, on lui commande alors des ensembles décoratifs, tels que le salon de la villa Tijuca d’Antonin Bordes à Saint-Jean Cap-Ferrat en 1903 avec des scènes de Trianon et Versailles au XVIIIe siècle et, en 1923, des scènes époque Louis XIV au plafond et sur les frises du salon de thé de la marquise de Sévigné boulevard de la Madeleine ; enfin, il est appelé à Hollywood par Douglas Fairbanks en 1928 pour créer les costumes et décors du film Le Masque de fer.


Dans les années 1930, comme ses collections de costume étaient présentées partiellement dans les salles du musée Carnavalet, Maurice Leloir, qui en avait le soin, poursuivait inlassablement sa quête d’un lieu pour son musée, mais sans succès. Celui-ci ne fut d’ailleurs véritablement créé qu’en 1956. Déçu dans son grand projet, Leloir décida de se consacrer à la publication de son Histoire générale du costume illustrée dont seuls les volumes VIII à XII ont paru à partir de 1933 chez Henri Ernst, éditeur d’ouvrages de référence d’art décoratif.


Leloir, qui les voulait avant tout d’un maniement clair, avait choisi un descriptif succinct des pièces de vêtements d’hommes, de femmes, d’enfants et d’accessoires expliqués par des extraits de textes anciens et illustrés de dessins de sa main d’après des documents graphiques ou de véritables costumes, des planches hors-texte complètent le volume. Enfin, il passa les toutes dernières années et même ses derniers jours à terminer les croquis et les textes de son grand Dictionnaire du costume et de ses accessoires, des armes et des étoffes, des origines à nos jours paru après sa mort en 1951 et qui est une référence en la matière.


Mais, je ne vous ai pas parlé d'Auguste Racinet, me direz-vous ! Lui aussi, et un peu avant Leloir, s'est particulièrement intéressé au costumes et aux ornements polychromes. Nous en parlerons demain. Pierre


ROUSSEAU (Jean-Jacques). Les confessions. Paris, Librairie artistique H. Launette et Cie éditeurs, 1889. Deux volumes grand in-4, XXIV-273 pp. et 383 pp, 1782 (livres I-VI), 1789 (livres VII-XII). Reliure demi-chagrin havane à coins, dos à nerfs, titre doré, caissons entourés de filets dorés, tranche supérieure dorée, couverture illustrée conservée. Préface de Jules Claretie. Edition de grand luxe sur papier vélin du Marais. Les dessins de Maurice Leloir ont été gravés à l'eau-forte par Boulard, Ruet, Abot, Champollion, Milius, Mordant et Teyssonnières, le tirage a été réalisé par Ch. Chardon. Des rousseurs clairsemées. Le texte publié par H. Launette a été fidèlement reproduit, à l'exception de quelques erreurs manifestes. Afin de respecter le texte de cette édition, les lacunes n'ont pas été complétées. L'orthographe a été partiellement modernisée, à l'exception de celle des noms propres (ex.: Chambéri, Yverdun, etc.).Vignettes de titre et de chapitre. 96 planches hors texte gravées à l'eau-forte par les premiers artistes (Champollion, Bouillard, Huet). Très belle reliure. Vendu

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Le véritable visage de Rousseau se dessine peu à peu dans le filigrane de ses confessions. François Mauriac