lundi 28 février 2011

Causerie du lundi de Philippe Gandillet : Des hommes, des dieux et des livres d'église…


J'arrive de la cérémonie des Césars où j'accompagnais Frédéric. Pas d'interpellation au Ministre de la Culture, pour cette fois ! Il en était stupéfait et même fort marri, car enfin, si un Ministre de la Culture n'est pas contesté aux César, est-il vraiment ministre ?

Cette cérémonie a vu la consécration du film de Xavier Beauvois "Des hommes et des dieux", retraçant la vie des moines de Tibhirine. Une opportunité pour les croyants de promouvoir une foi apaisée et pour les libraires de vendre des ouvrages d'église…


C'est donc pour répondre à l'afflux vraisemblable de clients à la boutique de Pierre, cette semaine, que je vous présente un livre qui comblera les personnes désireuses de surfer sur la mode "catho" que ne manqueront pas de suivre toutes les célébrités du gotha mondain écologico-tiersmondiste… "Je pense aux frères. La force du cinéaste c'est de mettre en lumière la parole d'intelligence de ces hommes et leur abnégation", expliqua le réalisateur, qui passa ensuite sur le terrain de la politique. Cette pensée me rappela un passage que je venais de lire dans l'ouvrage que je vous présente et qui a dû influencer le choix de ces moines :

" Si Dieu vous appelle à la dignité, obéissez, il vous donnera les grâces nécessaires pour porter le fardeau qu'il aura mis sur vos épaules. Recherchez avec empressement de souffrir pour Jésus-Christ, d'être humilié comme lui, c'est un honneur que vous pouvez briguer hardiment ! C'est un honneur que Jésus fit à Saint Jean, son favori, de lui faire boire le calice de sa passion où il avait bu lui-même. "


Et voilà ce qui se passa pour notre apôtre Jean : Auréolé de son pouvoir de faire des miracles, l'Empereur Domitien, l'appelle à Rome et le fait plonger dans une cuve d'huile bouillante. Cette dernière se transforma en bain rafraîchissant ; par quel miracle, je ne sais… Ce supplice eut lieu près de la porte menant vers le Latium nommée depuis porta Latina. C'est d'ailleurs pourquoi Saint Jean Porte latine est le nom d'une fête de l'Église célébrée en l'honneur de Saint Jean, apôtre et évangéliste. Jean termina sa vie terrestre à Ephèse où il se consacra à l'écriture de son évangile, vous le savez.


Originellement saint patron des vignerons et tonneliers, Saint Jean devint patron des ciriers, des imprimeurs et des typographes. Les libraires se le partagent avec Saint Laurent. Pour ces derniers, les explications sont multiples : La Porte latine avait peut-être, avec ses deux battants, la forme d'un livre ; les imprimeurs utilisent des encres grasses, d'où la référence à l'huile ; enfin, Saint Jean a écrit des ouvrages importants comme son Évangile et l'Apocalypse. Pour les vignerons et les tonneliers, l'explication vient d'un jeu de mots en français : Saint Jean porte la tine. La tine désigne une cuve, comme celle, remplie d'huile, où on l'a précipité. De fait, Saint Jean est souvent représenté portant un tonneau, parfois de grande taille, d'autres fois réduit et muni d'un manche, ce qui le fait ressembler à un maillet, qui est aussi l'outil du tonnelier. Mais je m'égare…


L'ouvrage que j'ai choisi sur les rayonnages de la librairie est un livre d'heures, un bréviaire pour laïc en quelque sorte... Vous y trouverez, outre des prières pour les heures de la journée, des sujets de méditation comme celui présenté dans cette causerie, quelques oraisons, l'ordinaire de la messe, deux offices et quelques antiennes… Donc un recueil indispensable aux fidèles et sous un format de poche bien pratique pour une prise en main régulière dans la journée. Les bibliophiles qui souhaitent joindre l'utile et l'agréable apprécieront la reliure flatteuse et les élégantes dentelles des plats. Un détail : Si vous avez la chance de vous prénommer "Joséphine", ce livre est fait pour vous. Si vous vous appelez "Delorme", c'est un signe de la providence… Votre dévoué. Philippe Gandillet.


D. de S (R.P). Heures françaises et latines dédiées à la reine, contenant (….). Avignon, chez Laurent Aubanel, 1808. Fort in-18 (13,5 x 8). Reliure maroquin cerise à long grain, dos lisse avec filets et motifs (cœur transpercé), pièce de titre en lettres dorées, plats avec encadrement de filets et dentelle. Prénom sur le premier plat et nom sur le dernier plat en lettres dorées, tranches dorées (reliure d'époque). Frontispice. Bel exemplaire. Quelques menus défauts dont une usure de la dorure des tranches. Cet exemplaire a été souvent tenu en mains… Vendu

samedi 26 février 2011

Le monde et la science : La fée électricité...


C'est une information relayée par René de BLC qui m'a donné l'idée de lui demander un billet. On allume une ampoule, la lumière jaillit et on ne s'émerveille jamais à ce petit miracle ! Je ne dis pas qu'il faille faire un " Ohhhhhhhhhh!!!!......" à chaque fois que l'on tourne un interrupteur mais une petite moue de gratitude serait la bienvenue.


Longtemps, les lampes à incandescence utiliseront un filament de carbone. Réputées pour leur longévité, quelques unes étaient encore en service dans le métro parisien à la fin des années 1950. Ainsi, depuis 1901 au plafond de la caserne des pompiers de Livermore (Californie), brille sans interruption une ampoule, l'Ampoule centenaire, désormais filmée en permanence par webcam, les deux premières étant d'ores et déjà, quant à elles, tombées en panne...


Obsolescence programmée :

Le réfrigérateur qui tombe en panne après quelques années de fonctionnement, l'automobile qui commence à se transformer en oxyde de fer dès les premiers kilomètres, l'ampoule économique dont la durée de vie annoncée de 10000 heures se voit réduite de moitié si ce n'est plus, tout cela fait partie d'un programme d'obsolescence voulue.


Cette désuétude programmée n'est d'ailleurs pas seulement basée sur les défaillances techniques mais aussi sur les défaillances psychologiques des utilisateurs : Le téléviseur qui fonctionne encore très bien mais qui ne peut pas recevoir la TNT, qui ne peut restituer les images en 3D est sur le chemin de la déchetterie où il sera accompagné par le dernier portable auquel il manque l'éplucheur de patates et le presse-agrume motorisé. Ne parlons pas des ordinateurs dont la vitesse et la capacité mémoire ne cessent de croître pour digérer les programmes de plus en plus pléthoriques et les publicités animées qui polluent, jusqu'à la nausée, la plupart des sites Internet. (Et alors, Pierre, où sont vos pubs ?)


Un des premiers objets d'utilisation courante à avoir été la victime d'une mort annoncée fut semble-t-il l'ampoule à incandescence. Après de nombreux tâtonnements à la fin du XIXeme siècle les ampoules à filament de carbone avaient atteint une longévité qui laisse rêveur.


Le livre moderne est-il lui aussi victime de cette course à la consommation imposée ? On ne peut que répondre par l'affirmative quand on considère la vitesse avec laquelle le livre de grande production perd ses feuilles sans attendre l'automne ! Les auteurs eux-mêmes se consomment et se consument à vive allure. Quelle place le livre électronique va-t-il occuper dans ce contexte déprimant ? Et, pour reprendre les affiches de Pierre, ici , quelle place sera réservée au libraire, dans l'avenir ? Ce petit billet n'est pas innocent puisqu'il va permettre à notre libraire tarasconnais de mettre en vitrine, sous un éclairage éco-responsable, un de ses précieux ouvrages sur la science et l'Électricité, en particulier ;-))

Une expérience qui m'a été suggérée par Bernard sur une ampoule à filament de carbone :



Lorsqu'on en approche un aimant, le filament est animé d'un tremblement à 50 Hz. Je n'ose pas approcher l'aimant trop près du filament car il se met à vibrer tellement fort que je crains qu'il ne se brise ! Ô mânes des hommes illustres, Oersted, Ampère, Faraday, ... Vibrez à l'évocation de votre nom par des expérimentateurs du XXIe siècle, derniers vestiges contemporains des dinosaures. René


COLLECTIF : BLERIOT / BRANLY / CHARCOT / DE LAUNAY / CARNOT .... Le monde et la science, Tome I. De abattoir à Eaux minérales… Paris, Librairie Folatre. Sans date (1930). Reliure éditeur demi basane. 250 x 320 mm. Plusieurs illustrations et photographies par page. 959pp. Aviculture, architecture, aviation, champagne, confiserie, cuir, cinématographe, porcelaine, fonte, fer et électricité… Bon état. 50 € + port

vendredi 25 février 2011

La Maison Quantin. Œuvres de Titien, Holbein, Van Dyck, Boucher, Barye…


Fondée en 1876 par Albert Quantin, l'imprimerie-librairie qui porta son nom se fit une place de choix dans l'édition de livres luxueux pour enfants, pour adultes avec une prédilection pour les ouvrages d'art de grand format sur beau papier et dans l'édition de livres religieux. Située 7 rue Saint-Benoît, la fabrique fut agrandie par Albert Quantin qui lui ajouta les numéros 5, 9, et 11.


Se consacrant d'abord aux travaux d'imprimerie, Quantin reprend le fonds réputé de la maison d'édition de Jules Claye, maison réputée du second Empire Le développement d'ateliers de reproduction, de taille-douce et de gravure, grâce à l'achat d'un matériel de pointe, lui permet de se spécialiser dans le livre d'art et de s'imposer dans le domaine des ouvrages illustrés de luxe. À sa qualité d'imprimeur, il ajoute celle d'éditeur et travaille à la constitution d'un catalogue riche et varié. Dans le domaine des beaux-arts, il édite les œuvres complètes de Manet, Rembrandt, Boucher, Van Dyck… dont je vous propose, aujourd'hui, quelques ouvrages à la vente. En littérature, il réunit en de beaux volumes illustrés les œuvres de Balzac, Flaubert, George Sand, Vallès ou Goethe. Associé au célèbre Jules Hetzel, il publie également les œuvres complètes de Victor Hugo. Possédant le monopole de l'imprimerie du Palais-Bourbon, il en publie les comptes-rendus analytiques. À cela s'ajoutent d'autres collections spécialisées : une « bibliothèque parlementaire », une « militaire » et une « populaire ».


Le catalogue de la Maison Quantin fit aussi une large place au livre à images avec la collection d'albums pour la jeunesse, qu'il lance en 1885. Sous le titre d'Encyclopédie enfantine, cette collection introduit l'éditeur parisien dans le domaine du livre pour enfants qui se développe considérablement en cette fin de XIXe siècle. Son entrée dans l'édition enfantine s'accompagne, au regard des productions existantes dans le domaine, d'une volonté affichée de modernisation passant par la qualité artistique et littéraire d' « ouvrages faits dans le double but de plaire et d'instruire ». Beaucoup de grands éditeurs de la fin du 19eme siècle étaient des humanistes… Nous pourrions sans mal en faire la liste.


Je ne verrais qu'un seul défaut à ces ouvrages. Ils ne rentrent plus dans nos bibliothèques étriquées et nos tables de travail sont si petites pour les feuilleter… Pierre


BALLU (Roger). L'Oeuvre de Barye. Maison Quantin, Paris 1890 - grand in-folio (32 x 45 cm), XXXII-186 pp. Reliure pleine toile de l'éditeur avec encadrement d'un filet rouge et nom de l'artiste. Préface d'Eugène Guillaume. 80 planches hors texte en héliogravure, eaux fortes sur hollande et nombreuses vignettes dans le texte. Edition originale de cet ouvrage de référence sur l'oeuvre du grand sculpteur animalier Antoine-Louis Barye (1795-1875). Exemplaire en bel état. Beau papier vélin sans rousseurs. Intérieur et planches d'une grande fraîcheur. Vendu


MANTZ (Paul). François Boucher. Lemoyne et Natoire. Ancienne maison Quantin, Paris, sd (1890). Reliure pleine toile de l'éditeur avec encadrement d'un filet rouge et nom de l'artiste.194pp. In folio. Nombreuses gravures dans le texte, bandeaux, lettrines et culs-de-lampe et 32 gravures hors texte avec serpente: 1 portrait de Boucher par Lalauze d'après Lundberg, 1 gravure d'après Lemoyne, 2 d'après Natoire, 27 d'après Boucher et 1 d'après Baudoin. Index. Table des gravures hors texte et dans le texte contenues dans le volume. Exemplaire en bel état. Beau papier vélin sans rousseurs. Intérieur et planches d'une grande fraîcheur. 200 € + port


MANTZ (Paul). Hans Holbein. Dessins et gravures sous la direction de Édouard Lievre. Ancienne Maison Quantin, Paris, s.d. (vers 1890). 201pp. Reliure pleine toile de l'éditeur avec encadrement d'un filet rouge et nom de l'artiste. In folio. Frontispice. Nombreuses bandeaux, vignettes, culs-de-lampe et illustrations dans le texte, 27 planches gravées hors-texte avec serpente (24 d'après Édouard Lièvre et 3 planches gravés par Ch. Courtry, H. Valentin, et H. Lefort). Catalogue des peintures de Holbein. Index. Table des gravures hors texte et dans le texte contenues dans le volume. Les fleurons, les lettres ornées et les culs-de-lampe des chapitres sont gravés d'après Holbein. Exemplaire en bel état. Beau papier vélin sans rousseurs. Intérieur et planches d'une grande fraîcheur. 200 € + port


LAFENESTRE (Georges). La vie et l'œuvre de Titien. Ancienne Maison Quantin. s.d. (vers 1890). Reliure pleine toile de l'éditeur avec encadrement d'un filet rouge et nom de l'artiste. In-Folio. Relié. 326 pp. Eau-forte en noir et blanc en frontispice. Illustré de nombreuses eaux-fortes et gravures en noir et blanc dans le texte et sur planches hors texte. 1477-1487, Pieve di Cadore, La Famille Vecelli, Enfance de Titien. Venise à la fin du XVe siècle, commencements de la peinture vénitienne. Giorgione... Exemplaire en bel état. Beau papier vélin sans rousseurs. Intérieur et planches d'une grande fraîcheur. 200 € + port


GUIFFREY (Jules). Antoine Van Dyck. Sa vie, son oeuvre. Maison Quantin, Paris 1892, grand in-folio (32 x 45 cm). Reliure pleine toile de l'éditeur avec encadrement d'un filet rouge et nom de l'artiste. 302 pages. Frontispice portrait eau-forte avec serpente. Nombreuses planches gravées en eaux-fortes et en héliogravure, avec serpentes. Illustrations et gravures sur bois, en noir et blanc, dans le texte et hors-texte. A Antoine Van Dyck, sonnet par Sully Prudhomme. La famille de Van Dyck, Van Dyck chez Van Balen et chez Rubens, Ses premières oeuvres. Séjour de Van Dyck en Italie. Catalogue de l'oeuvre... ... Exemplaire en bel état. Zone insolée sur le premier plat. Beau papier vélin sans rousseurs. Intérieur et planches d'une grande fraîcheur. 180 € + port

mercredi 23 février 2011

Le drame des successions : Edition In folio des œuvres de J.J. Rousseau chez Gabriel Dufour éditeur.


Il m'arrive de constater des choses navrantes lors de partages de bibliothèque familiale…

C'est pourquoi, j'engage les bibliophiles à prendre soin des livres qui les ont enchantés, après leur disparition ! L'expression "Après moi, les mouches !" a un côté "j'm'enfoutiste" qui m'irrite.

J'admets qu'il faille mourir, j'admets aussi que l'on puisse complètement bâcler sa "dernière phrase" et ne pas laisser l'image du littérateur génial que l'on serait en droit d'attendre de la postérité, j'admets qu'on puisse découvrir sous les plus beaux maroquins aux armes de vos rayonnages, la collection intégrale de Playboy ; j'admets que vous manquiez de rigueur dans le choix de vos livres et qu'en conséquence de quoi, aucune cohérence n'existe dans votre bibliothèque, j'admets que n'ayant jamais fait partager votre passion à votre épouse ou vos enfants, ces derniers puissent se désintéresser de la valeur de vos livres, j'admets aussi que, croyant à la réincarnation, vous vous régalez à l'idée de pouvoir vous racheter vos ouvrages pour une bouchée de pain, mais je n'admets pas que l'on se désintéresse sciemment du devenir de ses livres à sa disparition !!!


Si j'émets cette brève et singulière protestation, c'est parce que les deux ouvrages que je vais vous présenter à la vente, aujourd'hui (qui voudra me les acheter ?) sont le résultat d'un partage idiot. Pensez-donc ! Deux beaux in folio de Rousseau, chacun incomplet d'un tome, car partagés par des indifférents à la littérature suivant un manque de logique des plus évidents. Rousseau : Les confessions. Tome I / Rousseau : Emile. Tome II


J'imagine la conversation entre le frère et la sœur (on peut changer le scénario à sa guise en augmentant la fratrie) :

- Bon, on partage à quantité égale ?
- D'accord, mais pour ne pas faire de jaloux, on prend un bouquin de chaque ?
- Entendu. Rousseau, c'est pas un nageur ?
- J'chai pas. Il aurait fallu demander à Papa…

Ce genre de mésaventure n'arriverait jamais avec des billets de 50 € que l'on couperait en deux. Je vous propose donc de laisser dans votre tiroir de bureau, le testament de vos livres sous la forme de quelques recommandations simples.

- On ne sépare pas une collection
- On se fait aider par un ami bibliophile ou un expert si on hésite


Les ouvrages que je vous présente sont de toute beauté car à grande marge, imprimés dans un beau papier et parfaitement reliés mais un sort funeste s'attacha à cette édition dès sa sortie des presses. Imaginez ! Pas une seule gravure n'est présente dans les deux folios, bien que leur nombre et leur qualité soit mentionnée dans le préambule. On ne peut même pas incriminer un quelconque "tronçonneur de folio" d'être intervenu. Aucune déchirure ou irrégularité dans la reliure ne sont là pour l'expliquer. Cette édition a été reliée postérieurement sans ses illustrations, c'est tout !


Alors pourquoi vouloir me séparer de l'inséparable, me direz-vous ? Un ouvrage incomplet de son texte et de ses gravures n'a guère de valeur… Pour vous faire réfléchir au devenir de votre bibliothèque, peut-être ? Pour que vous me disiez à quelle période de sa vie, il faut s'en inquiéter, ce qu'il est bon de faire… Je rêve un peu en me disant que ces deux in folio sont le "graal" d'un bibliophile qui possèderait le petit frère et la petite sœur. Faisons un rêve… Pierre


ROUSSEAU (J.J). Œuvres de J.J.Rousseau, citoyen de Genève. Édition ornée de figures, et collationnée sur les manuscrits de l'auteur, déposés au comité d'instruction publique. A Paris, chez Defer de Maisonneuve, de l'imprimerie Didot le jeune, 1793. Émile. Tome II. Format in folio. Reliure en demi basane havane à coins, dos orné de nerfs avec filets et dentelles dorés, pièce de titre et tomaison en maroquin à lettres dorées. Page de garde en papier coloré. Reliure postérieure avec exlibris 1920. 548pp. Quelques épidermures, intérieur parfait. 60 € + port


ROUSSEAU (J.J). Œuvres de J.J.Rousseau, citoyen de Genève. Édition ornée de figures, et collationnée sur les manuscrits de l'auteur, déposés au comité d'instruction publique. A Paris et à Amsterdam, chez J.E Gabriel Dufour, successeur de Defer de Maisonneuve, de l'imprimerie Didot le jeune, AnVII. Les confessions. Tome I. Format in folio. Reliure en demi basane havane à coins, dos orné de nerfs avec filets et dentelles dorés, pièce de titre et tomaison en maroquin à lettres dorées. Page de garde en papier coloré. Reliure postérieure avec exlibris 1920. 528pp. Coiffe supérieure déchirée en partie, quelques épidermures, intérieur parfait. 60 € + port

mardi 22 février 2011

Le Cardinal de Bernis. Ecrivain, diplomate et homme d'église...


Je suis assez hermétique aux subtilités du langage et à la diplomatie en général… C'est donc à Jean-Pierre, fidèle lecteur du blogue, dont je connais l'élégance d'esprit, que j'ai demandé de nous présenter les œuvres d'un personnage du XVIIIeme siècle, non moins distingué que lui :

« J'ai réussi à obtenir tout ce que j'ai désiré justement mais la fortune m'a toujours disputé ses faveurs. Il a fallu les lui arracher... »

Le 3 novembre 1794, après la chute de Robespierre, mourût à Rome, au palais Carolis, François Joachim de Pierre de Bernis, né entre Ardèche et Rhône le 22 mai 1715 peu avant que s'éteigne Louis XIV.


Le Cardinal de Bernis - puisqu'il s'agit de lui - incarne l'homme du XVIII° siècle, à l'esprit toujours aux aguets et dont l'arrivisme bouillonnant se pare d'un époustouflant talent de séducteur : En somme, une sorte d'équivalent humain au champagne...

Renvoyé du séminaire, ce descendant d'ancienne noblesse désargentée décide de réussir grâce à son talent littéraire et par les femmes. Cela lui ouvre d'abord les portes des salons parisiens, de l'Académie Française, puis celles des boudoirs de Mme de Pompadour dont il sera à la fois l'agent et le conseiller, Il y fréquenta Voltaire qui l'affubla du surnom de « Babet la bouquetière », et cette complicité intellectuelle se poursuivit, au moins à titre épistolaire, entre eux jusqu'à la mort du Philosophe de Ferney,


Envoyé comme ambassadeur à Venise, où il se lie d'amitié avec Casanova (jusqu'à se partager la même maîtresse !), il y acquiert l'expérience dont il témoignera comme ministre tout-puissant dans le labyrinthe diplomatique des guerres européennes au cours des années 1750. Victime de la disgrâce royale, il entreprend une seconde carrière dans l'Église (reconversion classique des quinquagénaires...) Le voilà cardinal, Archevêque puis ambassadeur auprès du pape, à Rome, pendant vingt-cinq ans. Il tient le rôle d'un hôte fastueux et d'un observateur lucide de l'Ancien Régime finissant, servant de mentor à tous les diplomates qui vont façonner la carte de la nouvelle Europe.


Témoin inquiet de la Révolution, quoique rejeté par le nouveau gouvernement, il fit tout ce qu'il pût pour éviter une rupture fatale entre la France et la Papauté. Fidèle à ce qu'il fût, il accueillit à Rome de nombreux exilés et subvint jusqu'après sa mort à la subsistance de Mesdames filles de Louis XV. La vraie dimension de l'existence de cette homme - certainement trop oublié aujourd'hui – fut celle d'un aimable ambitieux qui parvint à ses fins sans blesser ni les bienséances, ni quiconque. Un honnête homme...


« Je n'ai jamais rien fait pour mériter mais je n'ai rien fait non plus pour démériter. » (Bernis à Brienne)

« Pour un homme qui veut le bien et qui pense avec élévation, il n'y a que deux choses en ce monde: la réputation et le repos... » Bernis, Mémoires

Jean-Pierre


BERNIS (M. Le Cardinal de). Œuvres complètes de M. Le C. de B*** de l'Académie Françoise. Dernière édition. A Londres, 1777, 2 petits volumes in-18 (format Cazin) reliés de l'époque, plein veau marbré fauve, encadrement de 3 filets dorés sur les plats, dos joliment orné, tranches dorées, page de garde en papier coloré. Tome I : VIII, (faux-titre., frontispice, titre et avertissement) et 219 pp. Tome II : faux-titre, titre, 164pp. Œuvres complètes qui sont une somme de réflexions pertinentes sur tout (le libertinage, les mœurs… Il savait de quoi il parlait) et de poèmes. Défauts de reliure aux coins, aux coiffes et deux traces de vers sur la reliure sans atteindre le texte. 50 € + port

lundi 21 février 2011

Causerie du lundi de Philippe Gandillet. Une belle et bonne jeune femme comme il en existe dans les livres…


Comme souvent le samedi soir, Pierre me laisse les clefs de sa librairie pour que je puisse y assurer une permanence le lundi. Il compte aussi sur ma petite causerie pour élever le niveau de ses billets qui sont souvent inconsistants… Comme je le félicitais de la présence de jeunes femmes charmantes dans sa boutique, constat envié par quelques lecteurs lubriques, il me posa cette question qui me laissa interdit :

" Et vous, maître, pourquoi ne vous êtes vous jamais marié ? "

Sans attendre ma réponse, il tourna les talons. Ce garçon n'a vraiment aucune éducation ! Je vais, néanmoins, essayer, d'en expliquer les raisons. Je ne peux plus rien pour certains lecteurs unis par les liens du mariage mais pour les autres…


Il faut savoir que les femmes sont d'un naturel plus gai et plus enjoué que les hommes ; je ne saurais d'ailleurs déterminer si cela leur vient de ce que leur esprit est plus léger… Quoiqu'il en soit, la vivacité est le don des femmes et la gravité est le propre de l'homme. J'admets que l'on puisse se méfier de ce penchant de la nature afin qu'il ne nous domine pas trop et qu'il y a autant d'excès chez l'homme à présenter de la rigueur et de la sévérité que chez la femme à mettre en valeur sa frivolité. Lorsqu'on observe pas ces précautions, l'homme dégénère en cynique et la femme en coquette ; l'homme devient lugubre et la femme impertinente. Ceux qui me connaissent savent que je ne suis ni cynique ni lugubre !


Nous pouvons conclure de ceci que l'homme et la femme ont été crées pour servir de contrepoids l'un à l'autre afin que les peines et les fatigues du mari puissent être adoucies par la bonne humeur de la femme. Lorsque ces choses sont réunies, la vigilance et la gaieté se donnent alors la main et la famille, comme un vaisseau paisible, qui ne manque ni de gouvernail ni de voile, peut affronter sans craintes les turbulences de l'existence à deux…

Ce doux voyage peut nécessiter, néanmoins, quelques escales si la nature a décidé d'adjoindre à nos tourtereaux une couvée abondante. Il en résultera que comme le mari et la femme sont unis pour la vie et que le gros du fardeau repose sur le premier, la femme devra donner à son époux des marques d'attachement, des manières flatteuses et obligeantes qui doivent animer ce dernier à travailler avec ardeur pour entretenir son foyer et éduquer ses enfants… Vous me suivez toujours ?


Eh bien, je dis, qu'à notre époque, les femmes préfèrent les hommes d'humeur badine et volage que les hommes de bon sens de ma trempe ! Lorsque vous voyez un beau parleur qui pérore dans les salons mondains, qui parle à haute voix, à tort et à travers, qui est d'une gaieté insipide et qui éclate de rire à tout bout de champs, vous pouvez être sûr que ce sera le favori des dames de cette assemblée… Quoi que je puisse l'infirmer par bravade, les seules fois où j'ai pu séduire une charmante jeune femme lors d'un dîner, c'est qu'on l'avait assise d'autorité à côté de moi pendant le repas, et que ne pouvant s'échapper, c'est contrainte et forcée qu'elle a cédé à mes avances et au bon sens de mes arguments.

C'est pourquoi, je ne me suis jamais marié !


Le bruit, les manières empressées et l'absence de vertus morales sont des choses auxquelles les femmes ne résistent pas. En un mot, la passion d'une femme pour un homme n'est autre chose que de l'amour propre tourné vers un partenaire à son image. A l'opposé de ça, j'aurais été un mari prudent et fidèle, un exemple de fiabilité et de mesure, un bon amant, quand même… Je ne suis malheureusement pas un beau parleur, vous le savez (sic) et c'est dans le dénuement le plus total, dans la plus profonde solitude que je terminerai mon existence sans jamais avoir été le précepteur éclairé d'un enfant… Mon clavier est inondé par les larmes. Je préfère casser maintenant sous les sanglots du public. Je vous propose un ouvrage choisi sur les rayonnages de la librairie. J'ai pris bien soin que mes pleurs n'aient pas taché les pages... Votre dévoué. Philippe Gandillet


VALTINE (Marie Alix de). Belle et Bonne. Histoire d'une grande fillette. Paris, Maurice Dreyfous éditeur. Petit in-4. Reliure percaline verte illustrée aux coins biseautés, dos illustré et pièce de titre en lettres dorées, dernier plat estampé aux chiffres de l'éditeur, toutes tranches dorées. Illustrations de Janel, 296pp. Bel état. 48 € + port

samedi 19 février 2011

Henri GUERLIN et l'abbé BOURASSE. Bâtisseurs de livres sur les Cathédrales…

Le hasard ne fait pas la beauté. Enfin, je ne crois pas…
Je me suis toujours demandé comment un non-croyant pouvait expliquer la beauté constante de la nature, comment il pouvait constater que l'homme a pu créer des beautés persistantes, telles les cathédrales, sans qu'il puisse admettre qu'il y ait une infime possibilité pour qu'une présence divine ait guidé cette création. Je ne dis pas que c'est une preuve éblouissante ! Je dis qu'on doit pouvoir émettre un doute sur l'athéisme comme on doit pouvoir discuter des dogmes de la religion. Comme Voltaire, j'aime à dire :
L'univers m'embarrasse, et je ne puis songer
Que cette horloge existe et n'ait point d'horloger…
Mais revenons aux Cathédrales : Il ne faut pas uniquement envisager la visite de ces monuments comme une distraction frivole que les catholiques doivent abandonner aux seuls esthètes. Il y a un lien intime entre la dévotion et la population qui a érigé ces cathédrales. La beauté pittoresque des lieux ne doit pas nous faire oublier que ces lieux consacrés sont aussi ; on ne peut ignorer le travail artistique des maçons, des tailleurs ou des peintres ; l'œuvre du divin ouvrier…


Il faut reconnaître que les églises catholiques sont plus belles que les autres ;-)) Une certaine ostentation, un amour du luxe et de la représentation divine l'expliquent. Les protestants compensent la froideur de leur temple par un accueil de meilleure qualité, il faut le reconnaître, et sur ce point, ils nous dominent. Je crois que pour célébrer la messe, ce sont les tenues des prêtres orthodoxes qui sont les plus belles. Quand aux mosquées et aux synagogues, quelquefois grandioses, c'est une particularité architecturale qui sautera aux yeux des féministes : Les femmes et les hommes sont séparés, les meilleures places étant pris par ces derniers !


Je vous propose ce petit voyage au cœur des cathédrales à travers deux ouvrages qui ont en commun leur présentation – une reliure polychrome tendant vers le doré – et leur état de conservation qui comblera le bibliophile. Il est à la fois utile et reposant d'aller méditer dans ces lieux de prière qui sont ouverts à tous. C'est là que l'on peut retrouver les traditions d'un peuple, d'une communauté et comprendre l'idéal qui les anime. Pierre


GUERLIN (Henri). Aux Pays de la Prière. Nouvelle édition entièrement refondue et augmentée. Tours, Alfred Mame et Fils, s.d. (v. 1900), format in-4, 400 pp, 143 photographies et gravures en noir, belle reliure pleine percaline éditeur ornée, premier plat décoré par Souze (brun ocre, vert et or), tranches dorées, bon exemplaire sans rousseurs. Petit fripé sur dernier plat. Notre-Dame de Paris, des Victoires, de Lourdes, de Fourvière, de la Garde, des Doms, de Chartres, du Puy, du Port, de la Guadalupe. Le Sacré Coeur de Paray le Monial, de Montmartre. Sainte-Geneviève, Bétharram, Gavarnie, Rocamadour, Padirac, Saint Antoine de Padoue, Sainte-Anne d'Auray, Quiberon, Saint-Louis de Carthage, La Salette, Sainte-Catherine-de-Fierboys, La Mont-Saint-Michel, Notre-Dame des-Aydes. Pèlerinages étrangers : Rome, Saint-Jacques de Compostelle, Fontarabie. Très bel état.Vendu


BOURASSE (Abbé). Les plus belles cathédrales de France. Tours, Mame et fils. 1885. Reliure percaline bleu ornée sur son premier plat d'un motif doré sur encadrement noir, dos avec lettres dorées, quatrième plat illustré d'un encadrement noir mentionnant le nom de l'éditeur. Toutes tranches dorées. Format petit in-4, nombreuses gravures, 366pp. Pas de rousseurs. Très bel état. 35 € + port