mardi 18 janvier 2011

Le socialisme chrétien de l'Abbé Lamennais.


Félicité Robert de Lamennais ou La Mennais (1782-1854) a du, par sa vie, ses écrits, ses prises de position exaspérer une grande partie de sa hiérarchie pendant le 19eme siècle. Il perdit sa mère en 1787 et fut élevé par un oncle à la Chesnaie, près de Dinan. Nous avons été en cela, voisins pendant quelques temps. Il était peu docile et son oncle dut souvent le punir. Pour cela, il l'enfermait dans une bibliothèque où se trouvaient tous les philosophes du XVIIIe siècle. Nous verrons que lire Rousseau quand on est jeune peut nuire gravement à la sainteté…

Il composa avec son frère aîné, Jean-Marie, et publia d'abord des Réflexions sur l'état de l'Église en France pendant le XVIIIe siècle et sur sa situation actuelle (1808), puis un traité de la Tradition de l'institution des évêques en France (1814). En 1809, pressé par ce même frère, qui était prêtre, il reçut la tonsure à Rennes mais il hésita plus de six années avant de s'engager davantage, et il fallut, pour qu'il se décidât enfin à recevoir l'ordination à Vannes en 1816, outre les objurgations de Jean-Marie, toute l'autorité d'un directeur, l'abbé Caron, qu'il avait rencontré en Angleterre, où il s'était réfugié lors des Cent-Jours par crainte de la police impériale, après la publication de son livre et d'un pamphlet contre l'Université.


De 1816 à 1834, la vie militante de l'Abbé de La Mennais est toute au service de l'Église catholique. Il la sert d'ailleurs à sa façon, qui inquiète plus qu'elle ne rassure le haut clergé en France et à Rome. Il publie alors, avec un grand succès, le premier volume de son Essai sur l'indifférence en matière de religion que je vous présente aujourd'hui. L'ouvrage eut successivement quatre volumes que l'autorité ecclésiastique censura systématiquement. Prêtre, il répudiait les doctrines gallicanes et se tournait vers Rome où il voyait l'unique recours du clergé contre les prétentions du pouvoir civil.


Lu avec enthousiasme dans les presbytères, il était assez mal vu dans les évêchés, et plusieurs prélats crurent devoir l'interdire aux prêtres de leurs diocèses. Sur la fin de février 1834, il remit à Sainte-Beuve, alors un de ses fidèles, un manuscrit pour l'impression : C'étaient les Paroles d'un croyant, que le pape Grégoire XVI condamna dans l'encyclique Singulari nos, du 15 juillet 1834.

La vie de Lamennais (c'est ainsi désormais qu'il écrit son nom) en sera considérablement bouleversée. Dès 1833, il propose à ses amis et ses laudateurs de substituer au mot de catholicisme celui de christianisme, comme exprimant mieux la raison et la nature humaine, et pour montrer qu'il ne voulait plus avoir affaire à la hiérarchie, il se présente désormais en homme libre.


Lamennais pour cela fut accusé par ses ennemis de s'être jeté dans la démagogie mais certains virent en lui le premier à prêcher le socialisme chrétien. Pour un peu, il aurait pu devenir prêtre ouvrier ! A vrai dire, il fut toujours partisan de la liberté, dans laquelle il voyait la condition du progrès, mais il ne renia jamais la religion.

Ses opinions lui valurent des amis nouveaux. Outre Sainte-Beuve et George Sand (qui songeait peut-être à lui dans son roman de Spiridion) on peut être surpris de savoir qu'il fut le proche du plus anticlérical de tous, Béranger


En 1848, il se fit élire député à l'Assemblée constituante mais suite au coup d'État du 2 décembre 1851, il se retira dans sa propriété de la Chesnaie en Bretagne. En 1854, il mourut à Paris "au milieu des pauvres et comme le sont les pauvres, sans que rien fût mis sur sa fosse, pas même une pierre. Son corps devait être porté directement au cimetière, sans être présenté à aucune église". Surprenant, non ? Pierre


LAMENNAIS (Félicité-Robert de). Essai sur l'indifférence en matière de religion. Paris, Tournachon-Molin et H Seguin éditeurs pour les deux premiers volumes. Tome I : 1818. 3eme édition. Tome II, EO, 1820. Paris, Librairie Classique-Élémentaire, 1823, pour les tomes III et IV en EO. Format in-8 de 2ff -562pp / 2ff – LXXXIV – 213pp / VI – 495pp / 2ff – 505pp + table. Plein veau raciné pour les deux premiers tomes, dos lisse orné de motifs et lettres dorées. Demi-basane havane pour les deux derniers tomes, dos lisse richement orné, pièces de titre et de tomaison dorées, tranches mouchetées pour les quatre volumes. Beaux exemplaires en parfait état. Menus défauts sur les reliures. 150 € l'ensemble + port

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