lundi 27 décembre 2010

Causerie du lundi de Philippe Gandillet : Des étrennes littéraires avec M. l'Abbé de Tressan…


Pas de chaland en vue, ce matin, alors que Pierre est à Lyon, en famille. Pourtant, trois personnes sont déjà passées à la librairie ! Malheureusement, c'était pour les étrennes… Je ne sais pas comment Pierre fait. Je ne sais pas comment vous faites. Moi, j'ai donné un livre à chacun : À l'éboueur, au facteur et au pompier de service.

Dès la plus haute antiquité, on en trouve l'usage dans la ville de Rome. Les magistrats ne recevaient-ils pas, en témoignage de respect, des rameaux cueillis dans le bois sacré de la déesse Strenia ? (d'où le nom d'étrennes)


D'après Jacob Spon, archéologue du XVIIeme siècle, cet usage commença à se rependre sous le règne de Tatius Sabinus qui reçut en guise de bon augure, de la verveine du bois sacré de la déesse en question. Est-ce à dire que les romains discernaient dans cette plante odorante, un symbole divin comme les druides gaulois vénéraient le gui, cueilli avec une serpe d'or selon les préceptes de Reneus Goscinnus, le premier jour de l'année ? Toujours est-il que la verveine ne tarda pas à céder la place aux dattes, au miel, au chocolat et aujourd'hui à un billet de banque de 5, 10, 15 ou 20 € selon la fortune du moment ?

Alors, pourquoi pas un livre ?


Au grand siècle, Mme de Maintenon ne donnait-elle point à Mme de Montespan un petit volume garni d'émeraudes et imprimé en lettres d'or, qui portait pour titre : Œuvres diverses d'un auteur de sept ans ? Ce très juvénile auteur n'était autre que le Duc du Maine…

Mme de Montespan ne faisait-elle pas hommage au monarque d'un livre relié d'or qui contenait les miniatures de toutes les villes de Hollande prises dans la campagne de 1762, légendées avec la description de ces campagnes faite par Racine et Boileau, eux-mêmes ? Que les bibliophiles avertis me détrompent si je mens…


Bien sûr, j'aurais pu dire à chacun, à la façon du Cardinal Dubois : " Je vous donne tout ce que vous m'avez dérobé dans le courant de l'année, tout ce que vous ne m'avez pas fait gagner par vos grèves stupides et tout ce que j'ai perdu par vos retards injustifiés ". Mais j'ai préféré me taire car Pierre aurait eu, alors, à subir une haine implacable. J'ai donc, avec toute l'hypocrisie nécessaire, choisi sur les rayonnages de la librairie un magnifique ouvrage en guise d'étrennes pour chacun d'eux. Il s'agit, bien évidemment, des Etrennes de la poésie française, d'Antoine de Baïf, intime de Ronsard.


Composé, pour l'essentiel, d'une suite de traductions grecques, cet ouvrage représente, en fait, une assez remarquable tentative de rénover, en France, l'alphabet, la langue et la poésie. Passons sur les détails de cette réforme linguistique et résumons le propos en constatant que notre langue a échappé, au XVIème siècle, aux codes exacts du langage S.M.S ! Nous en bénéficions, en partie, néanmoins depuis puisque deux lettres sont venues s'ajouter à notre alphabet de l'époque : le J distinct du I et le V différent de l'U. Mais je m'égare et nos préposés s'impatientent pendant cette petite parenthèse (ils sont encore là mais je ne sais ce qu'ils attendent, maintenant…)


Je les raccompagne à la porte si vous le voulez bien et vous propose d'acquérir, pendant ce temps, un livre que vous pourrez offrir, vous-même, pour les étrennes. Il s'agit d'un ouvrage traitant de mythologie. On y parle de Strenia, de Janus, de druides, d'Apollon, d'Hercule et de Colissimo, dieu ailé. Votre dévoué. Philippe Gandillet


TRESSAN (Abbé de). La Mythologie comparée avec l'Histoire. Tome I & II. A Paris, chez G. Dufour et E. Docagne, 1822. Septième édition suivie de recherches sur l'Ancienne Religion des habitants du Nord orné de seize Planches en taille-douce, dans le goût antique, représentant 75 sujets. Reliure plein veau raciné de l'époque. Format in-12. Dos lisse orné et doré avec pièce de titre et de tomaison. Tranches marbrées. Epidermures sur les plats et quelques trous de vers sur cuir. Coiffes accidentées et restauration amateur. Texte sans rousseur ni trou de vers. Cahiers très solidaires. 68 € + port

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Pas de chaland en vue, non plus sur le blogue ;-))

Il serait, peut-être, plus judicieux de proposer du citrate de Bétaïne ou du Maalox... Philippe Gandillet