samedi 30 octobre 2010

La loi des séries : Les oeuvres complètes d'Anatole France


La loi des séries continue… Mon penchant me pousserait plutôt à rechercher de belles éditions d'Anatole France mais il peut être utile de posséder l'ensemble de ses œuvres pour en connaître les différents aspects. J'ai d'abord découvert Anatole France avec Le crime de Sylvestre Bonnard et c'était le sujet de mon premier billet quand j'ai commencé à animer ce blogue, il y a maintenant 285 billets… Et puis, un homme qui aime les bouquinistes ne peut être foncièrement méchant !


"Les bouquinistes, ces braves marchands d'esprit qui vivent sans cesse dehors... sont si bien travaillés par l'air, les pluies, les gelées, les brouillards et le grand soleil, qu'ils finissent par ressembler aux vieilles statues des cathédrales."

Le 12 octobre 1924, il y a 86 ans mourrait Anatole FRANCE. Quelque peu oublié aujourd'hui, sa présence cependant plane toujours sur les quais. Quel bouquiniste des quais de Paris ne le connaît pas même s'il ne l'a lu dans le texte ? Nos anciens ont perpétué son souvenir. Il n'est pas d'écrits sur les bouquinistes qui ne l'évoque car non seulement il a su si bien parler d'eux mais les a aussi fréquentés.


"Ils sont tous mes amis et je ne passe guère devant leurs boîtes sans en tirer un bouquin qui me manquait jusque là, sans que j'en eusse le moindre soupçon..." disait-il. Louis Lanoizelée se souvient que souvent en fin de journée un bouquineur très âgé arrivait lentement appuyé sur une solide canne... et venait causer... Au cours de la conversation, il nous demandait toujours : " La journée a-t-elle été bonne aujourd'hui ? "


Anatole France (François-Anatole Thibaut) est né sur le quai, le 16 avril 1844 au 19 du quai Malaquais. Son père François-Noël Thibaut dit "FRANCE" y était libraire. A partir de 1853, le libraire FRANCE comme le nommait fièrement Anatole s'installa au 9 quai Voltaire. "Le maître" comme plus tard on le titra a vécu son enfance sur le quai. Aussi il n'est pas une maison dont il ne connut l'histoire.


Plus tard, lorsqu'il habita les Champs-Elysées il ne manquait pas de revenir au moins une fois par semaine sur les lieux de son enfance "pour prendre l'air des quais. Ce n'était pas pour se rendre à l'Académie qu'il fréquentait peu... Un moment il s'arrêtait sur le pont des Arts et regardait la pointe de l'île qu'il trouvait "le plus beau lieu du monde". Le 18 octobre 1924, non loin de l'ancienne boutique de son père, sur le quai Malaquais, fut dressé son catafalque. Et pendant trois heures les discours amplifiés par un porte-voix se répétaient en écho sur les quais. La foule y était immense. C'étaient les funérailles nationales d'Anatole FRANCE. Convenons que sans doute, puisque la Seine est le vrai fleuve de gloire, les boîtes étalées sur les quais lui faisaient une digne couronne... "Il est certain que le spectacle des bouquins étalés sur les quais incline l'âme à mépriser la gloire " avait-il écrit.


"Celui qui s'avança avec tant de paresse et de lenteur vers la gloire" pour citer Pierre Champion était alors considéré comme un des plus grands écrivains ; "Le monde entier est en deuil", titraient les journaux de l'époque. Quelques années suffirent pour que ce prix Nobel passe du pinacle aux oubliettes. Sur ce blogue, pourtant, sa mémoire reste... Pierre


FRANCE, Anatole: Oeuvres complètes illustrées. En 25 volumes (le tome 25 manque ; les tomes 24 et 25 originaux étant parus 2 ans après la série complète des œuvres en 23 volumes et regroupant des textes épars). Paris, Calmann-Lévy, 1925-1930, volumes petits in-4, brochés. Chaque volume env. 600 p., Dessinateurs: Edgar Chahine, Maxime Dethomas, Xavier Prinet, André Marty, Edy Legrand, Carlègle, Hermann-Paul, Georges Leroux, Émilien Dufour, Maxime Dethomas, Mirande, Bernard Naudin. Graveurs: Maggie Salcedo, J.-A. Hofmann, E. Gasparini, P. & A. Baudier, J. Malcouronne, Jean Vital-Prost, Roubille, Louis Caillaud, A. Latour, Émile Colin, Gabriel Belot, R. Dill.


1) Alfred de Vigny: Étude. - Poésies: Les Poèmes dorés - Idylles et légendes - Les Noces corinthiennes. / 2) Jocaste et le chat maigre - Le Crime de Sylvestre Bonnard. / 3) Les Désirs de Jean Servien - Le Livre de mon ami. / 4) Nos enfants - Balthasar. / 5) Thaïs - L'Étui de nacre. / 6) La Vie littéraire. 1re et 2e séries. / 7) La Vie littéraire. 3ème et 4ème séries. / 8) La rôtisserie de la Reine pédauque - Les Opinions de Jérôme Coignard. / 9) Le Lys rouge - Le Jardin d'Épicure. / 10) Le Puits de Sainte Claire - Pierre Nozière. / 11) Histoire du mail - Le Mannequin d'osier. / 12) L'Anneau d'Améthyste - M. Bergeret à Paris. / 13) Clio - Histoire comique - Sur la pierre blanche. / 14) Crainquebille (Putois, Riquet et plusieurs autres récits profitables) - Crainquebille (Comédie en trois tableaux) - Le Mannequin d'osier (Comédie en quatre actes) - Au petit bonheur (Comédie en un acte). / 15) Vie de Jeanne d'Arc, I. / 16) Vie de Jeanne D'Arc, II. / 17) Rabelais - Auguste Comte - Pierre Laffitte. / 18) L'île des pingouins - La comédie de celui qui épousa une femme muette. / 19) Les cones de Jacques Tournebroche - Les sept femmes de la barbe-bleue. / 20) Les Dieux ont soif / 21) Le génie latin - Les poèmes du souvenir. / 22) La révolte des anges. / 23) Le petit Pierre - La vie en fleur / 24) Pages d'histoire et de littérature. Bon état général, dos un peu bruni, très bel état intérieur sur beau papier. Édition publiée sous la Direction de Gérard Le Prat. 270 € + port

vendredi 29 octobre 2010

La loi des séries : Walter Scott


Fasciné par le passé de l'Ecosse, Walter Scott est le père d'un genre littéraire, le roman historique. S'il fallait rendre un seul mérite à l'auteur – passons pour cette fois sur son œuvre – c'est d'avoir permis aux écossais de mettre un Kilt dont le port avait été interdit par une loi du Parlement en 1746 !

Qui n'a pas rêvé devant les films d'Ivanhoé, ce film magnifique mettant en scène Elizabeth Taylor au sommet de sa beauté, donnant la réplique à Robert Taylor ? La trame des récits d'Ivanhoé ou encore de Rob Roy, le Robin des Bois d'Ecosse, film sorti en 1995 est, en fait, tirée des romans de Sir Walter Scott.


Cette figure de proue du courant romantique anglais est né en 1771 à Edinbourg. Scott est issu d'une famille appartenant à un clan écossais très connu. Les chansons flokloriques, les poèmes et les traditions de ce clan ont inspiré Sir Walter Scott tout au long de sa vie. Tout jeune, il lit Shakespeare, il se nourrit de poèmes et des contes teintés d'histoire que l'on raconte au coin du feu. Il puise également dans la littérature latine et grecque et s'en nourrit tout au long de son adolescence. Il lit l'italien, le français, l'espagnol... Scott est avant tout un passionné de lettres.


Il publiera une trentaine de romans, d'innombrables poèmes et chants poétiques au cours de sa vie. La caractéristique des romans de Scott est qu'il s'inspire principalement de l'époque médiévale et de l'histoire romancée de l'époque pour composer ses romans. Sa popularité est immense de son vivant, et elle tient principalement au fait que ses romans historiques répondent aux goûts des lecteurs de l'époque. Est-il encore du goût des lecteurs d'aujourd'hui : J'espère ;-))


Malgré ses difficultés financières, le succès de Scott fut énorme, tant en Angleterre qu'à l'étranger : En France par exemple, Ivanhoé fut largement apprécié et le roman de Scott lança le genre du roman historique dont on va trouver des traces chez des auteurs au talent aussi immense qu'un Balzac (Les Chouans) ou bien sur à Alexandre Dumas, avec les Trois Mousquetaires notamment.


Souffrant énormément des suites d'une poliomyélite, perclus de rhumatismes (et de dettes), Scott prenait de fortes doses de laudanum et écrivait parfois ses romans dans un état de transe... Sir Walter Scott mourut en 1832, laissant une œuvre immense.


La série que je vous présente est de très belle facture. Les rousseurs sont assez faibles pour l'ensemble, cependant marquées pour certains cahiers, ce qui permet une lecture facile d'autant que les marges sont grandes. Quelques traces de mouillures claires anciennes ôtent beaucoup de valeur financière à l'ensemble. Il faut donc en profiter ! Pierre


SCOTT / DEFAUCONPRET. Œuvres de Walter Scott. Furne - Pagnerre - Perrotin, Paris. 1860. In-8. Reliure demi-chagrin vert empire, plat en percaline de la même couleur, pièce de titre et tomaison en lettres dorées, filets sur les nerfs. Tranches mouchetées.Rousseurs fréquentes mais peu marquées et traces de mouillure claire sur quelques ouvrages. 2 Gravures hors texte en noir et blanc par ouvrage. Lettrines en noir et blanc dans le texte. Tous les coins et toutes les coiffes sont en bon état. Reliures très peu frottées. Bel état d'ensemble.

- I. Waverley - II. Guy Mannering – III L'antiquaire - IV. Rob-Roy - V. Le nain noir, Les Puritains d'Ecosse. - VI. La Prison d'Edimbourg. - VII. La fiancée de Lammermoor, L'officier de Fortune - VIII. Ivanhoé - IX. Le Monastère - X. L'abbé, - XI. Kenilworth. - XII. Le Pirate. - XIII. Les aventures de Nigel - XIV Peveril du Pic. XV. Quentin Durward. - XVI. Les Eaux de Saint-Ronand - XVII Redgauntlet, XVIII. Le Connétable. - XIX. Richard en Palestine- XXI. Les chroniques de la Conongate. - XXII. La jolie fille de Perth - XXIII. Charles le Téméraire. - XXIV. Robert de Paris. - XXV. Le château périlleux. Histoire de la démonologie et de la sorcellerie. Il manque à cette série le tome XX. Retiré de la vente

jeudi 28 octobre 2010

Abrégé de l'histoire générale des voyages par La Harpe. Une édition complète...


A la suite d’un travail qui avait été engagé en Angleterre, l’abbé Prévôt (1697 /1763) s’était lancé dans la compilation et la traduction des nombreuses relations d’expéditions et de voyages si à la mode au 18e siècle (Histoire générale des voyages - 15 vol). Mais cette compilation " souffrait d’être alourdie de multiples relations purement nautiques liées à la navigation, d’être également sans ordre, les pays et les contrées traversés étant sans cesse entremêlés, enfin le style était parfois sans rapport avec l’importance de certains récits ".

 
La Harpe s’est donc efforcé dans ce présent ouvrage d’élaguer ce qu’il considérait comme inutile et sans aucun intérêt, de mettre de l’ordre et de la clarté « de manière qu’on ne perdît pas un pays de vue, sans avoir appris tout ce qu’il pouvait offrir de curieux et d’intéressant » ; tout en conservant soigneusement les relations de première main, en ne modifiant pas les descriptions des lieux et des mœurs, et en ajoutant les voyages effectués depuis la parution de l’ouvrage de l’abbé Prévôt, notamment les fameux voyages de Cook… Qui est donc, cet auteur qui a fait le bonheur des illustrateurs, la richesse des éditeurs et la satisfaction des propriétaires et des bibliophiles ? Jean-François de La Harpe (1739 /1803) est un écrivain très proche des encyclopédistes même si, à la fin de sa vie, sa conversion à la religion a pu l'écarter des préceptes philosophiques de la révolution. Ami de Voltaire, de d'Alembert et de Buffon, il fut un membre émérite de L'Académie Française. Son Cours de littérature (paru en 1799), qui rassemble en 18 volumes les leçons qu’il avait données pendant douze ans laisse, d'ailleurs, le souvenir d'un bon pédagogue.


La relation qu'il fit des voyages effectués au 18eme siècle rapporte une description des sauvages dont Rousseau n'a pu que s'inspirer pour asseoir ses idées sur les rapports de l'homme et de la société. Il nous décrit l'indigène ainsi :


1. Les indigènes sont différents, mais leurs mœurs rapportées à celles des Européens ne sont pas si extraordinaires dès lors qu’on les analyse avec un peu de recul, et en particulier en jouant de l’inversion des rapports.
2. Leurs mœurs sont parfois très proches : « Les délibérations et la composition de cette assemblée me rappelèrent étrangement notre Parlement de la Grande-Bretagne » (Drury, op. cit., p. 143)
3. Les indigènes valent mieux que les Européens sur certains points (ce qu’on est convenu d’appeler l’éloge paradoxal ; en particulier, on trouvera d’innombrables textes concernant la religion) :
4. On rencontre chez les indigènes des bons comme des méchants, des histoires cruelles comme des histoires touchantes, exactement comme dans l’histoire européenne.
5. Enfin, les mœurs des indigènes sont loin d’être uniformes, et peuvent varier d’un royaume à l’autre autant que d’un royaume à un autre royaume européen.


Malgré tous ces bons sentiments, ce bon sens, ces ouvrages n'étaient pas exempts d'un gros soupçon de racisme... Le plus important pour le voyageur que vous vous apprêtez à devenir, maintenant, est de présenter l'index de ces 30 volumes édités par Ménard et Desenne en 1825. Vous verrez avec l'agence de voyage, ensuite, pour l'organisation pratique… Pierre



I. AFRIQUE. Découvertes et conquêtes des Portugais. — Voyages d'Afrique. — Voyages au Sénégal et sur les côtes d'Afrique jusqu'à Sierra-Leone. — Voyages sur la côte de Guinée. Conquêtes de Dahomay. — Guinée. Description de la Côte de la Malaguette, de la Côte de l'Ivoire, de la Côte d'Or et de la Côte des Esclaves. Royaume de Bénin. — Congo. Cap de Bonne-Espérance. Hottentots. Monomotapa. — II. ASIE. — Îles de la Mer des Indes. — Continent de l'Inde. — Partie orientale des Indes. — La Chine. — Asie centrale et Thibet. — Sibérie. — Japon. — III. AMÉRIQUE. — Premières découvertes et établissemens des Espagnols dans le Nouveau-Monde. — Mexique. — Description de la Nouvelle-Espagne. — Nouvelle Grenade. Pérou. Chili. — La Vice-Royauté du Rio de la Plata ou de Buénos-Ayres. Histoire naturelle des possessions espagnoles dans l'Amérique méridionale. — Brésil. — Guiane et Caracas. — Antilles.— Histoire naturelle et commerce des Antilles. — Floride. États-Unis de l'Amérique septentrionale. — Établissement des colonies françaises dans l'Amérique septentrionale. — Caractère, usages, religion et moeurs des habitants de l'Amérique septentrionale. — Histoire naturelle de l'Amérique septentrionale. — IV. VOYAGES AU POLE BORÉAL. — Voyages au nord-ouest et au nord-est. — Spitzberg. Ile Jean-Mayen. Nouvelle-Zemble. — Islande. — Groenland. — V. VOYAGES AUTOUR DU MONDE avec les trois voyages de Cook ! — Avant 1764. — Voyages autour du monde et dans le grand océan, entrepris depuis 1764. — Table des principales matières.


LA HARPE (Jean-François de). Abrégé de l'histoire générale des voyages. 30 volumes in-12, 60 vignettes en taille-douce. Demi-basane havane, dos lisses orné de motifs et filets dorés, pièces de titre et tomaisons sur cuir fauve, tranches colorées. (Reliures de l'époque). Paris, Ménard et Desenne, 1825. Portrait de La Harpe par Devéria, les autres figures sont de Adam, ou non signées. Coins et coiffes en bon état. Très peu de rousseurs. Bel ensemble bien complet de tous ses volumes mais sans l'Atlas de 15 planches in-4°, exécuté par M. Blondeau comme il est indiqué dans l'avertissement. Il semble d'ailleurs que cet atlas rare ait été une livraison à part. 450 € + port

mercredi 27 octobre 2010

Le pari d'Auguste Vitu : Nous faire aimer Paris... Paris réussi !


Envie de voyager… Cela tombe bien, j'ai quelques ouvrages qui forment la jeunesse ! Première étape : Paris ! La capitale. Je ne m'en lasse pas et je me promets, cette année, d'aller voir les illuminations. Une chanson valant mieux qu'un long discours, je vous propose de feuilleter avec moi cet ouvrage particulièrement beau dans un grand format (petit in folio). Le papier est de toute beauté, les illustrations très réussies et le premier plat est à mettre au fronton de votre bibliothèque parisienne…


On doit cet ouvrage sur Paris à Auguste Vitu (1823-1891). Il reste un must dans le genre. Agrémenté de plus de 430 dessins, il est une source inépuisable pour les amoureux du Paris d’hier. Il a été réédité maintes fois, dont une célèbre version in-4 par JDB.


A Paris, quand un amour fleurit
Ça fait pendant des semaines

Deux coeurs qui se sourient

Tout ça parce qu'ils s'aiment, à Paris
. Au printemps, sur les toits les girouettes
Tournent et font les coquettes

Avec le premier vent

Qui passe indifférent, nonchalant
. Car le vent, quand il vient à Paris
N'a plus qu'un seul souci

C'est d'aller musarder

Dans tous les beaux quartiers, de Paris


Le soleil, qui est son vieux copain
Est aussi de la fête

Et comme deux collégiens

Ils s'en vont en goguette, dans Paris
. A Paris, au quatorze juillet
A la lueur des lampions

On danse sans arrêt

Au son de l'accordéon, dans les rues
. Depuis qu'à Paris, on a pris la Bastille
Dans tous les faubourgs

Et à chaque carrefour

Il y a des gars, et il y a des filles

Qui sur les pavés

Sans arrêt nuit et jour

Font des tours et des tours, à Paris…

On peut acheter l'ouvrage même si on n'est pas de Paris ;-)) Pierre


VITU Auguste. Paris. Ancienne Maison Quantin, Librairies-Imprimeries Réunies, sans date mais la tour Eiffel est au dos de l'ouvrage, Grand in-4, reliure de l'éditeur pleine percaline de l'époque illustrée en couleurs représentant une péniche sur la Seine avec en toile de fond l'Ile Saint Louis, titre or encadré d'une bordure bleu azur, blason de la ville de Paris rouge et bleu entrelacé dans un motif fleuri signé G. Fraipont gravé par Aillot, dos lisse, titre imprimé rouge, Tour Eiffel couleur or (un peu insolé) imprimée, vignette de l'éditeur gravée en couleurs sur le deuxième plat, plats biseautés.


Ouvrage illustré de quelques gravures en noir hors le texte signées par G. Fraipont, et de nombreuses gravures en noir dans le texte et hors texte par un florilège de graveurs de l'époque. En fin d'ouvrage, en pleine page, on trouve un chapitre sur l'Exposition Universelle de 1889 et un panorama de la Seine, l'ouest de Paris, pris du Trocadéro pendant l'exposition universelle et un index alphabétique. Plan des principales voie de Paris actuel en noir hors le texte. Dos un peu fendillé et raccord sur un bout de la coiffe supérieure à effectuer (je le ferai). Très bel exemplaire, néanmoins. 507 pp. 220 € + port

mardi 26 octobre 2010

Les "Cahiers verts" de chez Grasset. La vie littéraire des années 20…


On retrouve parfois chez les bouquinistes (plus que dans les librairies anciennes) une collection d'ouvrages à la présentation semblable qui a marqué le début du siècle : Édition numérotée à grands tirage sur vergé bouffant + quelques grands papiers pour les collectionneurs, grandes marges, typographie claire, pas d'illustrations, que du texte réservé à des auteurs contemporains… Il s'agit des "Cahiers verts" édités par Grasset, avec la contribution de Daniel Halevy, son responsable (directeur de la collection des Cahiers verts aux Éditions Grasset de 1921 à 1937).


Je ne pense pas que l'on puisse parler d'ouvrages de bibliophilie pour ces livres car leurs succès ont permis sur de grands tirages. Ils ne seront donc jamais rares…ni chers… ce qui désespère un libraire avide de spéculation comme moi. Bon ! J'en ai… Je vous les présente ;-))


Né en 1881 à Montpellier, Bernard Grasset monte à Paris et s'installe rue Gay-Lussac, avec son ami Louis Brun. Il fréquente le Café Vachette où il rencontre Moréas, Faguet, Giraudoux... En 1907, il fonde « Les Editions Nouvelles » et publie son premier livre Mounette, suivi de plusieurs autres, souvent à compte d'auteur, jusqu'au premier et énorme succès de A la manière de... pastiches signés Paul Reboux et Charles Muller. Deux Goncourts consécutifs en 1911 et 1912 : Monsieur des Lourdines d'Alphonse de Chateaubriant et Filles de la pluie d'André Savignon viendront asseoir la renommée de la maison Grasset. Il s'installe alors au 61 rue des Saints Pères : les Éditions Grasset y sont toujours.


En 1913, il publie à compte d'auteur le premier livre d'un certain Marcel Proust Du côté de chez Swan après que le manuscrit eut été refusé au Mercure, chez Ollendorf et chez Fasquelle. En 1920, s'ouvre pour lui sa grande période ; il lance les quatre M : André Maurois, François Mauriac, Henry de Montherlant et Paul Morand. En 1921, il confie à Daniel Halevy la prestigieuse collection « Les Cahiers verts » avec comme premier titre Maria Chapdelaine de Louis Hémon, et le succès que l'on sait.


Puis s'attachent à lui Cocteau, Radiguet, Cendrars, Drieu la Rochelle, Guehenno, Giono, Soupault, Delteil, Ramuz, Malraux... Puis la coupure de la guerre, et en 1944 l'accusation de collaboration qui déboucha sur un non-lieu. Bernard Grasset reprit en 1950 la direction de la maison. Il découvrit Hervé Bazin et Jacques Laurent, entre autres, avant de céder le capital de sa maison à Hachette en 1954. Bernard Grasset meurt en 1955.

Pour éviter un billet un peu long, je ne vous présente pas de notice pour chaque ouvrage mais une liste. Je propose tous les livres à 10 € + port. Ils sont en très bon état. Pierre


Bertrand Louis, n° 7, Flaubert…
Lasserre Pierre, n° 18, Renan…
Halevy daniel, n° 21, Vauban
Estaunié Edouard, n° 24, L'infirme…
Thibaudet Albert, n° 25, Paul Valery
Dominique Pierre, n° 37, Notre-Dame…
Malaurie Albert, n° 38, La Femme…
Barbey Bernard, n° 45, Le coeur…
Roubaud Louis, n° 49, Les enfants…
Mauriac François, n° 50, Le désert…
Delteil Joseph, n° 53, Jeanne d'Arc
Arnoux Alexandre, n° 55, Suite…
Hémon Louis, n° 60, Battling…
Giraudoux Jean, n° 61, Bella
Franck henri, n° 62, Lettres…
Mayran Camille, n° 63, Hiver
Vaudoyer Jean-Louis, n° 66, Beautés…
Dreyfus Robert, n° 68, Souvenirs…

lundi 25 octobre 2010

Causerie du lundi de Philippe Gandillet. Le temps des colporteurs par Charles Nisard


Je reçois ce courrier d'un lecteur, un brin déprimé par la survenue des frimas saisonniers :

Cher ami,

Le facteur vient de m'amener l'almanach 2011. Déjà ? Me direz-vous... Le vent qui soufflait en rafales a jonché le couloir de feuilles éclatées et la porte qui ferme mal bat tristement depuis son départ. Je lui ai donné un peu d'argent par habitude mais une profonde tristesse inonde, maintenant, mon âme en deuil de l'été. Les sanglots longs des violons de l'automne blessent mon cœur d'une langueur monotone. Tout suffocant et blême, quand sonne l'heure, je me souviens des jours anciens et je pleure. Et je m'en vais au vent mauvais qui m'emporte deçà, delà, pareil à la feuille morte avec mon almanach dans les mains…


Je ne voudrais pas paraître mauvaise copine mais cette habitude de proposer des almanachs me chagrine. On peut refuser, me direz-vous. Qui a essayé ? J'attends maintenant avec fatalisme, les éboueurs, les pompiers, les secours, les amis des animaux et leurs amis ainsi que plusieurs associations caritatives pour compléter ma collection…

A-t-on, un jour, recensé toutes ces productions littéraires ? Il y a matière pour collectionneur à mon humble avis ! Je sais que vous répondrez à ma demande car votre passion pour le livre ancien est le signe d'un cœur pur…

Signé : Paul


Notre ami Paul a raison de penser qu'un chercheur s'est, un jour, penché sur cette question. Il s'agit d'un commis de l'état, Charles Nisard, dont l'ouvrage que je présente aujourd'hui dans sa deuxième édition est le fruit d'une loi dont il est l'initiateur :


Arrêté de Juillet 1852 : "En exécution de la loi du 27 juillet 1849, le ministre de la police générale décide, dans l'intérêt de l'ordre et de la morale, que tout ouvrage, écrit ou gravure, destiné au colportage, sera revêtu d'un timbre ou estampille, qui en autorisera la vente".


Marie-Léonard-Charles Nisard (1808 -1890), est un philologue français, également éditeur de textes latins et historien de la littérature. Sous-secrétaire au ministère de la Police sous le Second empire, il était chargé de recenser et de censurer la littérature de colportage, ce qui lui permit de constituer une importante collection de livres populaires. Il produisit ainsi la première étude historique sur le sujet (Paris, librairie d'Amyot, 1854) ainsi que plusieurs études sur le vocabulaire de l'argot parisien et sur son étymologie.


Son étude ne s'attache pas qu'aux almanachs mais à tous les textes qui pouvaient s'appuyer de près ou de loin aux almanachs ou aux éditions populaires (textes religieux, discours, etc…). L'almanach se présentait en général sous la forme d'un calendrier portant des éphémérides tels que les phases de la lune ou la durée des jours ou était une publication annuelle contenant des renseignements divers, tels que des recettes de cuisine, des trucs et des astuces. Ils étaient traditionnellement diffusés par des colporteurs. Certains almanachs régionaux subsistent et l'Almanach Vermot, (humoristique) fondé en 1886 par Joseph Vermot, est encore publié chaque année.


Je vous conseille, mon cher Paul, de vous procurer cet ouvrage de Charles Nisard. Vous accueillerez dorénavant les différents préposés aux calendriers, almanachs et brochures en tout genre avec la plus grande bienveillance comprenant qu'ils sont les derniers bienfaiteurs de l'humanité, le dernier bastion de l'éducation populaire, à vous proposer, jusque chez vous, ces ouvrages illustrés qui vous assureront le savoir et la sagesse. Mais j'entends que l'on sonne au portail… Un colporteur, peut-être ?

Votre dévoué. Philippe Gandillet


NISARD (Charles). Histoire des livres populaires ou De la littérature du colportage : Depuis l'origine de l'imprimerie jusqu'à l'établissement de la commission d'examen des livres de colportage, 30 novembre 1852, deuxième édition. Paris, E Dentu éditeur, 1864, 2 volumes in 12, reliure demi percaline rouge et plats en papier coloré, dos lisse avec motifs dorés, pièce de titre, auteur et tomaison sur cuir vert empire. Rousseurs irrégulières dans le texte mais cahiers très solidaires et reliure propre. 135 € + port

dimanche 24 octobre 2010

Montesquieu, Cahiers 1716-1755 : Grands papiers – Grands soucis…


À toutes les époques, les éditeurs ont voulu distinguer des exemplaires de luxe.

Il s’agissait, à l’origine, de tirages de plus grands formats, d’où l’appellation « grands papiers ». Ces exemplaires en nombre limité que les éditeurs faisaient, dès le seizième siècle, tirer dans un format plus grand que celui de l'édition originale, permettaient de remercier une personne - soit à un mécène, soit le plus souvent le puissant personnage qui leur avait dispensé ou permis d'obtenir les "privilèges" qui leur étaient indispensables – en lui offrant un exemplaire unique et exceptionnel.


Ces livres, à tirages évidemment restreints sont numérotés et imprimés sur des matières nobles (peau de vélin et papier de Hollande pour les livres anciens, papier de Chine, du Japon et aussi papier de Hollande plus tard).

Ces « grands papiers » sont aussi appelés « exemplaires de tête » ou « tirages de tête ». Ils ont eu une grande mode dès la fin du XIXeme quand la bibliophilie est devenu le pré carré de certains amateurs fortunés.


Ces grands Papiers sont caractérisés - avant la reliure qui va éventuellement en minimiser les caractères - par des différences de longueur ou de largeur constatables entre les feuillets d'un volume dont les tranches de gouttière et la queue n'ont été ni ébarbées, ni rognées. Un livre à "témoins" est donc celui dont les tranches sont irrégulières. Dans les livres anciens, les témoins résultaient d'un pliage manuel, bien sûr.


Ces grands-papiers posent un problème délicat pour le relieur et surtout le doreur lorsqu'il faut manipuler les feuillets. Par exemple, il faut savoir que pour exécuter une dorure en tranche supérieure, il faudra procéder à un collage réversible de petits bouts de papier sur les différentes pages pour que le bloc cahier soit homogène et solidaire avant les manipulations qui vont aboutir à une reliure et à une dorure de qualité et qu'il faudra ensuite enlever ces petits bouts de papier avant de présenter l'ouvrage fini. Beaucoup de manipulations et de temps d'execution qui influeront sur le prix de l'ouvrage fini, donc...

De plus, comme le faisait remarquer Textor - la nature ayant horreur du vide - le bord de ces ouvrages a parfois tendance à s'affaisser avec le temps pour donner des reliures en "bec de canard" et le format de ces livres est souvent indéfinissable… (carré).


Il n'empêche que ces ouvrages sont souvent exceptionnels par la qualité de leur papier, par la beauté de leur reliure, par leur provenance et par les envois qui les émaillent. Ils ne sont pas toujours aisés à lire s'ils n'ont pas été rognés. Vous pouvez nous parler de votre expérience d'acquéreur.

Le livre de luxe doit-il être utile ? Pierre


MONTESQUIEU (Charles Louis de Secondat). Cahiers 1716-1755. Grasset. Paris 1941. Broché, format in-8, grand papier sur vélin pur fil n° 9 sur 168, exemplaire non rogné avec sa protection d'époque.306pp. Textes recueillis et présentés par Bernard Grasset. Entièrement revus sur les manuscrits par André Masson, archiviste-paléographe, conservateur de la Bibliothèque municipale de Bordeaux. Sur lui-même : portrait ; notes sur lui-même. Sur l'homme : sur le bonheur ; sur la jalousie ; sur la dévotion ; sur l'esprit ; sur l'âme ; sur les femmes ; conditions et professions ; prêtres et religieux. Sur les ouvrages de l'esprit : premiers temps des lettres ; littérature et civilisation ; sur la critique ; art d'écrire ; genres littéraires ; auteurs du 16e, 17e, 18e siècle ; sur les arts. Sur la chose publique : maximes générales de politique ; de la liberté politique ; des princes ; puissance des Etats ; républiques ; despotisme ; politique française et suisse ; soldats et armées ; sur le mariage ; commerces des Etats d'Europe ; finances d'Etat ; clergé. Fragments d'histoire : sur l'histoire de France. Caractères des nations : Grecs, Romains, Français, Anglais, peuples modernes, sur Paris. Croyances : judaïsme; christianisme, mahométisme, surnaturel. Sur les sciences. Préparations pour ses ouvrages et notes prises après leur publication. Pages de journal. Appendices. 15 planches n&b h.t. dont un portrait en frontispice. Vendu.