vendredi 30 juillet 2010

Sur les pas de la muse de Pétrarque avec Hilaire Enjoubert…


Hilaire est un prénom difficile à porter si on n'a pas de particule. Par contre, si on a une partie "tête" , on peut s'en honorer et d'autant plus si on est l'auteur de l'excellent ouvrage que je vous présente… (Entrée en matière d'une élégance rare !).


Laure, l'or de Caumont, a toujours autant d'amoureux et Hilaire Enjoubert nous entraîne ici sur les pas de nos "Roméo et Juliette" locaux. Cette jeune femme, morte à quelques jours de l'anniversaire de ses 40 ans, était la muse, et peut-être plus, de poète Petrarque au XIVeme siècle (siècle des Papes d'Avignon). Il a laissé le Canzonière, recueil de 366 poèmes consacrés à cette Laure, croisée pour la première fois à Avignon lorsqu'elle avait 18ans. Mais a-t-elle seulement existé ? C'est vrai qu'on s'emmêle un peu dans les archives de la Ville parce qu'elles étaient plusieurs à s'appeler ""Laure " dans la famille des De Sabran. Et puis, il y a un moment où peu importe la réalité, le mythe prend le dessus !


Le 6 avril 1327, alors qu’elle sortait de l’église du couvent de Sainte-Claire à Avignon, elle fut aperçue et remarquée par François Pétrarque. Dès lors, Laure aux blanches mains, devint la chaste inspiratrice du poète. Lui, qui affirmait haïr la cité papale, versifia :

Béni soit le jour et le mois et l’année,
La saison et le temps, l’heure et l’instant
Et le beau pays, le lieu où fut atteins
Par deux beaux yeux qui m’ont tout enchaîné.


Laure de Sade (1310-1348), née Laure de Sabran, fille d’Ermessande de Réal et du chevalier Audibert de Noves, muse de Pétrarque (et aïeule du Divin Marquis) épousa Hugues II de Sade, en l’église de Noves. Elle est décédée en 1348 de la peste noire et fut rapidement enterrée. Un poème de Pétrarque a été laissé près d'elle. Aujourd'hui, la réputation de la belle a franchi les frontières. Sa statue réalisée par Auguste-Louis-Marie Ottin, trône dans le jardin du Luxembourg depuis 1852 aux côtés des reines de France…

Un détail ne vous a pas échappé : Laure était mariée lorsqu'elle croisa le regard de Pétrarque. C'est pourquoi l'amour du poète resta platonique ;-)) Pierre


ENJOUBERT (Hilaire) Les Amours de François Pétrarque et de Laure de Sabran. Paris, Boivin Cie, 1948. In-8 broché, 197 p. Coll. "La Provence médiévale". 2 illustrations en couleurs de Maurice Lalau gravées sur bois par Elisabeth Lalau, dont frontispice. Exemplaire n° 220 sur vergé teinté Renage. Très bon état. 22 € + port

mercredi 28 juillet 2010

Réhabilitation du Père Joseph, Éminence grise de Richelieu, par Henry D'Yvignac.


Je reçois un petit mot d'un fidèle lecteur. Je vous le retranscris, tel quel : " Pourriez-vous nous faire un petit Henry D'Yvignac sur le Père Joseph, histoire de croire qu’on est en vacances ? "

Je rappelle que Joseph François Leclerc du Tremblay dit aussi le Père Joseph (1577-1638) était un conseiller occulte de Richelieu. Parce qu'il était capucin, il portait une robe grise, parce qu'il fut créé cardinal peu avant sa mort, et qu'on le considérait aussi puissant que Richelieu, il eut droit au titre d'Eminence. D'où l'expression consacrée " d' Éminence grise " qui a caractérisé ce conseiller influent et qui a perduré avec certains collaborateurs d'hommes publics, ensuite. En temps normal, j'aurais laissé à l'Éminence grise de la librairie, Philippe Gandillet, la primeur de ce billet mais vu que le père Joseph est un ecclésiastique qui nous renvoie au thème de la religion que j'affectionne particulièrement, je lui subtilise son article. Il ne serait pas foutu de reconnaître un Bénédictin, d'un Capucin, de toute façon !


Les Capucins forment l'une des trois branches masculines de la famille franciscaine. Ils sont ainsi nommés en raison du capuce ou capuchon dont ils couvrent leur tête. Le menton, les joues et le bord supérieur du visage sont garnis de longs poils, la tête rasée interrompue vers le sinciput, ils sont aisément reconnaissables. Un de nos derniers représentants connu fut l'Abbé Pierre qui s'est quelquefois joué des standards de sa tenue. Les pieds à demi chaussés de sandales, le derrière et le col nu, la robe de drap composée de lambeaux à demi usés de couleur brune et cousus ensemble, marquée sur l'abdomen de deux plis longitudinaux, le Capucin a fière allure.


Le capuchon est mobile, allongé, pointu et subulé à son extrémité. Le bon moine, compagnon de Thierry la fronde, et ennemi de l'odieux Sire Florent le portait autrefois parfaitement… Les manches de la bure, amples servent d'enveloppe aux bras velus et contiennent souvent quelques fioles d'eau de vie utiles pour se désaltérer. Le cordon blanc est à trois nœuds brodé des bandes fluorescentes depuis le décret du 12 août 1997, ce qui permette à nos cénobites de circuler sur le bord des routes en toute sécurité, la nuit, sans se faire renverser par une voiture...


Leur air est souvent misérable, leur démarche lâche et leur physionomie sinistre. Une forte odeur de graillon les accompagne en raison de la présence de fromage éponyme caché dans le capuchon et sous les aisselles. Le Capucin peut néanmoins sourire si on lui caresse doucement la barbe dans le sens du poil. Il dévore et boit tout indistinctement. Son silence est son état naturel et les Bénédictins disent même que c'est à peine s'il pense… Cette congrégation a été réglementée par Mathieu Baschi qui ne pouvant se résoudre à obéir, après avoir commandé, sortit de son couvent et avec l'approbation de Clément VIII déchira le capuchon en pointe pour en faire le signe de reconnaissance de sa communauté … Mais je vois que j'arrive à la fin de l'article et que ma petite digression textorinesque m'a emporté loin de la réhabilitation voulue par Henry D'Yvignac !
On sait que son Éminence le cardinal de Richelieu a été un conseiller fort écouté par Louis XIII. Il était comme son premier ministre, même si le titre n'existait pas encore vraiment. Ce qu'on sait souvent moins, c'est qu'Armand Jean du Plessis de Richelieu avait un ami de longue date, un moine capucin, François Leclerc du Tremblay, également connu sous le nom de Père Joseph ; et que cet ami, à la fois confident et conseiller, est beaucoup intervenu dans les relations diplomatiques de la France sous les ordres de Richelieu. Il a également créé un véritable service de renseignements constitué de moines capucins qui rapportaient toutes les informations utiles sur les différentes zones de conflits, permettant ainsi à son Éminence d'être très au fait de ce qui se passait dans le royaume et aux alentours. D'yvignac nous conte tout ceci avec beaucoup de talent et nous fait découvrir que notre première Éminence grise fut un grand serviteur de la France ! Pierre

YVIGNAC (Henry d'), L'Éminence grise (le père Joseph), Librairie du Dauphin, collection « Les Grands hommes d'État catholiques », Paris, 1931, 164 p. 12 € + port

lundi 26 juillet 2010

Causerie du lundi de Philippe Gandillet. Le premier audit de la librairie de Pierre...


Le mois dernier, Pierre a pris un jeune stagiaire en classe de 4eme pendant quatre jours. Je crois qu'il est très ami avec sa maman, qui elle-même est très amie avec son épouse qui est très amie avec son mari qui est un bon ami à Pierre… Il appréhende moins d'accepter, aujourd'hui, ce type de sollicitation car il a vu de nombreux gamins s'évanouir à sa clinique quand il était vétérinaire, m'a-t-il confié, et il sait les parents procéduriers !


Étienne est venu m'apporter son rapport à la boutique, ce matin. C'est à peine si j'ai corrigé quelques fautes de français. Je vous livre donc ce rapport dans sa livrée d'origine…J'aime beaucoup sa franchise ! J'ai mis quelques photographies d'un ouvrage entre les paragraphes. Il s'agit d'un recueil de textes, dans une belle reliure, propres à parfaire l'éducation d'un jeune homme comme Étienne ou de tout autre adolescent que vous voudriez rendre inadapté aux lois, us et coutumes du monde moderne…

" Avant de trouver ce stage j'avais pensée à la SNCF car j'aime beaucoup le monde ferroviaire, et à l'ONF (office national des forêts). J'ai fait plusieurs lettres de motivation mais les réponses ont été négatives. Mais à la SNCF, il y avait déjà un stagiaire et à l'ONF, ce n'est pas la bonne période pour le travail forestier. J'ai choisi ce stage car j'étais déjà allé dans cette librairie. Je n'ai pas le projet d'être libraire mais j'ai choisi ce stage car j'adore l'histoire et je ne connais pas ce métier.


PREMIER POINT.

1) Il s'agit d'une librairie ancienne de livres anciens.(statut: commercial et privé)

2) M.Brillard, ancien Vétérinaire, a crée cette boutique il y a un an car il en rêvait depuis longtemps. C'est un bibliophile (Amateur de livres rares et précieux). Son objectif est de rechercher, d'acheter et de restaurer des livres anciens puis de les vendre.

3 Il ne reçoit aucune subvention et loue son local.

4) M.Brillard travaille seul dans une librairie qui contient plus de 3000 ouvrages sans compter son stock.


DEUXIÈME POINT.

1) Je l'ai observé manipuler et restaurer les livres avec un soins particuliers. Et il m'a dit : Pour restaurer des livres, c'est comme en chirurgie, on refait toujours les mêmes gestes. J'ai pu observer aussi sa façon de recevoir les clients et de vendre ses livres.

2) J'ai enlevé la poussière des étagères, aidé à ranger et à remettre les livres en places
(ex :caisson à ranger dehors, livres à transporter.).Il m'a demandé de lire un livre de la collection ¨Signe de piste¨et de lui donner mon avis.

3) Journée type: M.Brillard va sur son blog pour présenter un ouvrage et surtout pour se faire connaître. Aujourd'hui c'est un livre d'illustration de Norman Rockwell. Il a écrit un texte, pris des photos de l'ouvrage. Les photos et le texte sont mis sur le site. Plus tard, il reçoit des livres, les restaure et cherche leurs prix sur des sites spéciaux. Il met le prix le plus serré possible pour attirer la clientèle. L'après-midi, j'ai le temps d'observer la librairie. A chaque rayon un thème (Littérature XX°siècle Anne Franck, Aragon.). Dans sa boutique il y a aussi des objets (miroir, figurines, globes terrestres...). Pendant la journée quelques clients viennent (un médecin allemand, un bibliophile de Nîmes et surtout des touristes.


TROISIÈME POINT.

1) Les points positifs : J'ai bien aimé les livres exposés car tout d'abord ils sont beaux, bien présentés mais aussi car il font partie de l'histoire. J'aime aussi les discussions avec les clients.

2) Les points négatifs : Il faut être patient car il y a très peu de client. Je pense ne pas avoir gêné M.Brillard dans son travail et je l'ai d'ailleurs bien aidé.

3) M.Brillard est très gentil et a beaucoup d'humour et j'ai aimé les livres d'histoires.
Ce que j'ai appris. Pour être libraire, il faut être cultivé et aimer le commerce et je ne savais pas que beaucoup de gens s'intéressaient aux livres anciens et qu'on pouvait en faire un commerce.


CONCLUSION.

Il n'existe pas de diplôme pour ouvrir une librairie de livres anciens et c'est pour moi la découverte d'un métier que je ne connaissais pas. J'ai pu rencontrer des personnes passionnées d'histoire. J'ai trouvé ce stage agréable et je pourrai bien le faire encore une fois. Étienne

Merci Étienne pour ce billet clairvoyant. Nul doute que Pierre en tirera des conséquences judicieuses pour sa librairie ancienne. Philippe Gandillet


OLIVAINT (R.P.). Aux jeunes gens : Conseils du R.P.OLIVAINT recueillis par le P.CH.Clair de la compagnie de Jésus. Seizième édition. Paris, Lefort éditeur, 433pp. Reliure demi maroquin havane à coin. Contre plat et page de garde en papier coloré. Tranche supérieure dorée. Parfait état. Les photographies imparfaites que je fais laissent penser à des plages plus foncées sur le papier alors qu'il s'agit d'ombre portée ! Vignettes et cul de lampe. 38 € + port

vendredi 23 juillet 2010

Oeuvres complètes de Diderot en 6 volumes chez Belin. 1818


Il y a chez Diderot un goût singulier pour la mystification, qu'il appelait de la perversité et qu'il garda jusqu'à la fin de sa vie. Sa mort elle-même fut une mystification posthume (il fut autopsié, à sa demande)…

Jeune, Denis Diderot (1713-1784) se crut une vocation religieuse. Il en joua jusqu'à en persuader sa voisine d'étage, Madame Champion, pour capter l'attention de la bonne dame et séduire sa fille qui devint effectivement Madame Diderot. De nombreux points de sa biographie restent cependant obscurs. De sa jeunesse bohémienne, il nous laisse un trou de dix ans où brillent quelques lueurs incertaines, quelques vagues anecdotes à la Murger… Le plus grave est que nous ignorons tout de la crise intellectuelle qu'il traversa pour aboutir au scepticisme et à l'incroyance.


Il fréquentait beaucoup les cafés, principalement le Procope, sur la rive gauche, devant la comédie française et le café de la Régence devant le Palais royal. Il se lia avec Le Sage, Rameau et bien d'autres compositeurs, auteurs et joueurs d'échecs mais la rencontre la plus marquante qu'il fit fut celle de J.J Rousseau qui essayait, à cette époque, de faire adopter son nouveau système de notation musicale.


Voici donc nos deux compères devenus amis (leurs femmes aussi). Diderot travaillait à des traductions pour des libraires pendant que Rousseau paradait près des grands de ce monde. Un jour, le libraire Le Breton lui proposa d'adapter en français l'encyclopédie anglaise de Chambers. Il eut alors l'idée de faire éditer la sienne. L'encyclopédie était née ! Évoquons maintenant la douloureuse gestation.


Il se mit à recruter des collaborateurs : Rousseau pour la musique, D'Alembert pour la partie scientifique, Buffon, etc… Cette bataille, car il faut utiliser le mot de bataille, dura plus de vingt ans et les difficultés ne vinrent pas toujours de l'extérieur ; les philosophes au siècle des lumières étaient prudents avec le pouvoir, malgré tout. L'encyclopédie fut un moment arrêtée, Diderot emprisonné et sur le point de devenir fou après avoir écrit un texte séditieux. Il en garda une telle prudence que les écrits qui font maintenant sa gloire ne furent jamais imprimés de son vivant sous son propre nom !


L'Encyclopédie tour à tour poursuivie et tolérée parut grâce à la persévérance de Diderot et à l'appui de Malesherbes, directeur de la librairie du roi qui partageait ses idées et les couvrait. Il n'en tira guère de profits financiers. Il vivait chichement, quittait peu son grenier de la rue de Taranne dont la vue portait sur St Germain des Prés. Il se fâcha même avec Rousseau qui se voyait ignoré dans les salons parisiens de la Marquise d'Epinay ou du Baron Holbach où défilaient les encyclopédistes.


Plus sympathique que le sec Voltaire, moins farouche que Rousseau, Diderot avait ce côté humain qui le rendait agréable aux gens de son époque et qui font qu'on le lit encore aujourd'hui avec plaisir et décontraction.


On va me dire que Diderot fut volage et que sa correspondance avec Madame Volland prouve qu'il n'était pas infaillible. A sa décharge, je répondrai en disant que sa femme avait, de notoriété, fort mauvais caractère et qu'il avait, il en sera pour cela pardonné, des scrupules… (cette dernière phrase ne devant pas être rapportée à ma charmante épouse, bien sûr). Plus on lit Diderot, plus on réalise qu'il fut un bon et sensible philosophe. Il a vu très loin. Sa capacité de compréhension et son envergure d'esprit le classe parmi les plus grands hommes de son siècle. Pierre


DIDEROT Denis. Œuvres complètes de Denis Diderot en partie originale. Elle contient plusieurs textes inédits : Voyage e Hollande, Salon de 1761, 5 dernières lettres du salon de 1759, 3 dialogues, Mon père et moi, fragments politiques…A Paris, Chez A. Belin, Imprimeur-Libraire 1818-1819. 6 volumes in-8, relies, demi percaline vert olive et papier coloré, 754, 736, 795, 751, 678, 525, avec in fine du premier volume, 2 grandes planches dépliantes, dont une de figures géométriques et en début du volume second, une planche aussi dépliante intitulée "Système Figure des Connaissances Humaines". Dos lisses avec motif, pièce de titre et tomaisons en maroquin cerise. Coins légèrement frottés les coiffes sont toutes intactes ainsi que les mors. Les rousseurs faibles sont assez courantes mais ne gênent nullement la lecture. L'ensemble est de belle qualité. Reliure en bon état. 200 € + port

mercredi 21 juillet 2010

La musique est-elle soluble dans la bibliophilie ?


Hier, j'ai vendu une partition de musique.

Le fait est assez remarquable pour qu'il soit mentionné ! Il existe à Paris une librairie ancienne uniquement dédiée à ce thème -c'est la capitale, quand même - et c'est avec un peu de surprise que ce citadin en vacances a découvert quelques trésors de musique pour bibliophile dans une simple boutique à Tarascon.


Je profite de l'occasion qui m'est donnée pour expliquer pourquoi ce thème ne m'est pas inconnu et pourquoi de belles partitions reliées sont alignées sur mes rayonnages. J'ai eu le plaisir de faire partie de quelques pupitres de Baryton pour des opérettes et il m'est arrivé d'interpréter de façon approximative quelques airs du répertoire lors de cours de chant et aussi sur scène…


L'art lyrique est exigeant. Il faut savoir - tout à la fois - lire et interpréter une partition, suivre un orchestre plus ou moins fourni - que l'on ne découvre qu'à la colonelle quand le budget alloué à la super production intercommunale est restreint -, danser, jouer et faire confiance à ses partenaires et au plateau technique qui vous accompagnent dans l'épreuve. J'ai des souvenirs merveilleux de scène et quelques interprétations me restent encore en mémoire comme celle d'Alexis Czernia (orthographe approximative) et de Michel Vayssière interprétant le duo de " Princesse Czardas " à deux mètres de moi… Voilà que les larmes me montent aux yeux…


Je ne les commercialise pas mais je peux aussi fournir aux amateurs de franche rigolade, un florilège d'airs de notre patrimoine lyrique et de chansons populaires du siècle dernier que j'ai magistralement massacré depuis une dizaine d'années ;-)) J'en profite pour envoyer un amical bonjour à Simone Burle et Christophe Savoy qui m'ont gentiment soutenu pendant mes années de planche…

Voici donc quelques partitions qui, elles, sont irréprochables ! Pierre


GOUNOD Charles. Faust. Opéra en cinq actes de Jules Barbier et Michel Carré. Partition chant et piano transcrite par Léo Delibes. Paris, Choudens éditeur. Sans date (1900). Format in 4. Reliure demi chagrin havane. Dos à 6 nerfs. Roulette dorée sur les nerfs, motifs estampés à froid entre les nerfs, pièce de titre dorée sur fond rouille. Papier coloré sur les plats et en page de garde. Toutes tranches jaspées. Magnifique reliure en état parfait. 60 € + port

LECOCQ Charles. La fille de Madame Angot. Opéra comique en trois actes. Paroles de Clairville, Siraudin et Koning. Partition chant et piano. Paris, Joubert éditeur. Format in 4. Sans date (1900). Reliure demi chagrin havane. Dos à 6 nerfs. Roulette dorée sur les nerfs, motifs estampés à froid entre les nerfs, pièce de titre dorée sur fond rouille. Papier coloré sur les plats et en page de garde. Toutes tranches jaspées. Magnifique reliure en état parfait. 60 € + port

PLANQUETTE Robert. Les cloches de Corneville. Opéra comique en trois actes et quatre tableaux. Paroles de Clairville et Gabet. Partition chant et piano. Paris, Joubert éditeur. Format in 4. Sans date (pièce représentée en 1892). Reliure demi chagrin havane. Dos à 6 nerfs. Roulette dorée sur les nerfs, motifs estampés à froid entre les nerfs, pièce de titre dorée sur fond rouille. Papier coloré sur les plats et en page de garde. Toutes tranches jaspées. Magnifique reliure en état parfait. 60 € + port


VERDI G. Rigoletto. Opéra en quatre actes. Paroles de Edouard Duprez sur le drame de Victor Hugo (le Roi s'amuse). Partition chant et piano. Paris, Grus éditeur. Format in 4. Sans date (1900). Reliure demi chagrin havane. Dos à 6 nerfs. Roulette dorée sur les nerfs, motifs estampés à froid entre les nerfs, pièce de titre dorée sur fond rouille. Papier coloré sur les plats et en page de garde. Toutes tranches jaspées. Magnifique reliure en état parfait. 60 € + port

LECOCQ Charles. Le petit Duc. Opéra comique en trois actes. Paroles de H. Meilhac et L. Halevy. Partition chant et piano. Paris, Joubert éditeur. Format in 4. Sans date (représentation de 1912). Reliure demi chagrin havane. Dos à 6 nerfs. Roulette dorée sur les nerfs, motifs estampés à froid entre les nerfs, pièce de titre dorée sur fond rouille. Papier coloré sur les plats et en page de garde. Toutes tranches jaspées. Magnifique reliure en état parfait. 60 € + port

THOMAS Ambroise. Mignon. Opéra en trois actes de Jules Barbier et Michel Carré. Paris, Heugel éditeur. Format in 4. Sans date (1900). Reliure demi chagrin havane. Dos à 6 nerfs. Roulette dorée sur les nerfs, motifs estampés à froid entre les nerfs, pièce de titre dorée sur fond rouille. Papier coloré sur les plats et en page de garde. Toutes tranches jaspées. Magnifique reliure en état parfait. 60 € + port

lundi 19 juillet 2010

Causeries du lundi de Philippe Gandillet : Les aventures du Roi Pausole de Pierre Louÿs…


Des lecteurs du "Bibliomane moderne" en manque de frivolités littéraires et de bibliofilles en petite tenue se sont tournés vers moi pour me demander de me substituer à leur animateur préféré pendant les vacances estivales. J'avais proposé à Pierre, une fois n'est pas coutume, de délaisser la présentation de ses ouvrages Académiques pour faire une parenthèse guillerette avec une œuvre plus légère mais sa réponse sous la forme d'une sentence latine "Semel in hebdomada" m'a fait comprendre qu'il m'en laissait la responsabilité ! J'ai choisi de vous présenter les Aventures du Roi Pausole de Pierre Louÿs. J'y ai mis un peu de panache en vous proposant ce beau texte illustré par Jacques Touchet dans une reliure signée qui devrait séduire les bibliopégimanes…


Pour un roman publié en 1900, Les Aventures du roi Pausole gardent un ton très XVIIIème : Il s'agit d'un conte à portée philosophique, dont l'intrigue se résume en deux lignes et qui fournit le prétexte à des digressions et autres conversations livrées d'un ton léger et badin, quand ce n'est pas un peu polisson ... On se croirait parfois chez Voltaire. Cependant, Pausole se présente comme un ouvrage contemporain, le roi du pays de Tryphème est contemporain et voisin d'Emile Loubet, président français de l'époque. C'est juste que son pays ne figure pas sur les cartes ; il est trop prospère pour ça. Cela pourrait attirer les touristes ... Alors les géographes ont préféré laisser ce pays en bleu, dans la Méditerranée ! Et à Tryphème règne un roi débonnaire en proie au démon de l'incertitude. C'est pour cela qu'il a 366 femmes : Une pour chaque jour de l'année, et une prévue pour les années bissextiles. Cela lui évite de se confronter à la perspective d'un choix ... Souverain double, Pausole accorde et recommande une grande liberté de moeurs à tous ses sujets, et le code pénal de Tryphème se résume à deux articles : "Ne nuis pas à ton voisin. Cela étant bien compris, fais ce qu'il te plaît !" On ne fait pas plus simple.


En cela, le personnage du roi illustre bien les problèmes complexe que sous-tendent ces déclarations : Tandis que les Tryphémoises se promènent avec pour tout vêtement un mouchoir sur la tête et des mules aux pieds, il interdit la nudité à sa fille. De même, alors que mariage et monogamie ne sont pas particulièrement recommandés dans son pays, il est interdit aux femmes de son propre harem de voir des hommes, hormis la seule nuit par an qu'elles passent en compagnie du roi. Cependant, Pausole règne sans se questionner, faisant justice sous un cerisier plutôt que sous un chêne " parce que cet arbre fait autant d'ombre qu'un autre et qu'en plus, il donne de bons fruits " jusqu'à ce que son petit monde s'écroule.


Sa fille, la princesse Aline prend, un jour, la poudre d'escampette, fuyant sa prison dorée en compagnie d'une belle danseuse. Après bien des hésitations, Pausole part à sa recherche, monté sur sa mule, accompagné de deux conseillers hauts en couleurs. On ne fait pas plus opposé. D'un côté, le libertin évoquant toute la lignée des valets de comédie, de l'autre le chrétien protestant et professeur d'arithmétique incarnant ordre et rigueur et arrivant toujours mal à propos dans l'atmosphère joyeuse et délicieusement légère du pays de Tryphème.


Ce voyage mené par cet improbable trio apparaît alors comme le prétexte à mille petites aventures, sans grande conséquence et qui, bien loin d'amener à la conclusion, prolongent bien plus volontiers les pauses et les escales. L'épilogue du roman se clôt à peu près sur ces termes : "Ci finit l'aventure extraordinaire du Roi Pausole qui, pour retrouver sa fille, alla jusqu'à parcourir sept kilomètres à dos de mule, de son palais à sa grand'ville."


Mais si ce n'est pas réellement l'intrigue qui retient le lecteur… Que trouve-t-on tout au long des 350 pages de ce roman ? Regardez les illustrations ! Les aventures du roi Pausole baignent dans un érotisme ambiant, du début à la fin. Léger, souvent bien plus suggestif que descriptif, mais bien là. En passant, l'auteur développe un des thèmes qui semblent lui être assez chers : celui du saphisme, à travers la fuite de la princesse Aline avec Mirabelle, qui devient son initiatrice. Au-delà de ça, Tryphème apparaît comme le lieu des plaisirs décomplexés, et l'amour y est décrit comme quelque chose de naturel et allant de soi. Et derrière un ton apparemment léger se cachent des réflexions sur l'amour, la nudité, la sexualité et la morale.


C'est donc bien un conte à connotation érotique que l'on trouve sur la plume de Pierre Louÿs, mais ce serait énormément appauvrir le texte de n'y voir que cela. Avec espièglerie et légèreté, l'auteur livre également une satire, contre la pruderie certes mais aussi contre les institutions… Votre dévoué. Philippe Gandillet qui s'est adjoint pour l'occasion les yeux de fréneuse…


LOUYS Pierre. Les aventures du Roi Pausole. Paris, H. Piazza, 1939. In-8. Reliure mosaïquée demi-chagrin noire, dos à 4 nerfs présentant 3 motifs ciselés polychromes, pièces de titre, nom de l'auteur et année en lettres dorées. Contreplat et page de garde en papier coloré. Couverture et dos conservés. 4ff, 350pp, 4ff. Très nombreuses illustrations de Jacques Touchet mises en couleurs à la main au pochoir. Exemplaire numéroté 206. Reliure signée par un maître-relieur de l'époque, Léon Lapersonne. Tranche supérieure dorée. Je trouve personnellement cette reliure très flatteuse. Vendu

samedi 17 juillet 2010

Journal de Ferdinand de Lesseps, le "Grand Homme"…


Ferdinand de Lesseps eut un enfant à près de 80 ans.

Et enlevez ce sourire narquois qui apparaît sur vos lèvres, s'il vous plait, ça peut arriver ! Sachant que la vie d'un spermatozoïde est comprise entre 2 jours et 15 ans d'après les dernières études parues à ce jour et sachant que les femmes sont majoritairement fidèles d'après les mêmes études qui sont parues conjointement, l'événement n'a rien d'exceptionnel. C'est ainsi que j'ai personnellement une amie dont le frère, issu d'un premier mariage est mort aux Dardanelles…


Quelques jours après l'inauguration du Canal de Suez, Ferdinand de Lesseps se marie à une jeune femme de 43 ans sa cadette (il a 64 ans), Louise Hélène Autard de Bragard, dont il aura six filles et six fils. Ce n'est pas pour rien que l'on appelait ce vert-galant, " Le perceur d'Isthme " !

Mais je m'égare. Parlons plutôt du "Grand Homme".


Canal de Suez : Des ingénieurs saint-simoniens, que la dispersion de leur secte avait conduits en Egypte, s'étaient préoccupés de la réunion de la Méditerranée à la mer Rouge et avaient même tenté un barrage du Nil. Ferdinand de Lesseps était alors consul au Caire. Il avait lu, vers le même temps, à Alexandrie, un rapport écrit en 1800 sur la question par un ingénieur de l'expédition d'Egypte, l'architecte Lepère, et il y avait souvent réfléchi depuis. Il eut le loisir de méditer et de mûrir l'idée et, lorsqu'au mois de juillet 1854 il apprit la mort du vice-roi Abbas Pacha, sa conviction était déjà faite, et son plan arrêté. Les circonstances étaient on ne peut plus favorables. Ferdinand de Lesseps avait été le grand ami d'enfance du nouveau souverain, Saïd Pacha, quatrième fils de Mohammed Ali, et le jeune prince, devenu homme, lui avait conservé une vive affection.


Il s'embarqua dès le mois d'octobre pour l'aller féliciter de son avènement, et tandis que tous deux chevauchaient à travers le désert Lybique, se rendant d'Alexandrie au Caire, il s'ouvrit à lui de ses projets. Saïd Pacha les approuva sur-le-champ et promit de les seconder. De Lesseps ne perdit pas un instant. Déployant, malgré ses cinquante ans, une activité à peine concevable, il réunit une commission internationale, la conduisit en Egypte, fit déterminer le tracé, s'occupa en même temps de« lancer l'affaire », organisa des réunions, fit des conférences, persuada les incrédules, confondit ses adversaires et triompha finalement de toutes les hésitations et de toutes les résistances, grâce à une ardeur, à une énergie et à une ténacité que ni déboires ni revers ne parvinrent jamais à abattre. Le 17 novembre 1899, à l'occasion du trentième anniversaire de l'ouverture du Canal de Suez, une colossale statue en bronze de Ferdinand de Lesseps, réalisée par Emmanuel Frémiet (1824-1910), est érigée à Port-Saïd. Elle domine l'entrée du Canal et montre bien la renommée de ce grand visionnaire.


Canal de Panama : Il aurait pu en rester là, à couler des jours paisibles dans sa propriété du Chesnaie. Cependant, sans doute galvanisé par sa notoriété et son élection à l’Académie, De Lesseps veut réitérer l’expérience et se lance en 1879 dans un projet d'ouverture du canal interocéanique de Panama. Mais l’aventure tournera mal et s'achèvera, dix ans plus tard, sur un retentissant désastre financier, le "Scandale de Panama". Accusé de fraude et d’abus de confiance, Ferdinand de Lesseps fut condamné, avec son fils Charles, le 9 février 1893, à cinq ans de prison et 3 000 francs d'amende, mais en considération de son âge et de son état de santé le jugement ne lui fut pas signifié. Vingt ans plus tard, le Canal de Panama était achevé et inauguré par les États-Unis. Mais la mémoire de l'initiateur de cette nouvelle route maritime ne s’effaça pas au Panama où il y est toujours appelé « le grand Français ». Pierre


LESSEPS Ferdinand de. Lettres, Journal et documents pour servir à l'histoire du canal de Suez. Paris, Didier et Cie. 4 volumes in-8 brochés couverture illustrée bleue clair. Edition originale publiée en cinq séries. Tome I : Journal (1854-1855-1856).1875, 464pp. Tomme II : Journal (1857-1858).1875, 416pp. Tome III : Journal (1859-1860).1877, 476pp. Tome IV : Journal (1861-1864).1879, 501pp. La dernière page de garde des tomes I et IV est partiellement déchirée. Les ouvrages sont en parfait état papier, les cahiers solides et le dos conservé. Bel ensemble incomplet du tome V mais chaque volume complet en lui-même. Vendu