lundi 14 juin 2010

Dictionnaire de la musique de J.J Rousseau ; belle édition in quarto de 1781.


Pas de "Causerie du lundi de Philippe Gandillet", aujourd'hui, puisque le maître descendra tout exprès de Paris, mercredi, pour participer à la "garden-party" organisée en l'honneur de la parution du premier message sur le blogue de la librairie, il y a tout juste un an. Nous reproduirons, à cette occasion, son discours, qui sera retransmis sur Arte. En attendant cet événement qui aura lieu dans la salle des festins du château du Roi René, en présence des élus locaux et du ministre de la culture, nous vous présentons un ouvrage dont la commercialisation couvrira, j'espère,les frais de réception engendrés par la manifestation. Il s'agit du Dictionnaire de musique réalisé par J.J Rousseau, dans une édition de 1781 et présenté dans un joli format in quarto. Cet ouvrage a été écrit à la demande de Diderot et d'Alembert pour leur Encyclopédie dont la première édition commencée en 1755 sera publiée en 1768. Rousseau est à cette époque incontournable. Mais, le maître de musique de l'époque reste néanmoins Rameau dont les capacités pédagogiques, magnifiquement illustrées dans son ouvrage édité en 1722, Traité de l'Harmonie réduite à ses principes naturels, sont insurpassables.


Les deux hommes se détestent malheureusement… La Querelle des Bouffons en témoigne, qui éclate en 1752 opposant Rousseau à Rameau, car derrière cette rivalité de théâtre, se cache la critique des modernes contre les anciens, le clan des italophiles contre les partisans de l'opéra français, incarné par Rameau, lui-même héritier du grand Lully. Se précise, ici, la personnalité musicale de Rousseau : ses goûts, sa passion "éclatante" pour la musique italienne (et la langue italienne, naturellement musicale), ses ivresses en écoutant la musique du divin Vivaldi, et les opéras italiens. Sans forcer le trait sur cette inimitié philosophique avec Rameau, comment expliquer chez Rousseau, un tel dégoût de la musique française ? Y aurait-il finalement quelque mauvaise foi cachée et refoulée dont pourtant l'intensité rappelle justement celle de son contemporain, Mozart, qui lors de son second séjour à Paris, ne cesse d'épingler le milieu musical qu'il redécouvre avec horreur...


On sait maintenant que J.J Rousseau présentait une malformation, un vice de conformation de la vessie qui lui a gâché son existence (c'est fou le nombre de choses que l'on sait à posteriori !). Rousseau n'était donc pas un homme de mauvaise foi, un misanthrope atrabilaire, un horrible bonhomme dont le seul but était de faire parler de lui, un inconstant en amitié, un truqueur de sentiment, un infanticide… Il souffrait de la vessie ! Et cette affection lui donnait néanmoins une certaine lucidité sur ses considérations musicales puisque l'expérience a prouvé que, de ce point de vue, il était visionnaire.


Une remarque pourtant : Il recopia plusieurs manuscrits de ses confessions. Sa grandeur d'âme est évidente. Dans une version, il écrit en évoquant l'abandon de ses enfants : " Je ne pus trouver une larme " et dans une deuxième version, il écrit aussi : " Je me sentis fondre en larmes "… Que dire ? Je souris en pensant que son principal pourfendeur, Voltaire, ne put lui échapper et qu'ils ont été réunis au Panthéon national… Très fort, Monsieur Jean-Jacques ! Pierre


ROUSSEAU (Jean-Jacques) Dictionnaire de musique. Genève, (Société typographique de Genève), 1781 In-4, XV-772 pp, un frontispice, 13 planches gravées dépliantes H.T. (numérotées A à N) + 1 planche dépliante des tons et des clefs. Reliure plein basane blonde, plat encadré d'un filet, dos à 5 nerfs orné de fleurons, pièce de titre et nom de l'auteur en lettres dorées. Coiffes arasées et restaurées, coins frottés, quelques épidermures. Bon exemplaire aux cahiers solides. infimes mouillures anciennes très claires sur 10 pages –page 700). Volume faisant partie de la Collection complète des oeuvres de J.J. Rousseau publiée à Genève par la Société typographique de Genève entre 1780 et 1782 sous la direction de Pierre Moultou et Du Peyrou en 12 volumes in-4. L'édition originale date de 1768. Vendu

2 commentaires:

Pierre a dit…

Et voilà ! J'ai commandé les chips, le pastis et quelques briquets pour faire Son et Lumière ...

Je crois ne rien avoir oublié. Pierre

Pierre a dit…

Est-ce Rousseau ou la musique qui provoque ces silences ? Une pause était nécessaire ? Soupirs... ;-)). Pierre