lundi 31 mai 2010

Causerie du lundi de Philippe Gandillet : Albert Samain et le cercle des poètes disparus…


Je vous dois d'abord une confession et une explication. Commençons par ce qui coûte le moins. Il pourrait sembler étrange de laisser quelque place dans mes causeries pour un genre littéraire aussi peu en vogue que la poésie. Les grands éditeurs s'en écartent aujourd'hui et je ne vois plus de grands poètes siéger dans l'illustre Académie où j'ai l'honneur et le privilège de présider. Les professeurs des écoles s'en désintéressent et les élèves la dédaignent, surtout les néogothiques à tendance anarchiquo-rebelle qui pissent dessus… La réponse à cette difficulté, la voici : Il y a trop de différence entre le style poétique empreint d'élégance ; de recherche musicale aussi ; et l'écrit utilisé maintenant par la jeunesse, écrit qui s'apparente pour l'heure à une suite d'interjections sans règle esthétique établie.


Une confession ai-je dit en outre ? Quitte à vous surprendre, je vous déclarerai sans ambages que je ne déteste pas, de temps à autre, noircir quelques feuilles blanches de vers de ma production. Et quand j'aurai dit, pour satisfaire un besoin morbide d'humiliation, que j'ai même édité à compte d'auteur quelques ouvrages en vers, j'aurais je pense, le droit de ne pas chercher un autre exorde et d'aborder sans plus attendre cette causerie par une présentation flatteuse d'un grand poète du 19eme siècle : Albert Samain. Pierre m'a aidé en cela en tirant des ouvrages patiemment rangés sur les rayonnages de sa librairie, deux belles éditions qui devraient attiser votre convoitise. Mais revenons à l'auteur… Albert Samain est né en 1858 et mort en 1900. Il fut le plus original, le plus charmant, le plus délicat et le plus suave des poètes. Sa popularité est malheureusement tellement faible aujourd'hui qu'une biographie récente est parue où un portrait est présenté en première page qui le montre en costume militaire alors qu'il n'a jamais été soldat…


Cofondateur de la revue Mercure de France avec Jules Renard, on garde de lui le souvenir du plus mauvais panégyrique qui fut commis dans ses pages quand on lui demanda de tracer le portrait de Catulle Mendès (qu'il n'aimait pas) " Ce qui est intolérable avec Mendes, quand on le lit avec fréquence, c'est la sensation d'artificiel absolu qui s'en dégage… "

Samain, mort de phtisie à quarante deux ans ; n'achetez pas un ouvrage provenant de sa bibliothèque, les spores de ce bacille sont résistantes ; était loin d'imaginer que son recueil de poèmes " Au jardin de l'Infante " (1893) connaîtrait cent soixante cinq éditions en quarante ans. Seuls "Toi et moi " (1913) de Paul Géraldy et "Paroles" (1945) de Jacques Prévert susciteront pareil engouement. Il faudra attendre le 31 mai 2010 pour que l'auteur soit redécouvert par les lecteurs…


Tu marchais chaste dans la robe de ton âme,
Que le désir suivait comme un faune dompté,
Je respirais parmi le soir, ô pureté,
Mon rêve enveloppé dans tes voiles de femme.

Il est d'étranges soirs où les fleurs ont une âme. Au Jardin de l'Infante (1893)

Le long des prés déserts où le sentier dévale
La pénétrante odeur des foins coupés s'exhale. Le Chariot d'or (1900)

Ton souvenir est comme un livre bien-aimé,
Qu'on lit sans cesse, et qui jamais n'est refermé,
Un livre où l'on vit mieux sa vie, et qui vous hante
D'un rêve nostalgique, où l'âme se tourmente. Au Jardin de l'Infante (1893)


Il reste à conclure. Et ce ne sera pas sur des remarques purement littéraires que nous terminerons. Pierre vous a proposé, encore une fois, deux excellents ouvrages dans des présentations élégantes à un prix raisonnable. L'aimable réclame que je viens de faire d' Albert Samain fera de votre éventuel achat, un investissement judicieux.

Votre dévoué. Philippe Gandillet


SAMAIN Albert. Le chariot d'Or. Paris Rombaldi editeur, 1942, Exemplaire N° 2077. Broché, format in 8 couverture rempliée, papier vergé agnella. 236pp, illustrations en couleur Maurice Leroy. Bel état.


SAMAIN Albert. Au jardin de l'infante / Le chariot d'or, symphonie héroïque, aux flancs du vase / contes polyphème. Paris Piazza éditeur, 1950, édition numérotée sur papier sur vélin navarre N° 3619 sur 4000. Broché sous couverture rempliée, format in-8. Nombreuses illustrations de P.E Becat. Emboîtage recouvrant les trois volumes. Vendu

samedi 29 mai 2010

Scout, toujours ? Prêt ! Collection jeu de piste.



Je garde un très bon souvenir de mes années chez les "Scouts Rangers" et de mon passage en coup de vent chez les " pionniers ". L'esprit d'équipe, l'amitié virile et le respect de la hiérarchie qui y régnait convenaient à mon caractère effacé. Quant aux rites catholiques qui accompagnaient les rencontres et les camps, c'était le passage obligé et je n'en voyais absolument pas l'intérêt, mais j'étais discipliné…


A notre époque où la jeunesse est sous l'empire du virtuel, à notre époque où elle est bouleversée par l'effondrement d'un monde iconoclaste, certaines des valeurs du scoutisme pourraient encore apporter un soutien aux plus désenchantés et triompher du néant qui les entoure. Enfin, je crois… Et puis, un peu d'esprit chevaleresque ne peut faire de mal à personne !


C'est pourquoi les ouvrages " scout " font partie des nombreux thèmes que je survole sans avoir les compétences du collectionneur qui s'imposent pour être un bon conseilleur. Tout juste un vendeur. Voilà une petite liste de " signe de piste " qui ravira les collectionneurs. Pierre


1 - FERNEY, Georges, La marche des vivants, Fort Carillon II, Editions Alsatia, collection Signe de Piste, Paris, 1958, in8, brochage et jaquette illustrée, illustrations de Pierre Joubert, 191 pages 14 € + port
2 - FONCINE Jean-Louis. Le Relais de la Chance au Roy.Editions Alsatia / Signe de Piste 1946. In-8 broché. Couverture illustrations par Pierre Joubert. Superbe état. Edition originale. 14 € + port
3 - HENRYS Paul. Le signe dans la pierre.1952. Editions Alsatia, collection "Signe de piste". Broché avec couverture souple sous jaquette illustrée couleurs sur fond blanc. 186 pages. Illustrations en noir de Pierre Joubert. 14 € + port
4 - SAINT-HILL Bruno. Le Carrefour de Pâques. Editions Alsatia, 1953. In-12 Carré. Cartonné, Jaquette. 180 pages. Quelques dessins en noir et banc hors-texte. Jaquette illustrée en couleurs Illustrations de Igor Arnstam. Collection "Signe de Piste. 14 € + port
5 - DANTERNE (Joelle) - Alerte au tchad. Paris, Editions Alsatia, paris - collection signe de piste, 1952; in-8, 190 pp., broché, couverture illustr. Illustrations de Joubert. 14 € + port
6 - LEGER HERBERT Stéphane, Ou vas-tu ? Editions Alsatia, 1956 Collection " Signe de piste N° 87 " ; 1 volume in-8 broché de 190 pages , bien complet de sa jaquette illustrée en couleurs dessins en noir et blanc de Rieck , 14 € + port
7 - SAINT-HILL Bruno. Le bloc 93. Editions Alsatia 1958. In-8 broché sous superbe jaquette illustrée. Couverture illustrations inédites de Pierre Joubert. (Collection Signe de Piste, deuxième série N°69) Edition originale. 14 € + port
8 - SAVARY (Michèle). L'escadrille blanche. Editions Alsatia, 1953, 1 vol. in-8 carré, br. sous jaquette illustrée en couleurs, de 183 pp. N°62 de la collection "Signe de Piste".Illustrations d'Igor Arnstam. 14 € + port
9 - LABAT (Pierre) Le merveilleux royaume. Editions Alsatia, collection signe de piste 1953 Paris, broché, couverture illustrée, in-8, 238 pp. 14 € + port
10 - FERNEY GEORGES LE CHATEAU PERDU. Editions Alsatia, 1948 Collection " Signe de piste " ; 1 volume in-8 broché de 209 pages, couverture illustrée, dessins en noir et blanc de Pierre Joubert. 14 € + port
11 - FONCINE Jean-Louis. La bande des Ayacks. Préface de Romain Roussel. Illustrations de Pierre Joubert. Editions Alsatia, Paris 1943 - Collection '' Signe de piste ''. 216 pages. Couverture usagée. 7 € + port
12 - DECHAUD- PEROUZE Monique LA MEDAILLE D' OR. Editions Alsatia, 1956 Collection " Signe de piste N° 94 " ; 1 volume in-8 broché de 189 pages , bien complet de sa jaquette illustrée en couleurs, dessins en noir et blanc de Pierre Joubert . 14 € + port
13 - BAZIN JEAN- François et FONDAL Mik. La bible de Chambertin. Editions Alsatia, 1959 Collection " Signe de piste N° 128 " ; 1 volume in-8 broché de 181 pages , bien complet de sa jaquette illustrée en couleurs , dessins en noir et blanc de Pierre Joubert . 14 € + port
14 - TERSEN Alain. Les Clowns collection Jamborée. Editions Spes Paris 1954 Bon état Ouvrage broché, illustré hors-texte en noir de dessins de W Perradin, 174 pages, 14 € + port
15 - ROJAC (Maurice de) - Hôtesse de l'air. Paris, Alsatia (signe de piste) collection joyeuse, 1949; grand in-12, 212 pp., broché, couverture illustr. Illustrations de Igor Arnstam. Illustrations de Igor Arnstam. 14 € + port
16 – DUVILLARD René. Meneur de jeu. St Etienne, Edition Dumas, 1944. Couverture illustrée. 92p. 9 € + port
17 – MORLEY René. Les Pionniers II. Les ponts. Eclaireurs unionistes de France, Illustrations de Pierre Joubert. Couverture illustrée130p, 1943. Très nombreux plans. 22 € + port. Le lot vendu

jeudi 27 mai 2010

Francesco Redi, De Insectis. 1ere Edition hollandaise latine de 1671.


Francesco Redi, poète naturaliste du 17eme siècle (1626-1698), père de la Parasitologie, a pour réputation d'avoir été à l'origine de la découverte de l'agent de la gale de l'homme.


C'est un peu court puisqu'il faudra attendre le milieu du 19eme siècle pour pouvoir assurer sans controverse que cette affection (qui gratte) a pour origine à un petit acarien térébrant (sarcoptes scrabei) à 8 pattes et un rostre. On doit surtout à François Redi d'avoir prouvé qu'il n'existait pas de génération spontanée d'insecte et que la pourriture, si elle était le ferment de la vie, n'en était pas l'initiatrice.


Francesco Redi, dans ce traité scientifique, démontre au moyen d'une série d'expériences simples utilisant des flacons de viande couverts de gaze que la matière organique protégée de la contamination des insectes, n'en fabrique pas spontanement. Il dresse ensuite une liste des espèces les plus communes d'espèces et les illustre de belles descriptions.


L'ouvrage que je vous présente aujourd'hui fait partie de ces ouvrages de référence, tant par la qualité de ses illustrations que par la modernité de son propos. De plus, même si cette première présentation latine peut vous paraître antique, elle permit à Redi de lui ouvrir les portes des cabinets scientifiques du monde entier.


Mes souvenirs de parasitologie animale pourraient remplir des pages que vous ne liriez pas. Laissons cela… Après tout, celui qui désire un livre de cette nature a souvent fait le tour de la question ! Je me demandais d'ailleurs, eu égard au prix élevé justifié de l'ouvrage ( on peut en discuter si vous le désirez ) si je trouverai un acheteur pour un tel livre…


Vous serez, par contre, intéressés par une petite plaquette que je présente avec ce livre : "L'éloge du Pou" est le type même de l'ouvrage qu'on achète pour savoir ce que l'auteur a pu tirer d'un pareil sujet. Il y a le pou de la tête et celui qu'on attrape à l'armée ; il y a le papa papou à pou et le papa pas papou à pou… Il s'agit d'une petite édition numérotée à 150 exemplaires. Les bibliophiles apprécieront… Pierre


François REDI. De Insectis. Patritii aretini Experimenta circa generationem insectorum. Amsterdam, Andréa Frisii, 1671. Petit In-12, 1f (blanc), 6 ff (dont frontispice, vignette et dédicace en grosses lettres arabes), 230 (sic pour: 330) pp, 20pp, 28 planches Ht, 1 f (blanc). Reliure plein veau de l'époque. Les 2 Plats sont ornés des Armes de Nicolas-Joseph Foucault (1643-1721), conseiller au Parlement de Paris, intendant de la généralité de Montauban et membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Ce savant avait une Bibliothèque que le P. Lelong rangeait parmi les plus précieuses concernant l'histoire de France. On ignore en quelles mains cette Bibliothèque passa après sa mort. Dos à 5 nerfs orné de motifs et de pièce de titre dorés. Tranches mouchetées rouges, coins usés. Roulette sur le bord des plats. Traduction latine de ce texte italien paru en édition originale en 1668, contenant 1 frontispice par Romain de Hooghe, 1 vignette de titre, de nombreuses illustrations gravées sur cuivre de plantes et d'insectes dont 1 dans le texte, 2 dépliantes (pliage en quatre), 8 dépliantes (pliage en deux) et 28 hors texte en fin d'ouvrage notées de I à XXVIII. Nombreux exercices de typographie grecque et arabe à différents formats dans le texte. Bel exemplaire malgré une coiffe arasée. Collationné complet et c'était pas de la tarte... Vendu

Je complète la notice : Les planches HT sont surjetées comme cela se faisait à l'époque et les tranchefiles sont d'époque.


mercredi 26 mai 2010

Histoire de la découverte et de la conquête du Pérou par ZARATE (Augustin de).


Il m'arrive fréquemment de faire confiance au vendeur quand je sais que ce vendeur est issu d'une grande famille de Bibliophile. Bien mal m'en a pris cette fois-ci puisque l'ouvrage que je vous présente, s'il présente un grand intérêt quant au texte et s'il est dans un état honorable, est malheureusement incomplet de 3 gravures. J'aime pas trop, mais pfffuuut... c'est un chemin initiatique normal ! J'aurais du vérifier pendant sa présence. Il a plus perdu que moi, en fait. Le pris de vente que je propose est donc en conséquence…


Vers 1500, l'Empire inca s'étendait de l'océan Pacifique jusqu'aux sources du Rio Paraguay et du fleuve Amazone, de la région de l'actuelle Quito, en Équateur, jusqu'à la rivière Maule, au Chili. Ce vaste empire était dirigé par un Inca, ou empereur, qui était adoré comme une divinité. Riche en gisements d'or et d'argent, le royaume des Incas allait devenir la cible des ambitions impériales des Espagnols déjà installés au Panama.

En 1531, le conquistador espagnol Francisco Pizarro débarqua au Pérou avec 183 hommes et, utilisant la guerre civile qui divisait les Incas, réussit en moins de cinq ans à faire de leur empire une possession espagnole.

En 1535, il fonda sur les bords de la rivière Rimac une ville dont il fit sa capitale, Ciudad de los Reyes (la "cité des Rois"), aujourd'hui Lima. Les conflits d'autorité qui opposèrent bientôt les conquérants espagnols entre eux débouchèrent sur l'assassinat de Pizarro.


En 1542, Charles Quint, dans le but de rétablir l'ordre, créa la vice-royauté du Pérou, qui englobait toutes les possessions espagnoles d'Amérique du Sud, à l'exception de l'actuel Venezuela. De nouvelles lois furent promulguées, afin de tenter de protéger les Indiens des violences de l'exploitation des conquistadores. Mais le premier vice-roi espagnol, Nunez de Vela, arrivé au Pérou en 1544, suscita une vive hostilité de la part des colons qui se rebellèrent et le tuèrent : Les nouvelles lois ne furent jamais appliquées. Cela se reproduit encore souvent !


C'est avec l'arrivée, en 1569, du vice-roi Francisco de Toledo, que le système colonial, qui allait prévaloir pendant plus de deux siècles, se mit véritablement en place. Il entreprit l'intégration de la population indienne, groupée en communautés agricoles, placées sous la tutelle d'un particulier ou de l'État, et favorisa son évangélisation.

La période qui suivit fut particulièrement prospère, les Espagnols introduisirent sur les premiers plateaux andins de nouvelles cultures (blé, vigne, olivier) et se mirent à cultiver la canne à sucre dans des plantations côtières, en important des esclaves. Cependant, la véritable richesse du Pérou se trouvait dans son sous-sol qui recelait de nombreux métaux précieux, et en particulier l'argent qui donna au pays un rôle prépondérant dans la production mondiale jusqu'au XVIIIe siècle. C'est, en résumé, l'histoire qui est conté dans ces 2 tomes.


C'est le symbole de richesse qu'était le Pérou qui, en 1661, a fait d'abord apparaître le nom commun "pérou" pour désigner un trésor ou une fortune. Puis, c'est en 1790 que sont nées aussi bien la version positive de l'expression que la négative, beaucoup plus utilisée aujourd'hui. Mes deux tomes, " C'est pas le pérou ", mais à ce prix là, c'est pas mal quand même ! Pierre


ZARATE (Augustin de). Histoire de la découverte et de la conquête du Pérou. Traduite de l'espagnol par S. D. C. (Broë , S de, seigneur de Citry et de La Guette). A Paris, par la compagnie des libraires, 1716. 2 tomes In-12 pleine basane havane de l'époque, pièce de titre grenat, dos à cinq nerfs et fleuronné. 9 planches dont une carte dépliante gravée et une gravure dépliante aussi. Il est mentionné 12 planches dans les notices et toutes dans le tome I. l'exemplaire que je possède est donc incomplet de 3 planches. Historien espagnol, secrétaire royal et contrôleur des comptes, Augustin De Zarate (mort en 1560) avait été envoyé par Charles V pour vérifier les comptes de cette colonie. De ce séjour, il rédigea cette histoire dont la première édition espagnole parut en 1555. C'est une narration semée de réflexions profondes et de commentaires tendant à éclaircir une période agitée dont l'auteur fut témoin. Coins frottés et coiffes du tome I arasées. Vendu

mardi 25 mai 2010

DU CELLIER (C). Ma cave, façon 19eme siècle...


Les chaleurs reviennent.

Un lecteur ayant posté, tardivement, une missive à Philippe Gandillet, il me joint un petit mot pour y répondre.


" Cher Monsieur,

Les chaleurs vont ramener la question –gastronomique- de la glace. Vous à qui l'on prête des connaissances spéciales et approfondies sur tout, obligez-moi de me renseigner : Faut-il boire glacé ? En attendant le plaisir d'une réponse, j'ai l'honneur, Monsieur Gandillet, de vous offrir l'expression de la gratitude de la nation française.

Nicolas S…….. "


Faut-il boire glacé ? Question importante. Question de vie ou de mort, en vérité ! Je suis fort embarrassé pour me prononcer, je l'avoue. Il y a la question du climat et celle du tempéramment. En ce qui me concerne, j'aime à déposer – pour quelques secondes seulement – un caillou de glace dans mon verre. Je l'en retire avant dissolution. C'est, là encore, une question d'élégance et d'habilité. Je ne veux pas du froid intense, absolu et paralysant. Je me contente du frisson fugitif…

L'usage des boissons glacées ne date que de la fin du XVIIeme siècle. Le Maréchal Pétain buvait continuellement glacé, même par les plus grands froids et il s'en est toujours bien porté. Je ne saurais conclure, cher lecteur. Votre dévoué. Philippe Gandillet "


J'ai trouvé un petit ouvrage qui devrait compléter la réponse du Maître ! Pierre


DU CELLIER (C). Ma cave. Choix, achat, dégustation, analyse, conservation, amélioration, service des vins cidres, bière, eaux de vie et liqueurs. Paris, Ed Plon, Nourrit et Cie, s.d [1894], in-12 de XII-213-2 pp. Broché, couverture imprimée. Rousseurs classiques. Edition originale peu fréquente. "Que chacun s'occupe un peu de sa cave au lieu de la laisser aux domestiques. Il y trouvera plaisir et profit ". Vendu

lundi 24 mai 2010

Causerie du lundi de Philippe Gandillet : De l'utilité de la lecture...


Pierre, notre jeune libraire tarasconnais a participé au 1er salon du livre ancien de Beaucaire et il me charge de féliciter encore une fois les organisateurs pour la parfaite maîtrise de l'événement. Je sais que la mairie de cette bonne ville doit être associée à ces louanges car, sans soutien financier de ses élus, une telle manifestation serait automatiquement compromise.


Corollaire attendu, le chargement, le déchargement, la mise en place, le remballage des ouvrages non vendus et leur réintégration aux forceps sur les étagères déjà chargées de la librairie ont entraîné une vive fatigue chez Pierre qui ne m'a laissé qu'un album photo à vous présenter… Cela aussi, je sais le faire !

Je pensais être tranquille. La traditionnelle Fête des fleurs de Tarascon a lieu pendant les trois jours de ce grand week-end. Brigitte, la femme de Pierre (vous ais-je dit que notre libraire était marié ?) a tenu la boutique samedi et dimanche et je suis assailli, en ce lundi, par une foule de badauds parlant toutes les langues de la création. Pentecôte oblige, je les comprends tous… Donc le temps qui m'est appartis pour noircir d'encre noire les feuilles blanches de cette causerie m'est aujourd'hui compté.


Mais pourquoi cet engouement pour le livre ancien ? A ma présence, je n'ose le croire…

Est-il une chose plus utile et plus futile à la fois, une chose qui ait fait plus de bien et plus de mal à l'humanité, une chose plus amusante et plus inepte, plus vraie et plus fausse que les livres anciens ? Depuis que les égyptiens les écrivaient sur les murailles de leur temple et sur les rouleaux de papyrus qu'on trouve sous l'aisselle des momies, que de livres ont vu le jour et que de livres ont été rassemblés dans des bibliothèques d'amateurs !


Un client, jeune retraité, me disait tout à l'heure avec assez de bon sens : "Pour moi, une bibliothèque est un meuble ! Quelques uns de mes confrères sont assez niais pour y mettre des livres qu'ils ne lisent jamais. J'ai, pour ma part, mis dans la mienne pour trois cents euros de carton et j'ai fait une économie de vingt mille euros. Du reste si vous désirez lire quelque chose, j'ai un e-book dans ma chambre".


Cet homme dans sa naïveté a, au fond, plus de bon sens qu'on le pense. Une des prétentions de ceux qui ont travaillé pendant 40 annuités, c'est de s'instruire quand ils sont retraités. Ces bonnes gens sont de bonne foi mais ils ne se doutent pas que pour s'instruire il faut s'y prendre en temps utile. On n'apprend pas à lire à la retraite et à cet égard, Pierre qui affirme qu'il est sûr de toujours aimer les livres mais qui accepte pourtant avec fatalisme de perdre le goût de la lecture avec l'age ne se trompe pas. On ne commence pas à lire à soixante cinq ans. Les lectures prises au hasard sans guide ni méthode n'apportent à l'esprit qu'un ennui profond sans résultat instructif. Autant investir dans un billard et deux arrosoirs…


C'est par les moyens les plus simples et par l'exercice des qualités les plus ordinaires que s'obtiennent dans ce monde les plus grands résultats. La vie commune offre à tous de nombreuses occasions d'acquérir cette expérience précieuse et celle-ci est accessible simplement en franchissant la porte des librairies anciennes de notre belle patrie…

Vous obtiendrez des résultats extraordinaires à force d'application, de persévérance et de lecture, c'est certain. Vous n'acquerrez pas le génie, qui est un don de dame nature, mais à force de lecture votre retraite en sera incontestablement modifiée.

Attendre la mort, oui. Mais avec intelligence… Votre dévoué. Philippe Gandillet


Je reçois à l'instant l'appel d'un lecteur qui met en doute la véracité des faits que je mentionne dans mes causeries. Je joins une petite vue de la boutique et des clients qui s'y pressent...

samedi 22 mai 2010

Cours complet sur l'Art Militaire par le Colonel Rocquancourt. Édition originale de 1826.


Survivre à une guerre nucléaire est ardu, mais pas impossible.

Il faut savoir que les chances qu'il y ait une guerre nucléaire sont, tout de même, assez faibles mais un bonheur n'arrivant jamais seul, il faut savoir aussi que les chances d'y survivre sont quasi nulles… En fait, les chances de survivre seront grandement améliorées s'il n'y a pas de guerre du tout.


C'est pourquoi j'ai pensé qu'un ouvrage traitant de l'art militaire, une de ses composantes la plus importante étant la prévention des conflits (s'il le faut par les armes), serait une bonne idée en cette matinée qui semble sereine. J'ai choisi, pour cela, le cours d'histoire militaire de Rocquancourt en 4 volumes qui est une référence en la matière (bien qu'il ne traite pas des conflits nucléaires) et qui vous est présenté, en partie, dans son édition originale, les bibliophiles apprécieront…


Le colonel de Rocquancourt était directeur des études à Saint-Cyr. On sent en lisant l'ouvrage de l'auteur, qu'il devait professer comme il écrivait, avec le soin qu'exigent des recherches compliquées et qu'impose l'amour de l'exactitude. Professeur dans une école spéciale militaire, chargé d'instruire les officiers, il ne dépendait pas de lui de généraliser ses vues. Son introduction serait déplacée, à l'entrée du cours militaire de West-point, dirait Azan. Elle n'a pas ce caractère d'universalité, ce coup d'œil philosophique qui doivent éclairer cette science. On ne doit donc pas s'attendre à trouver dans cet ouvrage, tout ce que l'on pourrait désirer sur le droit des gens, la composition des armées, le recrutement, etc… La route qu'il devait suivre lui était prescrite. Il a commencé, comme il devait, par l'histoire de l'art militaire pendant l'antiquité.


Le premier cahier embrasse les temps anciens et sur ce que les écrivains nous ont appris sur la manière de combattre des romains et des grecs. Le second cahier contient l'histoire de cet art depuis Clovis jusqu'à la fin de règne de Louis XIV. On sent que l'homme est arrivé aux temps les plus instructifs pour lui et pour les élèves de l'école militaire. Puis arrive le temps des Louis et de la République, pour finir. Le troisième tome est consacré à Napoléon et à ses victoires… A cet égard, je voudrais bien comprendre pourquoi les anglais n'ont donné que des noms de défaites à leurs squares dans leur capitale ! Le dernier tome traite de l'art militaire dans ses manœuvres les plus pertinentes et l'ouvrage se termine par l'appendice de 140 pages qui passe en revue toute la littérature éditée depuis la nuit des temps sur l'art militaire. A elle seule, cette partie est sans égal !


Nos militaires étaient donc bien armés pour affronter le prochain conflit qui ira les menacer en 1870…


Je ne sais si je vous ai déjà dit que j'ai fait mon service militaire à Saint-Cyr ? (Coetquidan). Je ne m'occupais que des bourrins et il y en avait ! J'ai rencontré des gens exceptionnels ; comme partout ailleurs, vous allez me dire. Mais il fallait le préciser. Pierre


ROCQUANCOURT (J.) Cours complet d'art et d'histoire militaires. Edition originale, Ouvrage dogmatique, littéraire et philosophique à l'usage des élèves de l'école royale spéciale militaire. Paris, 1826-1838 - Paris, Anselin et G.-Pochard pour le tome I de 1826, même éditeur pour le tome II 1828, Anselin et G.- Laguionie pour les tomme III et IV de 1837 et 1838, donc 4 vol. in-8°, viii-498, 534, 704 et 700 pp, 23 planches hors texte, reliure demi-basane brune, dos lisses ornés de filets dorés, coiffes et coins en bon état, exemplaire sans rousseurs. 260 € + port

jeudi 20 mai 2010

La Chélonomie ou le parfait luthier par l'abbé Sibire. Édition de 1885


Il est parfois des notices qui valent 100 fois les commentaires dithyrambiques des amateurs les plus indulgents. La notice que je vais vous résumer est de celle là. Il faut néanmoins dire que, mettre au fronton d'un ouvrage un mot inconnu de la plupart des lecteurs, c'est audacieux ! La Chélonomie est l'art d'étudier et de restaurer les instruments à archet et le violon en particulier.

La Chélonomie a été imprimée deux fois en 1806, à Paris ; en 1823, à Bruxelles. L’édition de 1806, petit in-12 de X-288 pages, porte, en regard du titre, une gravure avec cette légende Orphée, d’après un antique de Maffei. L’édition de 1823, où l’on ne voit plus la gravure ci-dessus décrite, est aujourd’hui aussi rare que la première.

Le principal, ou, pour mieux dire, l’unique auteur de l’ouvrage est un luthier distingué de Paris, Nicolas Lupot, qui en a fourni tous les matériaux et c’est un ecclésiastique, l’Abbé Sibire, qui les a classés, reliés l’un à l’autre et… stylés. Apollon (Lupot) dictait et... Sibire écrivait. Est-ce par une modestie exagérée que l’habile facteur de violons n’a pas inscrit son nom sur le titre du livre ? A-t-il craint, en s’en déclarant l’auteur, que le public condamnât l’ouvrage sans le lire et le considérât comme une oeuvre à vues étroites, personnelles, ou comme une réclame de fabricant ?


Nicolas LUPOT est né en 1758 à Stuttgard, d’un Français qui y pratiquait la profession de luthier. En 1794, Nicolas Lupot, alors dans sa trente-sixième année, quitta le chef-lieu du Loiret pour s’installer à Paris, où il est resté. Aucun luthier n’avait noté aussi soigneusement et ne connaissait aussi bien que lui les qualités des instruments anciens. Stradivarius était son modèle favori, à cause de la perfection de ses formes ; c’est sur les patrons des beaux instruments du grand facteur crémomais que Lupot fit ses meilleurs violons et des basses estimées.

L’abbé SIBIRE (Antoine) est né à Paris en 1757. Après avoir terminé ses études au séminaire de Saint-Sulpice, il entra dans la maison des Missions étrangères de la rue du Bac, d’où il fut envoyé comme missionnaire à Loango. Rentré à Paris un peu avant la Révolution, vers 1787, l’Abbé Sibire fut nommé curé de Saint-François d’Assise ; il perdit cette cure lors de la fermeture des églises, pendant la révolution. Lorsque le culte put être rétabli, il fut attaché, en qualité de simple ecclésiastique, à la paroisse Saint-Louis, dans le quartier du Marais. Amateur passionné du violon, tout en en jouant fort mal, l’abbé Sibire fréquentait assidûment l’atelier de Lupot dont il devint l’ami et le confident. C’est pendant ses visites prolongées, et en regardant travailler son ami, qu’il s’éprit d’une fanatique admiration pour les instruments des anciens luthiers de Crémone.


« Le livre n’eut point de succès », a dit Fétis, « les exemplaires en sont devenus très rares ». Ce sont là deux affirmations contradictoires. Si l’opuscule est devenu très rare, c’est qu’il a eu du succès, c’est qu’il a été acheté, conservé et transmis de père en fils par ses possesseurs. « Mais les observations de Lupot renferment d’excellentes choses qui ne sont pas assez connues des facteurs d’instruments et de ceux qui sont chargés de la réparation des produits de la lutherie ancienne » C’est pour vulgariser les excellentes choses dites par Lupot, c’est pour propager les lumières que tous les facteurs avant lui ont négligé de répandre, c’est pour satisfaire à des vœux nombreux et réitérés que cet ouvrage est imprimé pour la troisième fois.

Et cette réimpression est faite sans hésitation par le libraire, qui est certain de répondre au désir d’un grand nombre de personnes et qui affirme que cette nouvelle édition aura l’insuccès de ses aînées, à savoir qu’elle sera introuvable peu de temps après sa mise en vente. Cette confiance, je la partage. L. De Pratis.

Je confirme. Pierre


SIBIRE (Abbé). La Chélonomie ou le parfait luthier. Recherches sur la facture et la restauration des instruments à archet ; augmentée d’une notice et d’un appendice donnant la nomenclature des principaux Luthiers du XVe au XIXe siècle, la description des violons les plus recherchés, leur date de fabrication, leur valeur, les caractères à l’aide desquels on peut les reconnaître, par L. De Pratis. Librairie Loosfelt, Bruxelles, 1885. 15x10cm, 227pp, une gravure (eau-forte) en frontispice. Exemplaire broché, les deux plats sont illustrés, dos recollé avec manques. Rares rousseurs. Une annotation de provenance en page de garde et un paraphe (Arthur Pétronio, violoniste virtuose pour les connaisseurs) en début de livre. Vendu