vendredi 29 janvier 2010

Le centre de Conservation du Livre ancien d'Arles


Je ne connais pas de cursus de formation complet pour tenir une librairie ancienne. Même si le SLAM propose des formations ponctuelles sur Paris, il n'est pas à même de délivrer un diplôme ou une formation complète au commerce du livre ancien.

Rappelons néanmoins son ambition : Le SLAM est le syndicat professionnel des libraires de livres anciens, livres illustrés, autographes et gravures. Créé en 1914, il regroupe 250 membres, les meilleurs libraires dans leurs spécialités, diront-ils. Les libraires membres ont accepté des règles de déontologie définies par le SLAM, lui-même affilié à la Ligue Internationale de la Librairie Ancienne, la LILA, qui regroupe les associations professionnelles de 28 pays. Chaque année à Paris, le SLAM organise le Salon International du Livre Ancien, qui attire libraires et bibliophiles du monde entier.


Les bouquinistes, plus nombreux, se forment quant à eux souvent "sur le tas" mais les disparités de niveau de compétence sont énormes entre l'étudiant impécunieux, le jeune professeur en retraite, le chineur à l'intuition développée, le bibliophile idéaliste et le vieux loup de mer…

Partant du principe qu'un bon vendeur doit être un bon acheteur et qu'un bon acheteur doit bien connaître le produit qu'il propose, je glane, ici et là, et depuis toujours, des informations sur le livre. Hier, c'était essentiellement par la lecture. Aujourd'hui, je me fais aider par des professionnels...


Le CICL et son antenne de formation le CCL répondent, par exemple, à cette demande.

Le Centre Interrégional de Conservation du Livre (CICL) a été créé à Arles en 1987. C'est un organisme qui s'occupe de tout ce qui concerne la restauration (entre autres après des sinistres), la diffusion et la mise en valeur du patrimoine écrit et graphique Entouré de spécialistes de la conservation, de la numérisation et de la restauration du patrimoine documentaire, il offre à ses clients des solutions pertinentes et adaptées à la sauvegarde et à la mise en valeur de leurs collections. A noter que les clients, de part la qualité du travail requis mais en raison des délais longs que ceux-ci entraînent, sont souvent des institutionnels (bibliothèques nationales, régionales et municipales).


Le Centre de Conservation du Livre (CCL), association installée en Arles dans les mêmes locaux, mène depuis 1987,en France et à l'étranger, des actions de formation, d'expertise et de coopération interprofessionnelle dans les domaines de la conservation et de la gestion du patrimoine documentaire (info@ccl-fr.org). Les cours proposés en France ou à l'étranger font du CCL un centre international de rencontres et d'échanges entre les bibliothécaires, les archivistes, les conservateurs de musée et les restaurateurs du patrimoine. Les professionnels et les jeunes diplômés désireux de se perfectionner et de s'adapter à l'émergence des nouveaux métiers y suivent des stages de spécialisation et des cours de formation continue : Restauration des documents, conservation préventive, traitement de la bio détérioration, gestion des collections documentaires, numérisation et application des nouvelles technologies à la préservation et à la valorisation du patrimoine. C'est là que je fais ma deuxième formation de latin pour bibliothécaire en ce moment… Vétérinaire, c'était de la rigolade à côté !

Bon, il faut que j'y aille si je ne veux pas une heure de colle pour retard injustifié ! Bonne journée. Pierre

mercredi 27 janvier 2010

« La Bibliothèque de la Pléiade » , vous aimez ?


Il y a des réputations qui vous précèdent. Il y a des énoncés qui sont comme une carte de visite dans l'édition.

Si je vous dis " Nombre de titres parus : 532 / Nombre de titres disponibles : 464 / Prix moyen d'un livre autour de 60 € ", vous me répondrez sans hésitation " Collection de la Pléiade ". Et puis, vous ajouterez aussitôt, avec un soupir, selon que vous aimez ou pas la présentation " imprimée sur papier bible et reliée sous couverture pleine peau dorée à l'or fin ".

Je conçois que l'on n'aime pas ce papier. Fragile, il ne supporte pas que l'on mouille son doigt pour tourner les pages. Elles glissent d'ailleurs un peu et, grâce ou à cause de lui, on sait que le livre restera longtemps sur la table de nuit avant d'en voir le bout. En contrepartie, son format est un avantage et tout le monde reconnaît que les notes et références bibliographiques de toute la collection sont excellentes. Le succès de « La Bibliothèque de la Pléiade » ne trompe pas. On en trouve dans toutes les familles de lecteurs. Une aubaine pour les libraires s'ils sont achetés à un faible prix car la demande existe encore pour cette collection.


Petit rappel historique : « La Bibliothèque de la Pléiade » a été créée en 1931 par un jeune éditeur indépendant, Jacques Schiffrin. Sa conception était novatrice : Il proposa, au format poche, les œuvres complètes des auteurs classiques, en préservant une grande qualité de lecture. D'où le papier bible, le petit format et la couverture de cuir souple... Baudelaire, Racine, Voltaire, Poe, Laclos, Musset, Stendhal eurent, les premiers, les honneurs de la collection. En 1933, la collection est intégrée aux éditions Gallimard qui bénéficiera depuis de la particule "NRF".

Quelques observations amusantes : Gide, Malraux, Claudel, Montherlant, Saint-John Perse, J. Green, Yourcenar, Char, Gracq, lonesco et N. Sarraute sont les seuls auteurs à avoir vu leurs œuvres publiées dans la « Pléiade » de leur vivant. Avec 16 volumes, Voltaire est l'auteur le plus richement doté de la collection. Il est suivi par Balzac (15), Saint-Simon et Dickens (9) et Green, Giono et Hugo (8)


Pour les collectionneurs : « L'Album Pléiade », publié chaque année depuis 1960 à l'occasion de la "Quinzaine de la Pléiade", est devenu un objet de collection : L'Album Balzac (1962) se négocie aujourd'hui à quelque 600 euros. Et pour ceux qui recherchent la liste…

Album Balzac, 1962 — Album Zola, 1963 — Album Hugo, 1964 — Album Proust, 1965 — Album Stendhal, 1966 — Album Rimbaud, 1967 — Album Eluard, 1968 — Album Saint-Simon, 1969 — Album Théâtre classique, 1970 — Album Apollinaire, 1971 — Album Flaubert, 1972 — Album Sand, 1973 — Album Baudelaire, 1974 — Album Dostoïevski, 1975 — Album Rousseau, 1976 — Album Céline, 1977 — Album Pascal, 1978 — Album Montherlant, 1979 — Album Giono, 1980 — Album Verlaine, 1981 — Album Camus, 1982 — Album Voltaire, 1983 — Album Colette, 1984 — Album Gide, 1985 — Album Malraux, 1986 — Album Maupassant, 1987 — Album Chateaubriand, 1988 — Les Ecrivains de la révolution, 1989 — Album Lewis Carroll, 1990 — Album Jean-Paul Sartre, 1991 — Album Jacques Prévert, 1992 — Album Gérard de Nerval, 1993 — Album Antoine de Saint-Exupéry, 1994 — Album William Faulkner, 1995 — Album Oscar Wilde, 1996 — Album Aragon, 1997 — Album Julien Green, 1998 — Album Jorges Luis Borges, 1999 — Album Un siècle NRF, 2000 — Album Marcel Aymé, 2001 — Album Queneau, 2002 — Album Simenon, 2003 — Album Diderot, 2004 — Album Les Mille et Une Nuits, 2005 — Album Cocteau, 2006 — Album Montaigne, 2007 - Album Breton, 2008 - Album du Graal, 2009.

Je vous en propose quelques-uns qui auront peut-être votre faveur… " audentes fortuna juvat ". Pierre

Album Oscar Wilde, 1996. Avec son rhodoid et sa jaquette, état neuf, 45 €
Un siècle NRF, 2000 . Avec son rhodoid et sa jaquette, état neuf, 40 €
Album Eluard, 1968 . Avec son rhodoid et sa jaquette, état neuf, 80 €

lundi 25 janvier 2010

Causerie du lundi de Philippe Gandillet : L'art de la lecture par Legouvé


Il est extrêmement rare d'être élu Académicien de père en fils. Ernest Legouvé (1807–1903) est l'exception qui confirme la règle. Je crois même que l'on n'a jamais vu de "Membre de l'institut & fils" dans la même assemblée. Et l'élection de prélats n'arrange pas les statistiques…

C'est exactement ce que j'ai pensé quand je suis arrivé à la boutique ce matin et que j'ai trouvé sur l'étagère, l'ouvrage que Pierre souhaitait se défaire, la mort dans l'âme.

Soit ! Cela n'enlève rien au talent d' Ernest Legouvé qui reste un des plus illustres oublié du 19eme siècle. Il fut, en 1847, chargé d'un cours au Collège de France, fit de nombreuses conférences, écrivit des poèmes, des brochures sur la femme, la famille, la lecture, l'escrime, le théâtre. Comme auteur dramatique, ses meilleurs ouvrages sont ceux qu'il fit en collaboration avec Scribe dont je vous parlerai un jour, si vous insistez. En 1881, il fut nommé directeur des études de l’École normale de Sèvres et inspecteur général de l'Instruction publique. Au fil des années, sa célébrité lui vint surtout de ses conférences sur les droits des femmes, sujet rabattu sur lequel je ferai l'impasse. Nous nous pencherons plutôt sur un de ses ouvrages, intitulé " L'art de la lecture". En fait, Legouvé a cafouillé dans le titre. Il s'agit en fait d'un exposé sur l'art de la lecture à haute voix et sur la diction. Si mes souvenirs sont bons, Ernest était un piètre orateur et je sais que ce traité est en partie inspiré de ma faconde lorsqu'il assistait à mes conférences...


Laissez moi vous donner quelques conseils. Vous me remercierez plus tard.

Une bonne voix sera toujours pour l'orateur, une des armes les plus essentielles et un des dons les plus heureux qu'il puisse posséder. L'orateur qui ne sait pas varier les effets, les intonations de sa voix prive sa parole d'une des plus grandes et des plus indispensables ressource de l'éloquence. De même s'il prononce mal, il arrivera fatalement à lasser son auditoire. Il faut ar-ti-cu-ler, voilà le secret de la réussite ! On devra aussi prendre garde aux défauts de prononciation qui tiennent à la paresse, à l'habitude, à la mode ou au terroir et je pense en particulier à " l'assen provenssale " qui décrédibilise quelquefois son détenteur.

Eviter d'altérer votre voix par la prise du tabac. La poudre de tabac qui est emmagasinée dans les cornets nasaux irrite, enflamme la muqueuse et par suite de cette altération, la voix prend un son aussi caractéristique que désagréable. La pratique de fumer du tabac étant maintenant proscrite, nous n'y ferons plus référence mais il parait que c'était mauvais pour la santé !


Comment doit-on préparer un discours ? Beaucoup d'orateurs, et je suis de ceux-là, ont l'habitude de l'écrire entièrement et ensuite de le réciter ou de le lire. C'est une solution. Le mieux est de l'apprendre par cœur et c'est ce que je conseille aux hommes politiques de tout bord qui me demandent des allocutions avant un passage à la télévision. Étant un spécialiste de la verbomanie, affection bénigne dont le caractère principal est un entraînement irrésistible à discourir de tout et n'importe quoi en ayant quelques notions vagues, impersonnelles et souvent empruntées sur un sujet mal assimilé, mes déclarations sont recherchées par les gens qui n'ont rien à dire mais qui le disent bien…

Un dernier point de détail mais qui a son importance. Comment s'habiller avant de parler en société ? Quelque inconvénient que puisse offrir la toge, je la préfère toujours au costume. Le geste se fait plus ample, la cage thoracique est libérée et si peu que vous choisissiez un joli tissu, votre auditoire ne sera pas indifférent au charme de votre tenue. De plus, la posture debout que je vous conseille pour faire l'allocution va affiner votre gracile silhouette, c'est sûr.

Vous voila donc prêts pour affronter un auditoire, chers amis. Prenez l'habitude néanmoins de jeter un coup d'œil vif et régulier à votre public. S'il porte un regard sur sa montre c'est que la péroraison ne doit pas tarder. S'il l'a porte à son oreille pour vérifier si elle ne s'est pas arrêtée, c'est que vous avez dépassé le temps qui vous était imparti…

Ce que je ne ferai pas. Philippe Gandillet.


LEGOUVÉ (Ernest). L'art de la lecture. Paris, Hetzel, Bibliothèque d'éducation et de récréation, 1897. Petit in8, demi-chagrin marron, dos à 4 nerfs, page de titre conservée. 304p. À l'usage de l'enseignement supérieur. Ouvrage adopté par le Ministère de l'Instruction publique pour les bibliothèques scolaires & par la Ville de Paris pour les distributions de prix. Gravures in texte & hors texte. Excellent état. 28 € + port

samedi 23 janvier 2010

J'aime bien lire dans le train.


Six heures de voyage laissent le temps de rêvasser à la fenêtre de l'étage supérieur du wagon de T.G.V. Entre ces moments d'introspection, face à la beauté de la nature qui défile, je lis… J'ai choisi de vous proposer deux ouvrages si vous êtes, comme moi, amenés à voyager par le train ou l'avion bientôt. Une sélection cohérente comme vous pourrez le constater.

1 - Introduction à la vie dévote par François de Sales. en deux tomes aux "Belles lettres", 1961
2 - Anthologie de la poésie érotique par Pierre Perret aux éditions du Nil, 1995.


Avant que de vous parler de ces livres, une anecdote que vous garderez secrète. J'avais en face de ma tablette, une jeune femme comme on en trouve beaucoup de nos jours lorsque voyage rime avec travail. Je n'ai pu apercevoir son visage qu'en de brefs moments où elle levait le nez au dessus de son ordinateur portable ; cheveux secs tirés en arrière, jeans élimé aux manches, tennis avachies, sweet-shirt ample et confortable, sans maquillage et sans charme réel. Et bien, elle n'a provoqué en moi aucun fantasme à la lecture de "La vie dévote", ce qui en soi est logique mais surtout elle m'a laissé absolument inébranlable (sic) même au moment de déguster les poèmes érotiques assemblés par notre chanteur populaire. C'est à désespérer des jeunes femmes de notre époque ou alors, c'est normal Docteur... et là je m'inquiète.


L'introduction à la vie dévote nécessite en préambule un éclaircissement. Le mot dévot ne doit pas être pris dans le sens péjoratif donné par Molière mais dans le sens étymologique d'une vie consacrée à Dieu. Avant François de Sales, cette vie ne pouvait être accordée que par une vie cloîtrée. Il nous explique ici, en termes simples, que cette perfection chrétienne peut être accordée à chacun de nous, dans notre vie de tous les jours, à condition de respecter certaines règles. Il suffit de se détacher du péché mais aussi de toute affection pour le péché.

Son âme s'élevant au-delà de ses yeux
Avait au créateur uni la créature,
Et marchant sur la terre, il était dans les cieux.


Vous comprendrez, avec ce que je vous ai dit précédemment, qu'un petit tour en purgatoire me sera vraisemblablement nécessaire… La langue et le style de François de Sales, de forte inspiration Donatienne, ont ceci de baroque qu'ils utilisent de nombreux archaïsmes ; à ce que pour afin que / accoiser pour calmer ; de nombreux latinismes ; bénéfice pour bienfait / impétrer pour obtenir ; sans alourdir une pensée toujours claire et vive et agrémentée d'images pédagogiques. La principale qualité de cet ouvrage, en dehors du son message novateur, est la grâce qui s'attache à ces propos et la réelle gentillesse de son auteur.

C'est donc dans un état de parfaite harmonie avec mon âme que je me suis attaqué, quelques temps plus tard, à l'anthologie de la poésie érotique de Pierre Perret afin d'être en parfaite harmonie avec mon corps.

D'abord il faut définir le concept : l'érotisme c'est ce qui est cochon, coquin, croustillant, débauché, dépravé, déréglé, dévergondé, gaillard, gaulois, gras, graveleux, grivois, impudique, inconvenant, indécent, leste, libertin, libidineux, malsain, obscène, polisson et salace. Tout le reste, c'est de la pornographie !

Source d'amour, fontaine de douceur
Petit ruisseau apaisant toute ardeur,
Mal et langueur ; ô lieu solacieux…


Puisqu'il s'agit d'un florilège chronologique, il est plus aisé de déterminer quelle période nous est agréable. Par exemple, mon diencéphale qui est de conception ancienne, a indiqué au reste de mon organisme que les poésies médiévales où l'on appelle un chat un chat, où les femmes sont actrices et le plaisir guilleret avaient ma préférence. Entre deux poèmes, une pensée de Woody Allen m'est revenue " Ma vie sexuelle est un tel échec que je me suis inscrit à un concours. Demain matin, je fais la demi finale avec le Pape ! ". Comme je souriais, la jeune femme en face de moi m'a souri aussi… Pierre

SALES (François de). Introduction à la vie dévote. 2tomes petit in-8. Paris "les belles lettres", texte établi par Charles Florisoone, deuxième édition, 1961, état neuf. 26 € + port

PERRET (Pierre). Anthologie de la poésie érotique. Nil édition. 1995. in-8, 672p. Comme neuf. 20 € + port

jeudi 21 janvier 2010

Nous laissons passer une page de publicité…


Dinan, charmante petite bourgade commerçante des Côtes d’Armor, nichée en plein pays Gallo, est un haut-lieu de notre passé architectural. En remontant la rue du Jerzual, les maisons à pans de bois, toutes différentes, vous plongent sans équivoque au Moyen-Âge. Pas de fausse note dans le décor, chaque habitation attire le regard par la qualité de sa décoration, son caractère insolite ou son charme.


Passé la porte, la rue du Jerzual devient la rue du Petit Fort, tout en conservant son caractère exceptionnel. Les maisons y sont même encore plus somptueuses.

Cette voie était autrefois un axe de grande circulation vers le port qui desservait alors Saint-Malo. Marchands et voyageurs entretenaient un flux très dense dans la rue et les bousculades n'étaient pas rares entre piétons et chariots !


La rue est remarquablement entretenue et est devenue un des grands points d'attraction touristique de Dinan. Fait notable, ce succès est bien géré, permettant de garder authenticité et caractère. Les échoppes d'antan ont cédé la place aux ateliers d'artistes, aux artisans et aux restaurants, mais la signalisation est restée contrôlée. Ici, pas d'enseignes disgracieuses ou d'illuminations déplacées.

C'est avec regret que le visiteur aperçoit les dernières maisons de cette rue si particulière en prenant à gauche vers la basilique Saint Sauveur. Mais déjà, l'œil est attiré par la devanture d’une librairie ancienne qui laisse espérer de belles découvertes...

LIBRAIRIE DAVY AMAURY
4, place Saint Sauveur 22100 DINAN


Un homme encore jeune vous accueille. Sa gentillesse, sa compétence et la qualité des livres qu’il propose en sa boutique ne laissent pas le chaland indifférent. Il y a du choix pour tout type de lecteur et le bibliophile sera gâté. Il va de soi que si vous êtes un passionné de régionalisme vous sortirez les yeux émerveillés par l’offre. Mr Davy, le propriétaire, vous dira que sa boutique lui sert plus de bureau, aujourd’hui, que de boutique. Le badaud se fait plus rare mais est avantageusement remplacé par le client virtuel adepte du site en ligne. C’est ainsi !

Il ne tient qu’à vous que tout ceci change. Poussez sa porte et vous serez, comme moi, enchanté.

mercredi 20 janvier 2010

Les devoirs du souverain. Monarque absolu mais monarque bienfaisant…


Il ne reste plus, à l’heure actuelle, que cinq états ayant actuellement pour régime une monarchie absolue (L’Arabie saoudite, le Brunei , le territoire d’Oman ,Swaziland et la Syldavie). C’est dire si le livre que je propose à la vente aujourd’hui a une clientèle très limitée. Cinq Rois. Cinq Clients potentiels, pas plus !

L’ouvrage que je présente a été écrit par Jean-François Senault, théologien belge (1604-1672) qui fut un grand prédicateur du XVIIIe siècle. Prêtre séculier de l’Oratoire, il donna l’exemple d’une vie d’ascèse tournée vers la diffusion de la connaissance. C’est à cet effet qu’il développa dans ce livre les devoirs du souverain qui sont, si on a la curiosité de lire le texte, une suite ininterrompue de ses droits. Étant entendu que ses devoirs étaient les droits de sa charge de Monarque Absolu !


Rappelons en deux mots ce qu’est ce régime :

L’absolutisme est un régime politique dans lequel le Monarque concentre en ses mains tous les pouvoirs. Dès lors, ce terme sera utilisé dans tous les livres d'histoire pour caractériser la nature du pouvoir politique dans la France de l’ancien régime, entre la Renaissance et la Révolution. Louis XIV pour qui cet ouvrage est composé avait réussi à mettre en place cette forme d'absolutisme, en développant une conception qualifiée par la suite de « monarchie absolue de droit divin ».

L'un des théoriciens de l'absolutisme est alors Pierre de Bérulle, fondateur de l’Oratoire dont Senault est le disciple. Tout s’explique...

« Sire, le siège de votre majesté nous représente le trône du Dieu vivant. Les ordres du royaume vous rendent honneur et respect comme à une divinité visible. »


Louis XIV gouvernait sans premier ministre et décidait seul, tout en prenant les conseils de son chancelier, de ses ministres et de ses secrétaires d'état. Quand il avait un problème, il se plongeait dans « Le Monarque » pour trouver la solution…

- Vaut-t-il mieux que les royaumes soient électifs plutôt qu’héréditaires ? Page 23

- Du pouvoir miraculeux que les rois ont reçu du ciel de guérir les écrouëlles (le Roi thaumaturge touchaient le malade en prononçant la phrase "Le roi te touche, Dieu te guérit"). Page 86

- Que l’impiété est la cause des malheurs de tous les états. Page 175

- De la magnificence des princes dans les habits, les festins et les spectacles. Page 226

- Que le souverain doit plutôt se faire aimer que se faire craindre. Page 284

- Que les rois doivent refuser les dignités ecclésiastiques à ceux qui les recherchent. Page 375

- Si le prince peut avoir quelques amis. Page 430

- Quelles raisons obligent le prince à faire la guerre. Page 469

Si d’aventure, une jeune femme voulait s’aventurer à la lecture, il se pourrait qu’elle ait une légitime raison d’être furieuse. Au moment de savoir si une femme pouvait être monarque, il est écrit et je cite sans cautionner :

« La femme est plus capable de finesse que de prudence, de cruauté que de force et la seule souveraine d’un peuple est la mère de Dieu »


Cet ouvrage peut aussi vous être utile, vous simple bibliophile, si vous décidez un jour de renverser notre mauvaise république pour devenir un bon tyran… Pierre

SENAULT (Jean-François). Le Monarque ou les devoirs du souverain. Paris, Pierre Le Petit, 1661. Edition originale In-quarto, plein veau écaillé avec un manque sur le deuxième plat, dos à 5 nerfs orné de motif dorés et d’une pièce de titre, tranches jaspées, plus de coiffe et une charnière fendue. Reliure de l'époque. Beau papier sans mouillures mais traces de vers nombreuses qui n’empêchent pas la lecture mais contrarient fortement le vendeur. Bel exemplaire mais faisant son âge. 180 € + port

lundi 18 janvier 2010

Causerie du lundi de Philippe Gandillet : Le Mercure de France


L’itinéraire électronique qui mène cette chronique jusqu’à votre charmant foyer ne laisse pas de surprendre ma perplexité Académique. La connectique fonctionne même loin de son port. .. Pierre est en voyage pour quelques jours et c’est de la bibliothèque Mazarine, près de l’Institut, où je travaille (rêvasse) en admirant les rayonnages chargés d’histoire et de littérature le l’illustre maison que je vous envoie ma causerie hebdomadaire. L’ombre de Sainte Beuve, guidant ma plume, je m’apprête donc à noircir de mes propos dilettantes la page blanche d’un texte dont notre brave libraire va, encore une fois, tirer un juste bénéfice.


Écrivain curieux du commerce des livres
J’orne mes écrits des grâces de mon style
Des mots rares, il faut que je m’enivre
Car j’aime mêler partout, l’agréable et l’utile.
On me demande lequel des deux
Nous est le plus avantageux
D’être utile ou d’être agréable.
L’un et l’autre est très désirable
Et dans l’exacte vérité
Ce sont de justes buts pour vivre en société.
Heureux celui qui les rassemble
S’il ne peut les posséder ensemble…


Un détail… Pierre ne m’ayant confié aucun ouvrage à commenter, il me faudra donc en dérober un sur les étagères de la « Mazarine ». Arguant que je l’ai déjà rendu, mon aplomb, ma suffisance et la renommée attachée à ma personne suffiront à tromper l’accorte secrétaire. Une édition du Mercure de France, regroupant les mois d’octobre à décembre 1742, vous conviendra-t-elle ? Considérez qu’elle est à vous !

Le Mercure de France était à l'origine une revue, fondée sous le nom de Mercure Galant, et qui évolua pour devenir une maison d'édition au XXe siècle. Il fut fondé à la fin du XVIIe siècle par Donneau de Visé, tout d’abord sous la forme d’un hebdomadaire puis d’un mensuel. Le Mercure Galant, dont le but était d’informer le public sur les sujets les plus divers publia des poèmes ou des nouvelles. La première livraison date de 1672.


Le Mercure continuera à paraître au-delà de la mort de son fondateur en 1710. Sous Laroque, elle change de titre en 1724 et devient le Mercure de France. La Harpe en est le rédacteur pendant vingt ans. Chateaubriand en fut, un moment, l'unique propriétaire mais la revue cessera de paraître en 1825.

Notre ouvrage mentionne, entre autres, quelques erreurs dans le « Moréri », nous retrace les plaisirs de la campagne, joint des partitions guillerettes sur les mérites de la boisson, nous livre ses réflexions sur la bonne heure pour écrire, nous rappelle que l’usage du tabac dans les églises est sujet à excommunication par une bulle papale et nous informe d’une surprenante résurrection de Bibi , le chat de la favorite du Roi. Les bibliographes se régaleront du descriptif rigoureux des nouvelles parutions chez les libraires.

Rien que de très utile là dedans et de bien agréable… Philippe Gandillet


Collectif. Mercure de France. Paris chez Cavelier, Pissot et Jean de Nully. 1742. Trois tomes dans un seul volume plein veau in-12, dos à cinq nerfs, pièce de titre et tomaison en lettres dorées sur maroquin, motifs dorés. 900p, gravures HT. Quelques mouillures très claires en début d’ouvrage. Usures aux coiffes. Bon état. 48 € + frais d’envoi.

samedi 16 janvier 2010

Exposition d'ouvrages anciens à l'occasion de l'année jubilaire de la Visitation.



L'année 2010 est une année jubilaire pour l'ordre, c'est-à-dire qu'elle est l'occasion de faire une célébration publique pour sa création et l'entrée dans sa fonction en 1610. On dira que les Visitandines célèbrent leur Jubilé. Dans la religion catholique, ce Jubilé est aussi une indulgence plénière, solennelle et générale, accordée par le Pape Benoit XVI aux fidèles pourvu qu'ils visitent avec dévotion l'église le jour de l'ouverture solennelle de l'année jubilaire, le 24 janvier, le jour anniversaire de la fondation le 6 juin, pour la solennité du sacré cœur le 19 juin, le jour de la fête de Sainte Jeanne de Chantal le 12 août ou le jour de la clôture solennelle du jubilé. Selon la doctrine catholique, le péché est effacé par la confession mais ce sacrement n'enlève pas la peine temporelle due au péché (qui se traduit généralement par un temps de purgatoire, le monde n'est pas parfait…) si elle n'est pas d'abord purgée sur terre par des actes de foi et de charité. Cette peine temporelle peut être atténuée voire effacée par l'indulgence. A bon entendeur, salut !


A l'occasion des quatre cents ans de la création de l'ordre, les Sœurs Visitandines de Tarascon, notre bon Père Michel, des fidèles et quelques bénévoles (dont un libraire) ont œuvré pour vous présenter plusieurs manifestations à la fois culturelles et cultuelles en vue de faire comprendre la vie de la communauté et de partager leur histoire. La première exposition aura lieu à partir du 24 janvier dans le vestibule et le cloître du monastère. Vous pourrez admirer un ensemble de mobiliers, de tableaux et de travaux faits par les sœurs au cours du temps (paperolles, broderies, etc). Pour les bibliophiles de beaux ouvrages anciens du 17eme siècle à nos jours seront présentés et commentés. Si un lecteur du blog me téléphonait à la boutique, je pourrais même envisager une visite guidée…


Je vous fais faire un petit avant tour historique :

L’ordre de la Visitation est l’ordre religieux des Visitandines. Celui-ci fut fondé en 1610 par Saint François de Sales et Sainte Jeanne de Chantal à Annecy. Jeanne Frémyot, veuve du baron de Chantal, sous la direction spirituelle de l'évêque de Genève, François de Sales, accepte de diriger un groupe apostolique : Comme lors de l'épisode évangélique de la Visitation, où la Vierge Marie, enceinte du Christ s'en va aider sa cousine Elisabeth âgée et enceinte de Jean-Baptiste, les religieuses auraient comme tâche principale de "visiter" malades et pauvres et les réconforter. À compter de1612, les sœurs visitent les malades de la ville. Cette présence de religieuses dans les rues et taudis de la ville est mal vue par les autorités ecclésiastiques en pleine contre-Réforme. Cette orientation apostolique sera abandonnée en 1615 et la clôture progressivement imposée. A la mort de Sainte Jeanne de Chantal en 1640, l'Ordre compte déjà 87 monastères. En 1792, l’ordre de la Visitation, comme tous les ordres religieux, est interdit en France. Les 129 communautés françaises sont dispersées. Il est rétabli en France en 1805 par Napoléon Ier sur la demande de sa mère Madame Laetitia. 51 monastères sont rétablis et 14 nouvelles fondations sont enregistrées avant 1850. Sous la Troisième République, le mouvement anticlérical, s'en prend aux congrégations avec plus de vigueur encore qu'envers le clergé séculier, politique restrictive qui se traduit par des refus d'autorisations et par l'expulsion du territoire français des congrégations non autorisées. La loi de 1901 sur les associations et son application qui se fait plus dure en 1904 proscrit les congrégations religieuses qui sont vouées à l'exil. Tarascon y échappera mais perdra son pensionnat. Une loi de 1942, confirmée à la Libération, assouplit le système. L'Ordre, qui a connu 356 fondations, compte aujourd'hui 155 monastères actifs. On peut estimer à 80 000 le nombre des visitandines au cours des siècles dont 3 000 actuellement.



Beaucoup de gens, même parmi les croyants, se demandent à quoi servent des Sœurs cloîtrées. "Elles ne font rien et vivent en dehors du monde" diront les plus septiques. Cette visite vous permettra de vous faire votre propre jugement. Une petite phrase échangée avec Sœur Jeanne-Catherine qui est la pierre angulaire de cette exposition nous donne une réponse parmi d'autres. " La clôture n'est pas l'isolement, vous savez ! ". J'ai eu plusieurs fois l'occasion de le vérifier mais je suis mal placé pour vous expliquer ceci. Vous trouverez la solution dans les livres comme toujours. Ce dernier ouvrage que je propose à la librairie vous ouvrira quelques pistes. 17 € + frais de port. Pierre

jeudi 14 janvier 2010

Lamartine. Le génie du Romantisme...


Alphonse de Lamartine (1790-1869) était à la fois un poète, un écrivain, un historien et un homme politique. La postérité l'a malheureusement placé entre deux géants de la littérature, Chateaubriand et Hugo qui lui ont fait de l'ombre à la façon des grands chênes… Sa jeunesse, à l'abri de la terreur révolutionnaire, se déroulera sur les bords de la Saône, à quelques lieues de Lyon, dans son petit château de Milly, tout près d'une nature qui lui inspirera ses plus beaux vers. Cette âme rêveuse et mélancolique débuta sa vie dans l'action et c'est en tant que capitaine du roi Louis XVIII que nous le verrons dans sa première fonction officielle : Garde du corps. Vu la taille du monarque, il fallait un escadron, me direz-vous… Puis ses goûts l'incitèrent plutôt à se tourner vers la littérature. Il fréquenta alors les salons, s'essaya à quelques tragédies et composa des élégies. En 1816, il rencontra, au lac du Bourget, celle qui devint l'Elvire du Lac avec qui il vécut une brève idylle (platonique) et qui mourut de tuberculose l'année suivante.

Ô temps ! Suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !


Menant, parallèlement, une carrière de diplomate en Italie, Lamartine conforta, de publication en publication, sa position de chef de file de la génération romantique. Élu à l'Académie Française en 1829, il connut un nouveau succès en publiant ses Harmonies poétiques et religieuses, œuvre d'un lyrisme puissant, qui révélait un poète en pleine possession de son talent. La révolution de juillet 1830 donna un tour nouveau à sa carrière et il se lança dans la politique. Après un premier échec à la députation en 1831, il s'embarqua pour un long voyage en Orient au cours duquel il perdit sa fille. Les esprits les plus aiguisés y verront un parallèle avec la disparition de la fille de Victor Hugo dans des conditions aussi soudaines.

Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé !


À son retour, il fut élu député et, jusqu'en 1848, défendit à la Chambre des idées libérales et progressistes. Il publia, en 1847, une "Histoire des Girondins", ouvrage qui lui valut d'être ministre du gouvernement. On cherchera en vain dans cet ouvrage le mot " Hélas ! ". A sa décharge, il faut préciser qu'il s'agissait d'un gouvernement républicain… Après son échec devant Louis-Napoléon Bonaparte à l'élection présidentielle, il ne fut plus, dès lors, qu'un homme de lettres contraint, en raison de ses dettes, à un travail forcé. Il mourut dans un oubli presque total et après avoir vendu peu à peu tous ses biens. Mistral qui lui devait sa renommée et son prix Nobel fit preuve d'une douleur sincère.

Dins un silenci grèu alor èu s'amagni
Et mut coum soun li mountagno
Au mitan de sa glori e de sa malamagno
Senso plagnun èu mourigué…



- JANIN Jules. Lamartine 1790-1869. Paris, Imprimerie Jouaust 1869 - in-18. 112 p, 4 pages de catalogue, titre en deux couleurs et illustré d'un portrait (eau forte de Martial), broché sous emboîtage, sur grand papier, excellent état. Envoi de l'imprimeur. Cet ouvrage édité à la mort de Lamartine en petit nombre est comme un panégyrique. Très beau texte. 128 €
- LAMARTINE (Alphonse de). Nouvelles méditations poétiques avec commentaires Paris, Hachette, 1900. In 8, 376p. Reliure demi-chagrin fauve à coins très élégante doublée d'un filet d'or. Pièce de titre, motifs dorés sur un dos lisse. Bel état. 30 €
- LAMARTINE (Alphonse de). Histoire des Girondins. 8 tomes fort in 8. Furne et Cie. W. Coquebert, édition originale. 1847. Reliés demi chagrin brun foncé, dos à faux nerfs, 458 + 418 + 400 + 398 + 414 + 414 + 413 + 384 p. Edition Originale. 32 portraits d'après RAFFET, rousseurs éparses. Bel état. Vendu
- LAMARTINE (Alphonse de). Oeuvres. Paris, Gosselin & Furne, 1832. 4 volumes in8, demi basane verte insolée. Dos lisse à motifs et pièces de titre dorés. Frottement sur les plats et aux coins. 355, 339, 359, 375p. Titre orné d'1 vignette par T. johannot. T.I : Premières Méditations poétiques - La mort de Socrate - Épîtres et poésies diverses. T.II : Nouvelles Méditations - Le dernier chant du pèlerinage d'Harold. T.III : Harmonies poétiques et religieuses (livres 1, 2 & 3). T.IV : Harmonies poétiques, livre IV - Le chant du Sacre - Épîtres et poésies diverses - Discours à l'Académie française. Les Harmonies sont publiées ici pour la 1ère fois en édition collective (Vicaire IV, 1043-4). Grandes marges. Pas de rousseurs mais quelques traces d'usure. Ex-libris. Bibliothèque séminaire. 125 € + port

mardi 12 janvier 2010

Vivre libre. Revue de naturisme


Il y a le ciel, le soleil et la mer (2)

Allongés sur la plage, les cheveux dans les yeux
Et tout nu sur le sable on n'est bien tous les deux
C'est l'été, les vacances, oh mon dieu, quelle chance…


Il y a le ciel, le soleil et la mer (2)

Ma cabane est un ange et le lit n'est pas grand.
Tous les jours, c'est dimanche et nous courons fringants
Car tous nus, sur la plage, le sable nous démange…


Il y a le ciel, le soleil et la mer (2)

Et le soir tous ensembles, quand on va pour s'aimer
Un gars qui me ressemble viens toujours te chercher
Il te parle de vacances, c'est vraiment pas ma chance…

Il y a le ciel, le soleil et la mer (2)

Quelque part en septembre, nous nous retrouverons
Et sitôt dans ta chambre, nous nous dévêtirons
Malgré le vent d'automne et les pluies monotones...


Il y a le ciel, le soleil et la mer (3)

Ces cinq revues sont réservées à des collectionneurs. Personnellement, je n'ai jamais essayé le naturisme, à la fois par manque d'occasion et par des doutes sur mes capacités à dissimuler mes sentiments… 36 € port compris

lundi 11 janvier 2010

Causerie du lundi de Philippe Gandillet : Henri Rochefort n'aimait-il que les livres ?


Ne jamais dételer.

Telle est la formule qui pourrait s'appliquer à ce polémiste du 19eme siècle que Pierre souhaite faire sortir de l'oubli par l'entremise d'un de ses ouvrages, brillamment présenté par votre aimable serviteur.

La France manquant de grands hommes vivants ; ceux qui sont considérés comme tels ne le méritent pas toujours et ceux qui, comme moi, le seront dans le futur souffrent de cette indifférence ; intéressons-nous donc au passé en remontant le temps, amusante gageure, si vous le voulez bien.

Aparté : Notre libraire est aujourd'hui calfeutré dans sa douillette maison arguant qu'il y a danger à mettre le nez dehors. Balivernes ! J'ai, ce matin, chaussé mes skis de fond et c'est sans difficulté que j'ai parcouru les 37 Km qui séparent ma bastide de sa modeste échoppe. S'il avait connu les rigueurs de l'hiver canadien comme quand j'étais conférencier à l'Université de Sainte Hyacinthe, il se rirait du froid…


1913 : Henri de Rochefort-Luçay, mieux connu sous le nom d' Henri Rochefort vient de mourir. Journaliste et homme politique français, son activité de journaliste menée sans grand discernement, ses combats contradictoires pour lesquels le goût de la formule l'ont entraîné souvent vers l'insulte en ont fait un homme isolé, peu regretté, qu'on enterre civilement et sans pompe.

Déjà, sous l'affaire Dreyfus, par son antisémitisme primaire, sa popularité avérée est largement entamée auprès des classes populaires. Revenu de Nouvelle Calédonie en 1880 à cause de ses sympathies communardes, il rejoint le Boulangisme tombé au champ d'honneur du pathétique. Les extrêmes s'attirent. Combien de révolutionnaires sont devenus réactionnaires avec l'age…

Quel destin pourtant ! Embarqué à destination de Nouméa en 1873, puis évadé de façon miraculeuse, il aurait pu profité de ce charter injuste pour se tailler un costume d'illustre exilé qui avait si bien réussi à ses maîtres, Hugo en tête.

Plusieurs fois emprisonné sous Napoléon III par ses articles dans "La Lanterne" ou "La Marseillaise", ce militant républicain aurait pu faire un martyr Panthéonisable, si ce n'était cette irascible envie de médire qui l'aura rongé toute sa vie. C'est à lui que nous devons le fameux éditorial qui l'a rendu célèbre « La France compte 36 millions de sujets, sans compter les sujets de mécontentement… ».

Il aura gâché ses trois mariages, son entrée au "Figaro", son œuvre théâtrale ; une vingtaine de vaudevilles, qui ne connaîtront que des succès d'estime sans marquer la postérité ; et ses études de médecine commencées sous la pression de son père le Comte de Rochefort-Luçay, auteur dramatique lui-même. La bonne étoile devait être sûrement absente l'année de sa naissance : 1831.


L'ouvrage que Pierre a choisi pour vous, intéressera particulièrement les lecteurs férus de salles de vente puisque Rochefort, qui semble dans ces années 1860 côtoyer en tant que journaliste ce milieu d'initiés, nous en trace un tableau très instructif. Tout y est expliqué et dénoué pour notre plus grand bien mais au prix de terribles désillusions . Les commissaire-priseurs sont affairistes, les experts incompétents, les acheteurs crédules, les marchands malins, les maquilleurs, nettoyeurs de fieffés filous et tout ce monde semble se porter parfaitement au détriment de notre pauvre vendeur qui se fait systématiquement gruger.

Vous comprendrez aisément que je me sois penché de façon particulière sur le sort réservé aux livres dans ce domaine. Et là ! Miracle… La maison Sylvestre y est parfaitement décrite et les transactions qui s'y déroulent semblent échapper à la critique. Le bibliophile, le bibliomane et le bibliopathe y coulent des jours heureux à l'ombre de Charles Nodier dont le souvenir semble encore vivant. Vous me direz qu'il n'y a dans tout cela rien de bien extraordinaire. La lecture adoucit les mœurs…

Votre dévoué. Philippe Gandillet


ROCHEFORT (Henri). Les petits mystères de l'Hôtel des ventes. Paris : E. Dentu , [1862]. Edition originale, 295 p, petit in -8, reliure demi chagrin marron, dos à 4 nerfs, pièce de titre et motifs dorés. Illustration Daumier en page de garde. Très bon état. Vendu