lundi 30 novembre 2009

Causerie du lundi de Philippe Gandillet : Un ingénieux ingénieur.


Il faut le reconnaître, ce n'est pas une de mes moindres qualités que celle d'être bricoleur.

Pour vous donner un exemple, ce dimanche, après le devoir conjugal, j'ai démonté la machine à laver dont le joint spi présentait une usure anormale, j'ai enduit la façade du voisin qui présentait quelques fissures inesthétiques (la façade, mais vous l'aviez deviné) et j'aurai terminé un petit meuble en bois pour changer ma table de nuit si je n'avais pas été appelé en urgence à Tricastin pour une petite fuite de chaudière sans importance. C'est pour vous dire.

A ce propos, je ne sais si des femmes lisent la chronique que me réserve Pierre le lundi, car après tout il doit bien exister des femmes bibliophiles, mais elles doivent sûrement se dire deux points, ouvrez les guillemets : " Mon dieu, mon Dieu, quel plaisir serait-ce d'avoir un mari aussi bricoleur !". C'est pourquoi le petit ouvrage que m'a laissé Pierre aujourd'hui va intéresser tous les hommes désireux d'être, comme moi, porté aux nues par leur adorable épouse aux yeux embués par les larmes de la reconnaissance.

Un simple aparté, une simple digression sans rapport avec ma brillante chronique : Je trouve que Pierre en fait un peu trop, en ce moment, dans le genre "Barbey sur le retour". Si vous pouviez lui en toucher un mot, à l'occasion. Il me fait de l'ombre… Si cela continue, il finira par écrire mes causeries du lundi, nom d'un petit bonhomme !


Donc, les " Petites Causeries d'un Ingénieur " de Max De Nansouty vont vous offrir l'occasion d'impressionner votre famille, vos amis et même le gouvernement par la sagacité des propositions que vous allez leur faire. Quelques exemples pris au hasard.

Un sourd-muet rencontre un aveugle-muet ; le hasard est parfois étrange. Comble de chance, ils désirent engager une conversation à bâtons rompus. Max (au regard des bienfaits qu'il a apporté à l'humanité son simple prénom fera dorénavant office de carte de visite si vous le voulez bien) a trouvé la solution pour permettre la chose. Il suffit en effet de quelques fils conducteurs et d'un petit générateur comme tout le monde en a dans ses poches pour que la conversation s'engage.


Les cheminots sont souvent en grève. L'espace dédié aux lignes S.N.C.F grève également le budget de notre belle entreprise. Tout cela coûte bien cher. Max a trouvé la solution pour diviser par deux le kilométrage des lignes à entretenir ou multiplier par deux le nombre de train sur les rails. Il suffit que les trains se chevauchent au lieu de se croiser !! Les plus rebelles au changement seront encore les vaches, à coup sûr. La méthode est simple et reconnaissez qu'à 39 € frais de port compris, l'investissement sera vite rentabilisé.

Je passe rapidement sur le seau démontable absolument indispensable, le procédé pour fabriquer de la baleine artificielle, le canot mécanique d'entraînement à monter soi même le jour où la mer est démontée et le signal d'alarme électrique et automatique pour empêcher les navires de toucher sur les récifs qui aurait permis d'éviter une catastrophe un an plus tard (le livre est de 1911). Non vraiment, Max est un génie !


Pour les amoureux des livres, maintenant : Max a inventé un petit montage à placer sur vos lunettes permettant de lire sans se fatiguer les yeux. Il suffit pour cela de poser sur les verres une lentille opaque et oblique. Encore fallait-il y penser ! De la même façon Max a trouvé la solution pour se débarrasser de vos insectes bibliophages. Les vapeurs de sulfure de carbone se dégageant dans une bibliothèque fermée de façon parfaitement hermétique feront fuir ces ennemis des livres anciens vers des rayonnages plus avenants en raison de l'odeur insupportable qu'ils dégagent. Aux esprits chagrins qui diront "Oui mais si l'on ferme les portes de façon hermétique, comment ils font pour sortir ces p'tits bêtes ?", je répondrai "C'est leur problème, après tout ! Charité bien ordonnée commence par soi-même ! Aide-toi, le ciel t'aidera !" Soyez néanmoins prudent à l'installation car le mélange de sulfure de carbone est très inflammable.

Les bibliophiles se lèvent pour applaudir, tapent sur leur bureau et le Président demande une interruption de séance…

Votre dévoué. Philippe Gandillet

NANSOUTY (Max de) Petites causeries d'un Ingénieur. Paris, librairie Armand Colin, 1911. Broché in-8 de 152pp avec 80 gravures. Nombreuses vignettes et culs de lampes façon art-déco. Prix indiqué plus haut. Vendu

samedi 28 novembre 2009

La devanture de Noël


Chose promise, chose due.


Voici quelques photographies de ma devanture de Noël.

Ce week-end est traditionnellement riche en passage puisque nous avons un très beau et très renommé marché aux santons qui draine le chaland.


Le résultat pour ce samedi n'a pas été mauvais (litote de commerçant). Demain sera plus calme, on peut le penser. Notre ville est très animée en cette fin d'année, et c'est tant mieux, car le mois de décembre est souvent un mois où les librairies escomptent leur meilleur chiffre d'affaire de l'année.


Je ne sais encore si l'analogie peut se transposer aux librairies anciennes. Votre avis ?

Désolé pour le bruit mais le feu d'artifice fait un boucan du diable... Bonne fin de semaine. Pierre

vendredi 27 novembre 2009

Dos au phare, un éléphant ? Jules Verne bien sûr !



Dans le jargon des collectionneurs, il est des mots qui font mouche… Un éléphant ou deux éléphants vous transportent tout de suite dans l'univers magique de la fameuse collection des "Jules Vernes" riche de 64 volumes. Ce billet est aussi l'occasion de rendre un hommage respectueux à Philppe Jauzac, brutalement décédé ce mois ci et dont l'ouvrage "Jules Verne, Hetzel et les Cartonnages illustrés" paru aux Editions de l'Amateur en 2006 est devenu une référence chez les Hetzelophiles et les Vernophiles.



En 1863 paraît chez l'éditeur Hetzel le premier roman, Cinq semaines en ballon, de Jules Vernes qui connaît un immense succès, au-delà des frontières françaises. Lié à l'éditeur par un contrat de 20 ans, ce dernier travaillera en fait pendant quarante ans à ses Voyages extraordinaires qui paraîtront pour une part d'abord dans le Magasin d'éducation et de récréation destiné à la jeunesse. Richement documentés, les romans de Jules Verne se situent aussi bien dans le présent technologique de la deuxième moitié du XIXe siècle (Les Enfants du capitaine Grant (1868), Le Tour du monde en quatre-vingts jours (1873), Michel Strogoff (1876), L'Étoile du sud (1884) ...) que dans un monde imaginaire (De la Terre à la Lune (1865), Vingt mille lieues sous les mers (1870), Robur le conquérant (1886)...)

L'homme était plutôt légitimiste, raciste et antisémite comme il était de bon ton dans la bourgeoisie de la fin du 19eme siècle mais on ne peut lui reprocher comme certains l'ont fait, d'avoir été prosélyte. Un brave bourgeois, en, somme. En 1886, le neveu de Jules Verne, Gaston, venu semble-t-il lui demander de l'argent, tire deux balles de revolver sur l'écrivain, qui le blessent aux jambes et lui causeront une claudication définitive. La vie d'un homme illustre n'est pas un long fleuve tranquille…


Il n'est pas très difficile de se procurer des exemplaires de cette collection, par contre il est beaucoup plus difficile de trouver des exemplaires en très bon état à la vente (cahiers, couvrure, page de garde, tranche dorée, etc) et à un prix raisonnable. Je parle du prix d'achat pour un revendeur évidemment. La collection que je présente aujourd'hui est celle avec "Voyages Extraordinaires" dans l'éventail, dont je vous fournis la liste : Voyages et aventures du Capitaine Hatteras - Bourses de voyage - Un capitaine de 15 ans - Cinq semaines en ballon / Voyage au centre de la terre (Hachette) - César Cascabel - Claudius Bombarnac / Le château des Carpathes - De la Terre à la Lune / Autour de la Lune - Deux ans de vacances - L'école des robinsons / Le rayon vert - Les enfants du capitaine Grant (Hachette) - L'étoile du Sud / L'archipel en feu - L'étonnante aventure de la mission Barsac - Face au drapeau / Clovis Dardentor - Famille sans nom - Les frères Kip - Hector Servadac - L'île à hélice - L'île mystérieuse (Hachette) - Les Indes noires / Le Chancellor - La Jangada - Kéraban-le-têtu - La maison à vapeur - Maître du monde / Un drame en Livonie - Mathias Sandorf (Hachette) - Michel Strogoff (Hachette) - Les mirifiques aventures de Maître Antifer - Mistress Branican - Nord contre Sud - Le pays des fourrures - P'tit bonhomme - Robur le conquérant / Un billet de loterie - Sans dessus-dessous / Le chemin de France - Seconde patrie - Le sphinx des glaces - Le superbe Orénoque - Le testament d'un excentrique -Le Docteur Ox / Le tour du monde en 80 jours (Hachette) - Les tribulations d'un chinois en Chine / Les 500 millions de la Begum - Le village aérien / Les histoires de Jean-Marie Cabidoulin - Une ville flottante / Aventure de 3 russes et de 3 anglais - Vingt mille lieues sous les mers (Hachette) - Le volcan d'or



Parce que je ne suis pas un spécialiste, parce que je n'aime pas passer trop de temps à la parfaite adéquation entre le prix d'achat, le prix de vente, le bénéfice escompté et l'age du capitaine, je vends ces exemplaires en parfait état entre 60 € et 120 € le volume, prix auquel il faut ajouter les frais de port. Vendu

mercredi 25 novembre 2009

Alphonse Lemerre. Un éditeur au format pro forma.


Il est des formats qui vous rappellent aussitôt le nom de l'éditeur ; aujourd'hui, un ouvrage imprimé par Acte Sud ; hier, un ouvrage imprimé par Cazin. Avec de nombreuses exceptions qui ravissent les bibliographes, bien sûr…


Alphonse Lemerre (1838,1912) est un éditeur français du XIXe siècle qui a su donner une âme à ses livres grâce à une présentation élégante et caractéristique. Bien implanté dans son temps, il s'est, de plus, entouré d'écrivains brillants de son époque parmi lesquels figuraient "les auteurs du Parnasse" mais il a su choisir aussi quelques "classiques" de qualité.

Il vient à Paris en 1860 et gravit rapidement les échelons, devenant le "Prince de l'édition" en rendant célèbre la marque du bêcheur avec la devise « Fac et spera » (« Agis et espère »). En 1865, il commence à éditer les poètes parnassiens parmi lesquels Leconte de L'Isle, François Coppée et Sully Prud'homme que je conseille pour les nuits sans sommeil.

Il crée ensuite de nombreuses collections : la collection Lemerre proprement dite comprend les chefs-d’œuvre de la littérature française contemporaine (Anatole France, Paul Bourget, Abel Hermant, etc), la Petite Bibliothèque littéraire, la Bibliothèque des curieux, la Bibliothèque illustrée, la Bibliothèque dramatique, la Petite collection pour la jeunesse, les poèmes nationaux, des livres d’enseignement, etc.


Maire de Ville d'Avray, républicain, anticlérical (encore un), Il était très attaché à sa Normandie natale. Il meurt à Paris en1912. Ses héritiers ferment sa maison d'édition en 1965. Dommage !

S'il fallait donner, en quelques mots, les caractéristiques des publications d' Alphonse Lemerre en faisant abstraction du texte, je dirais que ce sont de charmants petits in-12, au papier épais de bonne qualité et souvent exempts de rousseurs. Des vignettes raffinées sont régulièrement imprimées en début de paragraphe. Quand ils sont brochés, leurs dos sont fragiles et se fendillent quelquefois. Quand ils sont recouverts d'une reliure éditeur, il s'agit souvent de reliure en demi-chagrin ou demi basane à coin et de belle qualité. Les dos lisses sont ornés de motifs et les pièces de titre sont détaillées. La tranche supérieure est dorée. S'i fallait faire un seule reproche à ces éditions, je mentionnerais que la typographie est un peu petite pour mes yeux fatigués.


Je vous ai présenté, en photographie, un petit florilège d'ouvrages dans lesquels vous reconnaîtrez Misral et Daudet qui sont comme le fanal de ma librairie… (Tiens donc ? Il y a longtemps que je n'avais pas utilisé ce dernier mot…). Pierre

Pour éviter une énumération lassante des livres de cet éditeur, que je peux vous envoyer par ailleurs, sachez que je vends les ouvrages brochés de Lemerre entre de 10 et 25 € et les reliures en cuir entre 30 et 50 € frais de port non compris.

lundi 23 novembre 2009

Causerie du lundi de Philippe Gandillet. Contribution à l'estimation du prix d'un livre ancien. Oeuvres de Boileau.




Saperlipopette ! Pierre m'a laissé comme à son habitude les clefs de la librairie en début de semaine, m'a donné le livre à commenter mais il a oublié de m'indiquer le prix auquel il espérait vendre l'ouvrage !

Vous savez que je suis détaché des choses matérielles de ce monde. Vous allez donc m'aider, en l'absence de Pierre, à faire l'estimation de ces œuvres complètes d'un écrivain que je vais vous présenter maintenant mais que vous connaissez sûrement.

Né à Paris le 1er Novembre 1636, Nicolas Boileau ou Boileau-Despréaux s'illustra d'abord dans le genre satirique. A partir de 1669, cependant, il évolua et se mit alors à travailler à la composition d'un art poétique, inspiré d'Horace.

Ces années d'intense production littéraires furent récompensés: En 1677, Boileau reçut avec Racine la (très lucrative) charge honorifique d'historiographe du Roi puis, en 1684 il fut élu à l'Académie Française. Boileau devint également le chef de file des anciens dans la célèbre Querelle des Anciens et des Modernes qui l'opposa à Charles Perrault.

Il défendit âprement les écrivains de l'Antiquité qu'il considérait comme des modèles indépassables. Il publia son art poétique un an après la mort de Molière et à un moment où Racine avait déjà écrit la majorité de ses pièces. Cet ouvrage, le plus célèbre de Boileau, est une excellente description des principales mises en pratique des écrivains classiques. Le génie de Boileau réside, en effet, dans son oeuvre de critique et de théoricien. Justesse, clarté, naturel de l'expression, pureté de la langue et économie des moyens sont les principales valeurs esthétiques de ce classicisme.

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément
Pierre a cet ouvrage qu'il aimerait bien vous vendre
Mais il ne sait, en fait, vers quel prix il doit tendre…


Cela tombe bien. Je viens de trouver la facture d'achat - 90 € réglés par chèque le 07.07.2009 - Pierre a fait un "chopin" ce jour là mais d'autres achats au même endroit me semblent moins judicieux… Un jour, "oui", un jour, "non" dirait Pierre.

A ce propos, pensez-vous que c'est le prix à l'achat ou la qualité que vous reconnaissez à l'ouvrage qui détermine le prix de vente final espéré ? C'est peut-être un détail, mais y a-t-il en ces temps de transparence des coefficients de culbute qu'il ne faut pas dépasser sous peine d'être cloué au pilori de l'indignation bibliophile ? Conséquence, si l'ouvrage a par sa rareté ou sa qualité une valeur que vous supposez élevée, devez-vous vous astreindre, par pudeur, à un bénéfice contingenté ? Corollaire, Si vous estimez que l'ouvrage doit par ses qualités être estimé à un prix très supérieur à celui demandé par le 1er vendeur, considérez vous que la vente doit être annulée pour "dol" (défaut - dans ce cas excès - sur la qualité de la chose vendue) ou la morale sera-t-elle sauve si vous envoyez un chèque supplémentaire au 1er vendeur, l'affaire conclue ?


Mes questions sont un peu naïves, peut-être, mais vos réponses vont aider au repos de l'âme de Pierre dont les scrupules envahissent les nuits sans sommeil... Ils peuvent, par là même, valoriser une profession qui s'interroge et permettre de voir les libraires lutter à armes égales avec les commissaires-priseurs dont le désintéressement financier et l'intégrité morale font écoles.

Je ne suis pas pour la polémique (un peu tout de même si elle reste dans les limites de la courtoisie) mais je serais curieux de connaître le chiffre que vous auriez écrit sur la page de garde de ces livres s'ils vous appartenaient. Ces quatre volumes in 8 sont en pleine peau violine (veau), présentent des motifs dorés d'inspiration romantique sur leurs dos et des filets et motifs dorés sur les marges des contre-plats et les coupes de la couvrure. Les plats sont estampés de jolis motifs en relief et l'ensemble est en parfait état. Les 3 tranches sont dorées et les cahiers présentent des taches de rousseur modérées. Les gravures sont assez nombreuses mais leur nombre est différent selon les volumes. Il y a un joli frontispice représentant l'auteur au tome I. Pour information, il vous en coûterait plus de 250 € chaque volume à relier de cette façon, aujourd'hui.


Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,
Polissez-le sans cesse, et le repolissez,
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.
Vous obtiendrez ainsi sans l'avoir demandé
Le prix tant espéré si vous l'aviez acheté.

Je fournis à la demande générale une photographie de l'ex-libris qui indique la provenance d'origine. Au 14 février 2011, ils sont proposés 300 € à la boutique


Répondez si vous l'osez. Votre dévoué. Philippe Gandillet


samedi 21 novembre 2009

Les homélies de Saint Jean Chrysotome dans une jolie reliure Bâloise de 1614. Un objet de légitime fierté pour le vendeur…


L'ouvrage que je vous présente aujourd'hui vaut, bien sûr, pour sa reliure.

Je vous propose d'en découvrir un peu de son contenu et de la façon dont on pouvait présenter les textes au 17eme siècle.

Tout d'abord, voyons pour l'auteur ou plutôt les auteurs car vous découvrirez à l'étude que les textes qui sont des homélies ou des commentaires de Saint Jean Chrysostome sur les quatre évangiles sont complétés par des éclaircissements d'auteurs inconnus (c'est écrit dans les pages de titre et dans les deux tables des matières, d'ailleurs très claires).

A ce propos, je rappelle mais tout le monde le sait peut-être, que St Jean Chrysostome écrivait en Grec (en quoi parlait-il avec ses proches, je ne sais), que les textes ont été traduits en latin pour l'occasion mais que l'édition n'indique pas de quand datent ces nombreuses traductions ce qui explique la mention surprenante d'auteurs inconnus…


"Le quatrième siècle de l'ère chrétienne s'était ouvert, sous les plus heureux auspices. Non seulement le souffle des persécutions était tombé, mais la croix triomphante brillait dans les airs, et le grand Constantin, vainqueur du tyran Maxence, était assis sur le trône des Césars. Sous ses yeux, et même par ses soins, des églises magnifiques, de vastes basiliques s'élevaient de toutes parts; les saints mystères, les fêtes chrétiennes étaient célébrées publiquement; le repos du dimanche était décrété, et les biens, patrimoine des pauvres, restitués aux églises; les opérations magiques, l'oppression des femmes, des enfants et des esclaves, les honteux mystères du paganisme étaient réprimés, et les évêques, environnés de respect, et de faveurs, pouvaient enfin se réunir en concile et s'occuper publiquement des intérêts de la société chrétienne. Tout faisait espérer pour l'Eglise de Dieu de longues années de paix et de prospérité… Il n'en fut pas ainsi très longtemps et la vie de St Jean Chrysostome va nous compter le parcours difficile qu'a mené ce Docteur de L'église catholique pour faire triompher sa foi. (l'entrée en matière est un peu longue mais nous avons quand-même affaire avec un Saint reconnu par les trois églises Catholique, Orthodoxe et Copte, excusez du peu…)

Ce grand Docteur, que la force et les grâces de son éloquence firent surnommer Chrysostome, Chrystostome, Theostome, Bouche d'Or, Bouche du Christ, Bouche de Dieu, naquit dans la cité d'Antioche, capitale de la Syrie et de tout l'Orient, vers l'an 344 selon les uns, et selon les autres en 347 de l'ère chrétienne. Quoique de race plébéienne, sa famille cependant tenait un des plus hauts rangs dans Antioche et dans l'Empire. Anthuse, mère de Chrysostome se distinguait par les bonnes qualités de l'esprit et du cœur, mais surtout par une foi vive, une charité généreuse et une admirable piété... Vous trouverez la suite dans n'importe quel dictionnaire ecclésiastique (Calmet) mais le "Moreri" n'est pas mal, non plus."


L'ouvrage que je présente à la vente est complet en lui-même puisqu'il comprend deux tomes associés à la même reliure dans lesquels on trouve dans le tome II, les commentaires sur St Matthieu, St Marc et St Luc et dans le tome III, les homélies sur St Jean et encore d'autres sur les actes des apôtres qui rapportent les grandes activités missionnaires des apôtres sous la direction de Pierre immédiatement après la mort et la résurrection du Christ et des commentaires sur les voyages et de l'œuvre missionnaire de l'apôtre Paul. D'autres personnages, Barnabé, Jacques et Luc et d'autres événements sont évoqués mais je vous renvoie à la table des matières parfaitement établie.

Un point de détail cependant : La pagination est faite en fonction du nombre de colonnes et non du nombre de pages. Les titres des chapitres sont imprimés dans des formats différents qui ne répondent à aucune règle si ce n'est de rentrer dans la colonne ou avant la fin de la page. L'imprimeur a eu recours à des abréviations inconnues du "Gaffiot" et certains textes traduits par "Philipp Montanum ?" ont été tirés d'un exemplaire extrêmement vieux… (c'est écrit dans le texte)


C'est un ouvrage qui avant d'être lu et assimilé peut prendre la moitié d'une vie… On peut donc considérer que c'est un bon investissement.

Si le texte seul vous intéresse, vous pouvez ne pas m'acheter cet ouvrage et taper "jésusmarie.com" sur votre clavier pour profiter de l'instruction de ce Docteur de l'Eglise en français dans le texte. Pierre

JEAN CHRYSOSTOME (Saint). Sancti Joannis Chrysostomi, archiepiscopi Constantinopolitani, opera omnia… Paris, 1614, format in folio, mention de provenance, reliure baloise en peau de truie estampée. Bel exemplaire. Prix sur demande, ouvrage en dépôt.

jeudi 19 novembre 2009

Saviez-vous que le créateur de la "Bûche de Noël" s'appelait Monsieur Pierre Lacam ?

Il arrive quelquefois, quand on vend en boutique, qu'un client décidé entre en nous demandant si l'on possède tel ouvrage et si l'on a la chance de répondre par l'affirmative de s'entendre dire, alors : " Moi aussi, je l'ai !". J'essaie, dans ces moments, de ne pas perdre contenance. Je me remémore les sales blagues des garnements qui ont accompagné mes classes primaires et qui après avoir demandé à notre brave boulanger de village s'il avait du pain rassis, lui rétorquaient : "Bien fait pour vous !".


Aussi, quand un jeune homme m'a demandé dernièrement "Avez-vous le "Lacam ?", j'ai été surpris qu'il ajoute " Parce que c'était mon aïeul ". Pierre Lacam, pâtissier et glacier de son Altesse Sérénissime Monseigneur Charles III, Prince de Monaco est l'auteur de deux volumes recherchés sur cet art culinaire et est donc bien connu des gourmands de mon espèce.... J'appris alors, grâce à ce monsieur, que son fils Alfred avait repris le flambeau mais avec moins de notoriété, que Jean Lacam, son petit-fils avait été un archéologue reconnu, mais qu'à ma grande déception, aucun héritier n'avait suivi les traces de ce chef.

Michel Bras à Laguiole et le chef pâtissier de Ladurée, Philippe Andrieu, un ancien de chez Michel Bras, ont rendu dernièrement un vibrant hommage à Pierre Lacam dans un recueil de recettes où figuraient plusieurs méthodes de fabrication de macarons.

Les deux ouvrages de ce grand Pâtissier-Glacier, qu'il faut absolument acquérir ensembles à mon avis, vous donneront tout le protocole, toutes les astuces et toutes les solutions pour faire, cette année, votre propre " Bûche de Noël ".

Bonne dégustation. Pierre


LACAM, Pierre. Le Mémorial historique et géographique de la Pâtisserie, contenant 3000 recettes de Pâtisserie, Glaces et Liqueurs. Avec anecdotes et biographies des grands auteurs de la Gastronomie: Un portrait du Marquis de Cussy, un d’Antonio Carême, un de Grimod de la Reynière, celui de Jules Gouffé, deux lettres autographes de Carême 1830-1832, un portrait de Emile Bernard, A. Ozanne, E. Guerbois. Paris: Chez l'auteur, 1914 - 10ème édition, xi, [i], xxxii, 866p, portrait de l’auteur, figures dans le texte et 3ff hors texte en fac similé (lettres de Carême). Reliure d’époque en demi-chagrin fauve, dos à nerfs orné, plats percaline rouge; quelques traces d’humidité sur le plat supérieur, coiffe noircie, mors frottés et départ de fente à l’extrémité du mors supérieur, néanmoins solide et en bon état intérieur. Né à Sarlat en 1836, Pierre Lacam fut pâtissier glacier auprès de Charles III de Monaco et reçut maints diplômes d’honneur qu’il n’hésite pas à faire partager au lecteur, mais fournit aussi d’intéressants portraits et biographies des grands pâtissiers de son époque. Parmi les centaines de recettes que renferment cet ouvrage, on citera la "caresse d’estomac", boisson composée de jaune d’œuf, de glace pilée, de sucre, de fine champagne et de noix de muscade, et les "saucisses sur le gril", pâtisserie composée de génoise, de bandes de nougat et de pâte d’amande au chocolat. Un grand classique de la pâtisserie, destiné aux professionnels. Vendu


LACAM, Pierre Le mémorial des glaces Paris: Chez l'auteur, 1911. Demi basane fauve en bon état. In 8 , dos à quatre nerfs avec titres et motifs dorés , portrait de l ' auteur en frontispice , le mémorial des glaces fait suite au mémorial de la pâtisserie , il renferme 3000 recettes , glaces , confitures , boissons , entremets , confitures , conserves de fruits , biscuiterie , confiserie etc , 3eme édition , quatrième mille , revue et augmentée , 911 pages , quelques illustrations in texte , très bel exemplaire. Vendu

mercredi 18 novembre 2009

Hommage à Sacha Guitry


Je suis un inconditionnel de Sacha Guitry.

J'aime son détachement feint, son humour caustique, ses pièces, ses bons mots, ses conférences et tous les livres qui ont été écrits sur lui…

A un ami âgé et diminué par une audition insuffisante qui le rend aigri (disons le mot, sourd comme un pot !), je conseille systématiquement un passage tiré de "Mon père avait raison" où son énumérés tous les avantages d'un tel handicap. Un régal qui donne le moral et relativise cette infirmité lorsqu'elle est partielle.

A un ami ayant pris en grippe toutes les femmes mais n'osant avouer qu'il les aime encore, je conseille "Le mari, la femme et l'amant". Avec Arditi dans le rôle de l'amant, le plaisir est décuplé.

Et puis "Faisons un rêve" : Ahhh, les monologues de "Faisons un rêve" ! Des diamants taillés dans l'élégance et la dérision.

Je m'arrête là car je voudrais vous présenter un ouvrage qui n'a pas été écrit par lui mais dont son âme est chargée. Il s'agit d'un livre d'art publié sous la signature de Sacha Guitry en 1942 et dont je propose une réédition de 1951. Son titre " De Jeanne d'Arc à Philippe Pétain" est aussi celui d'un film projeté lors d'un gala à l'Opéra de Paris en mai 1944, et qui était destiné à tourner en province à seule fin de présenter aux libraires, marchands d'éditions rares et clients potentiels l'existence de l'édition de luxe du livre d'art éponyme, paru deux ans auparavant.


Dans une gravure sur bois présentant la bibliothèque de Sacha Guitry, j'ai trouvé beaucoup d'auteurs que j'aimais à différents titres. Anatole France, Huysmans, Renard, Bernardin de St Pierre, Alphonse Daudet, Mirbeau, Dumas Père, Sainte Beuve, Bourget, Barrès… Et vous ?


L'épuration, 60 jours de prison et une réhabilitation faite dans la douleur n'ont pas permis à cet ouvrage prônant l'identité nationale d'avoir le succès escompté par son instigateur.

Cette identité nationale semble, encore aujourd'hui, être un sujet de controverse.

Il n'est pas politiquement correct d'en parler. Dont acte. Alors, je me détends en lisant des pièces de Sacha Guitry… Pierre


GUITRY (Sacha). De 1422 à 1942. De Jeanne d'Arc à Philippe Pétain. C'est à dire 500 ans de l'histoire de la France, ouvrage conçu, composé et commenté par Sacha Guitry. Paris, Solar, 1951 ; in-4 , 400pp.- 8ff. Feuillets sous chemise dans un emboîtage d'éditeur avec un dos factice demi chagrin rouge. Richement illustré de reproductions en noir d'oeuvres originales de Bonnard, L. Boucher, Cami, Dignimont, V. Le Campion, Maillol, Utrillo. Gutry a composé ici un recueil de textes et d'images retraçant l'histoire littéraire, artistique et politique de la France, depuis le moment où l'idée "patriotique de la France " apparaît, jusqu'au moment où elle est mise de nouveau à l'épreuve. Les hommes politiques, écrivains, musiciens, scientifiques sont évoqués par des textes inédits d'auteurs contemporains : Pierre Benoit, G. Duhamel, J. Tharaud, P. Valéry, La Varende, Collette, Cocteau, Giraudoux et de citations anciennes, le tout plus ou moins commenté par Guitry. L'ouvrage compose une belle promenade littéraire dans le temps et sur les traces de nos "grands hommes" accompagnée par les hommages des écrivains du XXème siècle. 115 € port compris Vendu

BERNARD A. & FLOQUET C. Album Sacha Guitry. Ed. Henri Veyrier, 1983, 271 p., format : 21,5 x 28 cm, couverture glacée souple et illustée. Ouvrage d'une grande richesse iconographique. Etat excellent. 37 € port compris Vendu

lundi 16 novembre 2009

Causerie du lundi de Philippe Gandillet : La mégalanthropogénésie ou l’art de procréer de grands hommes.


- Mon pauvre René de Braine-le-Comte, je ne voudrais pas vous affoler mais je ne vous trouve pas une bonne mine, ce matin !

C'est en ces termes que j'ai interpellé un ami de Pierre alors qu'il entrait dans la boutique pendant que je rangeais quelques ouvrages, perché sur l'escabeau qui permet d'accéder aux rayonnages les plus hauts de la librairie (En fait, j'ai simplement dit "Mon pauvre René" mais je sais qu'il sera heureux, en l'ayant désigné nommément dans cette causerie, de pouvoir jouir auprès de ses amis d'une fugace popularité qui lui fera du bien, d'autant qu'il n'avait pas bonne mine ce matin, mais je l'ai déjà dit).

- Vous savez, cher Monsieur Gandillet, que je suis un brave type mais je n'aime pas qu'on se foute de moi ! Il se trouve que j'ai trouvé dans un ouvrage de Louis-Joseph-Marie Robert (dit Robert Le Jeune), dénommé "La mégalanthropogénésie", éditée en 1801, la solution évidente à tous les problèmes de notre société. J'ai donc envoyé un courrier à Monsieur le Maire, lui expliquant la façon de procéder pour réaliser, dans un premier temps, l'expérience sur notre bonne ville de Tarascon.
- Bien. Et alors ?
- Alors ? Ils m'ont ri au nez !

Fortement intrigué par cette solution miracle, je suis descendu de trois marches pour qu'il m'explique sa méthode. Puisque nous avons quelques instants de pause pendant que Philippe Gandillet descend les marches, je voudrais préciser aux lecteurs qui s'en inquiètent que si le style de Philippe Gandillet est un peu verbeux, c'est parce que ce dernier étant payé à la ligne, il délaye quelquefois et je continue ma causerie car je crois qu'il est maintenant descendu de l'escabeau…

Le terme mégalanthropogénésie est formé des racines grecques « grand », « homme » et « procréation » et c'est donc l’art de procréer de grands hommes, si vous voulez... Elle se distingue de la Callipédie qui est l'art et la manière de faire des enfants beaux et sains, mais ça vous l'aviez déjà mentionné dans votre dictionnaire des mots oubliés. Son but est de créer des hommes de génie par des "mariages mégalanthropogéniques"... Mariez un homme d’esprit avec une femme d’esprit, et vous aurez des hommes de génie ! C'est évident, non ? En adoptant le plan que propose l'auteur du livre, l’humanité et les sciences n'auront plus à gémir de la perte de tant d’hommes célèbres qui ont illustré et illustrent la patrie, n'est-ce pas ? Le système de la Mégalanthropogénésie une fois expérimenté et prouvé sur Tarascon, il suffira que le gouvernement invite tous les hommes d’un talent supérieur, à n’épouser que des femmes dont l’esprit sera cultivé, leur promettant une éducation nationale et gratuite pour leurs enfants. Il y aura donc deux grands collèges nationaux, l’un féminin, l’autre masculin, consacrés uniquement à l’éducation de ces grands hommes choisis par le gouvernement. Chaque année, les élèves qui se seront le plus distingués seront récompensés par un mariage mégalanthropogénique unissant entre eux des jeunes gens sélectionnés. Voilà quelle était la solution miracle à tous nos problèmes. Je vous l'avoue, me dit-il, j'étais même prêt à faire don de ma semence à la commune. Quels imbéciles !!

René de Braine-le-Comte quitta précipitamment la librairie. En d'autres conditions, je l'aurais retenu. Mais là… L'idée était séduisante. Elle est couramment pratiquée sur les végétaux et les animaux, vous dirait Pierre, sans que personne ne vienne à y redire. La théorie de l'eugénisme appliqué à l'humain a malheureusement conduit par le passé à des comportements condamnables car il est, malgré tout, difficile de déterminer quels sont les critères qui font que, de votre vivant, on puisse assurer que vous êtes un esprit ou un talent supérieur. Une exception à cette règle a cependant été expérimentée, dans le plus grand secret, au tout début du 20eme siècle par deux grands esprits de l'époque.



La vie de Marcelline Curoust, issue de l'union platonique de Marie Curie et de Marcel Proust mérite pourtant qu'on s'y attarde. Marcelline est née le 12 mars 1904. Elle n'a pas connu ses géniteurs et sa mère, même, était absente le jour de sa naissance (sic). Elevée par des précepteurs rétribués par le gouvernement, elle a développé rapidement des dons exceptionnels, à la fois pour l'écriture et la Physique-Chimie. Elle aurait pu espérer un brillant avenir mais à 20 ans, elle est tombée folle amoureuse de mon grand-père qui était épicier en province. Ils ont vécu heureux et sans histoire. Il aura fallu attendre encore deux générations pour que tout le potentiel intellectuel qui sommeillait chez ma grand-mère fasse enfin surface… Je soumets à votre bon cœur deux biographies de mes trisaïeuls. Votre dévoué. Philippe Gandillet




- CURIE (Eve). Madame Curie. Paris. Gallimard. NRF, in-8 broché, 1939, photo en frontispice, 313pp, excellent état et belle évocation par un proche. 12€


- PIERRE-QUINT (Léon). Marcel Proust. Sa vie, son œuvre. Nouvelle édition augmentée de plusieurs études. Marseille. Les documentaires. Ed sagittaire. 1942, 446pp. Excellente biographie bien étayée. 12 €

samedi 14 novembre 2009

Un bel exemple de callitypographie.


Bon ! Dans un premier temps, rappelons ce qu'est la callitypographie : C'est l'imitation de l'écriture manuscrite dans les imprimés anciens.

La technique parait simpliste à nous qui utilisons nos claviers pour remplacer nos pattes de mouches par une belle présentation italique à l'anglaise. Elle était, par contre, d'une mise en œuvre complexe au début de l'imprimerie car l'écriture cursive qui simule l'écriture à la plume, étant faite de chevauchements et d'irrégularités, elle était incompatible avec une écriture typographique par essence discontinue (caractères mobiles).


J'utiliserai pour vous présenter cet ouvrage un article tiré de la "N.R.L.A" , la nouvelle revue des livres anciens, signé par Rémi Jimenes (alias "Gonzalo" sur les sites bibliophiles, je crois).

L'ouvrage que je vous présente, parmi tous les procédés utilisés pour reproduire l'écriture à la plume, a ceci d'original qu'il utilise le principe de la calligraphie gravée. Si au 15eme siècle la gravure a d'abord été faite sur bois, dès la seconde moitié du 16eme siècle, c'est la gravure en taille douce sur cuivre qui a été utilisée. La plaque de métal tendre, facilement accrochée par le burin permettait au calligraphe d'écrire avec une certaine aisance et avec une belle finesse de trait que n'autorisait pas le bois.


La calligraphie gravée en taille douce nécessite cependant des compétences particulières. Outre le fait qu'il ne travaille pas sur son support habituel, le calligraphe doit écrire dans le sens contraire à la direction ordinaire de l'écriture. Les lignes se gravent de droite à gauche et la main qui tire habituellement la plume doit ici pousser le burin ! Ce spécialiste "callitypographe" sera d'ailleurs également précieux quand il faudra prévoir des légendes sous les gravures des atlas ou dans les cartes géographiques des ouvrages de l'époque.

Mais pour les typographes, cette technique n'est pas la solution idéale parce quelle nécessite des compétences et des matériels particuliers et qu'à cette époque les corporations des "typographes" et des "taille-douciers" étaient concurrentes… Rémi Jimenez, dans son article, précise qu'en dehors de quelques cas, les tentatives pour reproduire l'écriture cursive par la callitypographie ont été décevantes.

L'exemplaire que je vous présente semble être une exception… Pierre


J'en profite pour vous informer que le deuxième numéro de la "N.R.L.A" sera bientôt sous presse. Je le sais car j'ai fait insérer un petit encart publicitaire pour ma librairie en page intérieure de cette excellente publication à l'attention des bibliophiles. L'amour des livres, seul, peut expliquer l'investissement que cette revue doit coûter. Encore bravo aux rédacteurs, aux initiateurs et aux lecteurs qui la font vivre !

JANIN (Jules). L'Amour des Livres. Brie-Comte-Robert, les Bibliolâtres de France, 1937 ; plaquette brochée in-4 étroit de 42 pages et 8 planches h.t, couverture illustrée d'une vignette. Exemplaire commun sur pur chiffon, après les tirages de tête. Première réédition de ce livre très rare initialement tiré à 204 ex. en 1866. Une initiation à la grande bibliophilie par l'anecdote et par l'image. 37 € port compris

jeudi 12 novembre 2009

Itinéraire d'un libraire gâté.


Philippe Gandillet reçoit du courrier, certes. Mais moi aussi !

Aimée m'envoie un gentil email dans lequel elle me demande quelques conseils pour une possible reconversion dans ce métier. Avec son accord, je vous fournis son message et la réponse que je lui ai faite (toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé serait le résultat d'une pure coïncidence).


"Bonsoir Pierre,

Juste un mot pour vous dire que je viens de rejoindre votre blogue, je vous ai suivi depuis le Blogue du Bibliophile.

J'espère que votre librairie se porte bien, je vous souhaite tout le succès possible. Vous êtes pour moi un "exemple" car je rêve d'ouvrir et je pense ouvrir une librairie "d'anciens" dans une ville de province un jour prochain. Aussi j'ose vous écrire et vous demander conseil... Comment avez-vous constitué votre stock? Avez-vous racheté un fonds ou bien l'avez-vous crée de toutes pièces ? Si un beau jour je deviens libraire, j'aimerais proposer plein de choses autour du livre : Débat, conférence, discussion, découverte, rencontre...Avez-vous eu l'occasion d'explorer ces voies ? Je suis Parisienne mais en mal de calme, d'apaisement, de rythme différent que seule la province sait nous offrir. C'est pourquoi je projette tranquillement de m'expatrier et de vivre de mon amour des livres.

J'espère ne pas vous avoir pris trop de votre temps, un grand merci pour m'avoir montré que l'on peut vivre de ce que l'on aime. Aimée"


Chère Aimée,

Il existe de nombreux itinéraires pour arriver devant la porte de votre librairie ancienne… Je les énumère rapidement :

- Recommandé par une "Conseillère d'Orientation de Lycée" : Bac + 4 + chance.
- Le plus rapide : Merci Papa !
- Le plus court : Gagner au Loto
- Itinéraire Economique : Hériter d'un oncle bibliophile.
- Itinéraire Piéton : Acheter à Emmaüs ou dans les vide-greniers
- Itinéraire Vélo : Acheter sur les brocantes et chez les bouquineurs

Je vous propose l'itinéraire "Découverte" que j'ai suivi. Tout d'abord, un secret : Le commerce de livres anciens est passionnant ! J'ai beaucoup aimé le précédent métier que j'ai exercé pendant trente ans. J'espère vivre la même chose pour les trente prochaines années avec ce dernier. Après, on verra !

J'ai été un lecteur pendant longtemps (je le suis encore mais différemment) donc je possédais une bibliothèque conséquente. La bibliophilie m'est tombée dessus sur le tard car avec quatre enfants, il y avait d'autres priorités que de s'offrir de jolis ouvrages. Disons que cela est venu progressivement avec des périodes différentes (littérature fin 19eme, percalines, cuirs, voyages, spiritualité, etc ; je crois avoir ratissé large car je suis curieux de nature). En fait, j'avais un petit côté bibliomane qui m'a poussé tout doucement à envisager d'en faire un métier. Mais il m'a fallu beaucoup travailler (livres, sites, revues, formation) pour acquérir un vernis suffisant.

Une opportunité a fait le reste. Mon assistant (compétent et en qui j'avais pleine confiance) cherchait à s'associer. J'ai préparé ma sortie sur 3 ans en achetant tranquillement des ouvrages qui correspondaient à ce que j'imaginais être une librairie ancienne.

J'étais bien implanté sur ma ville. J'ai acheté assez facilement des lots importants et peu onéreux lors de successions ou grâce à des propositions d'amis. J'ai acheté en salle des ventes et sur des brocantes. J'ai acheté sur Ebay (un peu) et j'ai surtout continué à acheter chez des bouquinistes que je connaissais bien depuis pas mal de temps. C'est eux (et en particulier un) à qui je dois mon initiation. Elle a été cahoteuse ; l'apprentissage n'est pas un long fleuve tranquille ; et a été faite d'essais-erreurs. Heureusement la chance sourit souvent aux débutants...

Je me suis donné deux ans pour vivre de ce metier. Je commence à avoir une clientèle de bibliophiles. Un peu de régionalisme, des amis, du tourisme (plus que je le pensais) et quelques restaurations de livres assurent le reste. Mon point fort est que je me suis installé au milieu de mes amis. Je ne m'ennuie jamais ! Et puis, le blogue, qui est une belle vitrine, m'amuse beaucoup. Voila en quelques mots ce que je peux dire de ma reconversion. Cordialement. Pierre


Voici un ouvrage qui peut être conseillé aux aspirants libraires.

NERET (Jean-Alexis) Histoire Illustrée de la Librairie et du Livre français. Paris, éditions Lamarre. 1953. In-4 broché. De l'incunable au début du XXeme siècle. Texte exhaustif sur l'Histoire de la Librairie, nombreuses reproductions ou dessins. 376 pages + index alphabétique + table des illustrations. Très bon état. 53 € port compris